Blois : Le duo Hay-Saumet bientôt au sommet

Un lieu d’hébergement et de restauration cinq étoiles va sortir de terre à “Fleur de Loire” dans un an, sous l’impulsion d’audacieux, le chef Christophe Hay et le maître d’ouvrage Yvan Saumet, avec le concours des architectes Henri-Brochard-Albertini. Le cuisinier doublement étoilé joue gros en quittant Montlivault, mais “la routine est mortelle” contrairement à l’aventure, comme l’écrivait Paulo Coelho.

Révélée en grandes pompes les pieds dans la neige sur le chantier le 10 février à Blois puis sur les réseaux sociaux en vidéo dans les pierres du château royal de Blois, la nouvelle était secrètement gardée depuis des mois, même si ledit projet ne s’est pas élancé hier. Pour preuves : le dossier de la transformation de l’ancienne maison de retraite Gaston d’Orléans, en Vienne, sur le quai Villebois-Mareuil, est sur l’ouvrage depuis trois ans, initié par Yvan Saumet, ancien directeur de la polyclinique de Blois, actuel président de la Chambre de commerce et d’industrie de Loir-et-Cher (CCI 41), qui troque ici sa casquette de responsabilités et d’élu pour celle de maître d’ouvrage-propriétaire (Immobilière 2020) en partant d’un constat vieux de 19 ans. “Lors de mon retour en Loir-et-Cher et sur Blois, j’ai été étonné de l’absence d’hôtel haut de gamme dans le secteur. Trois seulement sont dénombrés en Centre-Val de Loire (cinq étoiles) : le château d’Artigny à Montbazon, le château d’Argeville au nord de Pithiviers et l’auberge des Templiers au sud de Montargis ; 422 sur toute la France,” a relaté l’entrepreneur Saumet. “Pour les quatre étoiles, toujours dans notre région, on compte 62 hôtels; 11 en Loir-et-Cher dont le dernier en date, depuis septembre 2020, n’est autre que les Sources de Cheverny (Caudalie). J’ai mis l’idée de côté et pendant 12 ans, j’ai songé que d’autres la concrétiseraient. Et puis, rien finalement ne s’est passé ! Il y a quatre ans, je me suis dit qu’il faudrait que je le fasse si personne ne le faisait…” Et en réalité, c’est ce qui est en train d’arriver : en mai-juin 2022, l’ensemble touristico-culinaire “Fleur de Loire” sera sorti de terre et accueillera ses premiers clients. Un permis de construire a été obtenu en août 2019 et le site désiré a été acquis auprès du centre hospitalier de Blois en décembre 2020 ; l’investissement immobilier (hors équipement et décoration intérieure) pèse
15 500 000€. Les travaux d’envergure entrepris dans le quartier Blois-Vienne, face au fleuve royal classé au patrimoine mondial de l’Unesco, vont débuter en mars 2021 (le désamiantage a lui déjà débuté) pour s’achever en mars 2022, grâce à des entreprises locales (Demantech à Naveil, Lasnier à Blois, etc.), sous l’œil avisé de l’agence blésoise d’architecture LAAAB (Patrice Brochard et Mathieu Albertini, avec Christian Henri) qui a notamment dû jouer d’ingéniosité pour réagencer les escaliers d’origine afin de permettre à chacune des 44 chambres prévues (dont 11 suites; tarif de départ oscillant entre 200€ et 300€ la nuit) de contempler la Loire ! Unique et incomparable, c’est confirmé.

Cerise de chef étoilé sur le gâteau
Oui, parce que revenons au début : ce complexe haut de gamme esquissé, qui donc a jadis abrité un EHPAD en Blois-Vienne selon le terme moderne consacré, près de l’aître Saint-Saturnin, va totalement changer le visage de l’endroit en proposant l’année prochaine en son sein, de l’inédit et de l’unicité soignés et sophistiqués qui mériteront le déplacement, c’est-à-dire un hôtel cinq étoiles (au deuxième étage), un restaurant gastronomique (au premier étage; 35-40 couverts), un bistrot moderne raffiné (dans un bâtiment spécialement conçu; de 50 à 80 couverts avec la terrasse), un spa premium (doté d’a priori un jacuzzi et 5 salles de soins, qui jouera la carte locale avec non pas Caudalie ici mais les cosmétiques Sisley s’il-vous-plaît, entreprise de la Cosmetic Valley, fondée par la famille d’Ornano, avec une usine de production sise dans le Blaisois), une pâtisserie aux desserts signatures pointus et éphémères (à déguster alors sans hésiter le moment venu, pour ne pas en louper une miette, sur place ou à emporter), sans compter un bar, un parking derrière le bistrot et des salles de réunions. Et si l’information était si bien demeurée à l’abri des curieux et du bouche-à-oreille, c’est tout bonnement car a été disposée il y a six mois dans la confidentialité une cerise de taille sur le gâteau en train d’être monté (et il faut le concéder, là réside le talent entrepreneurial d’Yvan Saumet) : un chef doublement étoilé ! Christophe Hay et son épouse Emmanuelle (« La maison d’à côté », à Montlivault, dans le Loir-et-Cher, et « La table d’à côté », à Ardon, près d’Orléans) recevront au printemps 2022, en compagnie de leurs deux filles, les clés du vaisseau aux multiples voiles. Le cuisinier renommé et médiatisé (en 2020, il fut membre du jury dans la fameuse émission de M6, Top Chef ( saison 11, épisode 6), et a tourné un clip avec la superstar du ballon rond du PSG, Kylian Mbappé, pour la marque de petits plats bébés-goûters enfants “Good Goût”) joue gros puisque revers de la médaille offerte sur un plateau, il doit quitter son berceau, Montlivault. “Fleur de Loire” sera dans la continuité de ce qu’on m’a donné et de ce que j’ai réalisé à Montlivault, cette maison sur la route de Chambord qui m’a vu évoluer,” a confié le chef Hay, ajoutant sans doute pour couper le sifflet aux mauvais esprits. “Je n’oublie pas cette commune et ses élus, je ne les abandonne pas ! Je suis en train de trouver un repreneur et je serai dans ces murs jusqu’au mois de mars 2022. Le lieu devenait serré et ce métier est une perpétuelle ascension. Nous sommes 32 en ce moment à Montlivault, nous serons 75 salariés à Blois l’an prochain avec des profils de taille repérés à Paris et ailleurs. C’est de plus un enjeu économique : mes deux étoiles ne suivront pas à Blois, ce n’est pas automatique, j’emporterai la plaque quand même (Rires) ! Et je recommence tout à zéro. Les guides Michelin et Gault&Millault, qui sortent en début d’année, sont au courant. Un nouveau départ mais je compte garder ce lien avec le local et ses richesses jusque dans l’assiette; les poissons d’eau douce de Sylvain Arnoult par exemple et j’envisage de créer un verger à proximité.” Christophe Hay se jette donc à l’eau avec Yvan Saumet et l’agence LAAAB, dans une embarcation ligérienne de qualité ! Laquelle en ces temps covidés, offre une saine bouffée d’air et permet à toutes les bourses, tout au moins sur le papier, à nouveau de s’autoriser à rêver …

Émilie Rencien