Blois Radars, cambriolages, plateformes… Questions-réponses avec M. le préfet


François Pesneau, qui a pris ses fonctions en octobre 2021, apprécie les interviews à l’heure du petit-déjeuner. Ainsi, il convie régulièrement la presse locale pour des échanges sans tabous ni filtres, autour d’un café dans les murs de la préfecture. Petit résumé du dernier rendez-vous fin février sous les ors de la République.
L’élection présidentielle se déroulera les 10 et 24 avril, et le préfet de Loir-et-Cher entrera en période de réserve à la mi-mars (ce moment précédant le scrutin qui oblige les fonctionnaires de l’État à s’abstenir de participer à toute manifestation ou cérémonie publique de nature à présenter un caractère électoral). Avant donc qu’il n’y ait cette coupure de son et d’image momentanée, François Pesneau a répondu aux interrogations fournies au vu de l’actualité politique, mais pas que. Si la situation sanitaire liée à la pandémie Covid se détend et oblige à nouveau à fermer (Les Belleries à Vineuil par exemple) ou réorganiser certains centres de vaccination (diminution du nombre de jours à Romorantin, entre autres villes), d’autres dossiers d’importance lui succèdent et s’entremêlent. D’abord, les nombreux accidents de chasse, dans le Loir-et-Cher et dans le reste de l’Hexagone, qui interpellent. «J’ai rencontré le président de la fédération des chasseurs 41, Hubert-Louis Vuitton. Il va mener des actions auprès des chasseurs pour rappeler les règles de sécurité : tenues fluo, panneautage, angle de tir de 30°, ne pas tirer quand il y a hésitation ou doute.» Deuxième thème de préoccupation immédiate, la recrudescence des cambriolages, en particulier en Sologne, à Romorantin, qui tracasse. Une baisse avait été constatée en 2020 (les gens étaient chez eux et le virus a confiné les cambrioleurs aussi…) avant un nouvel accroissement. Le représentant de l’État se montre attentif au phénomène.”Lorsque ce sont des bandes de l’extérieur, hors du département, le travail pour les attraper est plus long, moins aisé. Il y a le préventif et le curatif. À Romorantin, la gendarmerie a créé un groupe spécial et va multiplier les patrouilles. Les gestes citoyens comptent en outre : si un voisin constate des mouvements dans une habitation censée être vide, il ne faut pas tomber dans la délation ni intervenir mais appeler le 17 et noter les plaques.”

Plateformes : revoir le logiciel de pensée
Aussi, côté manifestations, celle organisée à Mer le 20 février pour s’opposer à la bétonisation de la ruralité et l’essor des plateformes logistiques jugé galopant par les collectifs locaux mobilisés (À bas le béton; Vierzon nord, hangars et tout camion, c’est non !; La Loire vivra), a soulevé une vraie mobilisation. Le préfet Pesneau répond : »Il n’est pas possible d’interdire ce mode de développement car nous sommes tous des utilisateurs sans le vouloir, pour envoyer une lettre, acheter le dernier smartphone. Parmi ces manifestants qui dénoncent ce système, il y en a qui effectuent des commandes Web ! Je rappelle que les premières plateformes nées sont les centres de tris postaux. Si on fait le ratio entre création d’emplois et artificialisation des sols, il est faible. Les emplois créés sont faibles mais ça en crée quand même. Je ne dis pas que c’est la société qu’il faut, je ne suis pas non plus pour un tout plateformes mais on ne peut être contre. Qui aimerait voir St Michel partir du Controis pour la Tunisie? Non, il faut juste changer notre logiciel de pensée. Je travaille d’ailleurs sur le dossier pour accompagner le réemploi de friches industrielles, de lieux déjà existants, à la place de prendre des champs agricoles et de ré-artificialiser. Je pense au site de l’Afpa (centre de formations professionnelles) à Blois notamment qui va être rasé et repensé.”

Pour éviter PV et radars embarqués, respecter !
Autre question sur la sécurité routière cette fois : où en est-on des radars fixes et embarqués ? Si de nouveaux déploiements ne sont pas dans les cartons pour les premiers, les seconds ont fait pas mal râler les automobilistes, en Sologne particulièrement l’an dernier. “Les chiffres étaient bons en 2020, ce fut la meilleure année (Covid oblige…) mais le mois de janvier 2022 est catastrophique avec le retour de gros excès de vitesse et de comportements déviants. Je vais refaire des sorties sur le terrain pour sensibiliser. Il m’a été reproché pour les radars embarqués de les laisser toujours sur le même axe (les parcours sont définis pour chaque département avec les préfets, ndrl), alors j’ai regardé et ils sillonnent bien l’ensemble du 41, toutes les heures, toutes les routes. Quand on reçoit un PV à 81 kmh, c’est qu’on était déjà 10km au-dessus de la vitesse autorisée. Nous ne sommes pas derrière chaque poteau à guetter, mais au conducteur d’assumer. Je ne nie pas certaines difficultés, sur certaines routes, de panneautage mais c’est généralement indiqué : 50 en centre-bourg, 80 sur les départementales, sauf indication de 30 et de 90 km/h, etc. Le meilleur moyen pour éviter le PV et ne plus voir ces radars : respecter les limitations ! ” Enfin, pour revenir au préambule, à l’échéance électorale d’avril, une campagne de communication a été lancée par Matignon. La date limite pour s’inscrire sur les listes électorales étant passée, le préfet précise pour les citoyens que réaliser une procuration est un jeu d’enfant grâce à un processus en ligne sur maprocuration.gouv.fr. « Il suffit de remplir sur Internet un formulaire. Le site Web génère alors un code qu’il suffit de présenter au commissariat pour un besoin de contrôle d’identité. C’est rapide et simple. Et cela facilite également le travail des communes qui n’ont plus de vérifications à opérer.» Il conclut, cette fois à l’attention des candidat(e)s.
« L’élection présidentielle intéresse, il suffit de regarder le succès des émissions TV mais il est certain que l’abstention sera forte à nouveau. Ce n’est pas non plus le vote électronique qui renforcera la participation; les Français de l’étranger peuvent déjà voter à distance. Les élus parfois se cachent derrière cette abstention nationale. Or, ce n’est pas un problème de forme mais de fond.»

É. Rencien