Notre ami Vladimir


Le conflit en Ukraine est une saloperie comme le sont toutes les guerres ! Les petits en crèvent souvent et certains gros en vivent toujours… On peut en pleurer. Surtout en pleurer. On peut dénoncer et dire « quelle connerie la guerre » à la manière de Prévert et de son poème Barbara. On peut minauder à la manière d’une Miss France parce que « la guerre, c’est mal et que les enfants qui meurent c’est pas bien ». On peut dénoncer les uns, les autres aussi, et se convaincre que d’un côté existe le mal alors que, de l’autre, c’est forcément le bien. Certain de ne pas être du côté sombre de la Force, il faut.
Voilà quelques semaines, certains magazines, spécialisés dans l’information de castes, affirmaient au sujet des humains que «  L’avenir se joue avant deux ans ». Ils réduisaient drastiquement de plusieurs années le paradigme véhiculé dans les années 70 du siècle dernier. Ils allaient à l’encontre d’études plus récentes. Depuis, les psychologues ont rectifié le tir et estimé que l’humain était capable de faire des choix même après la puberté. Choisis ton camp camarade ont lancé les analystes des bacs à sable… Légitimement comprendre l’évolution d’une personne est ainsi susceptible d’éclairer nos lanternes quant à ses prises de position. De fait, on est en droit de se demander qu’est-ce qui a merdé avec Vladimir Poutine dans sa prime jeunesse. Se poser des questions quant aux premières années léningradesques, ou saintpétersbouresques c’est selon, de l’ami Bidasse de Moscou pourrait aider à la compréhension de ses récents faits et gestes. Si on nous disait que, dans le primaire, un petit Ukrainien a piqué, à Vlado, ses billes, surtout le gros calot celui qui chique tout, on n’en serait pas plus surpris que ça. Ou alors, c’est plus tard, quand il a voulu sortir avec la fille du voisin. Elle a du l’envoyer bouler. La famille venait de Kiev. Nataliya qu’elle s’appelait, la petite fille du voisin. Une version slave pour Nathalie qui, comme chacun le sait depuis que Bécaud l’a chantée, est une guide parfaite pour visiter la place Rouge même quand elle est vide. Voilà bien le genre de chose qui peut créer des traumatismes irréversibles chez un petit être aussi fragile que notre Vladimir. Peut être que Volodia – le petit nom de Poutine – a trop regardé Fort Alamo et qu’il se prend pour David Crocket même pas mort à la fin. De là à se comparer à John Wayne. Parce que, à quelque chose près, le Dombas ou la Crimée, des provinces qui ont fait sécession, c’est un peu son Texas à lui. Ou alors, un jour, il s’est fait battre dans le concours puéril de celui qui pisse le plus loin dans la neige. Maintenant il veut, encore et toujours, prouver le contraire. On esquisse un rire jaune mais c’est peut être une peccadille pas plus compliquée que celle là qui a vexé le dictateur de la futur Grande Russie retrouvée. Pendant ce temps là, les habitants de Kiev et des principales villes ukrainiennes meurent sous les tirs des missiles et des roquettes. Et ça c’est loin d’être une simple rigolade. Là-bas, les sirènes n’ont rien à voir avec celles d’Alexandrie. Elles hurlent des chants de morts. Et pas seulement le mercredi ou le dimanche comme dans nos villes et villages quand on vérifie que tout fonctionne bien. C’est vrai aussi qu’il vaut mieux les essayer les sirènes : les chars Russes en Ukraine c’est presque les chars Russes sur les Champs Elyssés. Les successeurs des défenseurs de la patrie qui les voyaient déjà défiler place de la Concorde en mai 1981 en sont persuadés. Et on ne vous raconte pas ce qu’il se passerait si Méluche devenait notre nouveau président en avril prochain…
En attendant ils sont plusieurs centaines de milliers de réfugiés – un blanc blond qui vient de l’Est du continent européen est un réfugié, un basané crépu qui vient de l’Est de l’Afrique est un migrant, faut pas se tromper- a fuir les opérations militaires.
Ouaip, il avait bien raison Prévert. « Quelle connerie la guerre ».

Fabrice Simoes