Blois : Roblès, Julie Ruocco l’emporte avec FURIES…


L’ombre sombre de la guerre menée en Ukraine par La Russie a-t-elle influencé les lectrices et lecteurs des différents comités de sélection du prix Emmanuel-Roblès 2022, avant la proclamation de la 32ème palme littéraire blésoise ? Le secret des délibérations ne le dévoilera jamais. Toujours est-il que, comme il ne restait que six écrivaines pour le sprint final, ce ne pouvait être qu’une lauréate.
Avec «Furies» (Actes Sud), la plus jeune des candidates, Julie Ruocco, qui s’est exprimée la dernière dans le tour d’une table ronde (rectangulaire en fait) dans l’hémicycle de La Halle aux grains de Blois, en présence d’une salle au tiers inoccupée encore par respect des barrières sanitaires, avec une assistance très féminine, emmènera ses prochains lecteurs en Syrie. Là cohabite, dans un pays en ruines, en souffrances, en déshérence, qui, déboussolé et perdu, se cherche depuis plus d’une décennie, un étrange attelage liant trois destins. Dont un pompier, devenu croque-mort et sa sœur, qui vont survivre et même vivre dans une normalisation quotidienne de l’horreur, au rythme des mouvements forcés de populations, des camps provisoires qui ne le sont plus et des espoirs auxquels plus personne ne croit.
Pour Julie Ruocco, il ne faut surtout pas se taire face à l’horreur qui se poursuit, avec ses cadavres, ses déplacés, ses orphelins et une économie plus qu’exsangue, sans croire au lendemain qui n’arrivera peut-être jamais. Outre la lauréate, les autres autrices n’ont pas démérité et les files d’attente lors de la séance de dédicaces étaient d’égale longueur pour les cinq finalistes et leurs œuvres, à savoir, rappelons-le, Le Doorman, de Madeleine Assas (Actes Sud) ; Jetés aux ténèbres, de Sandrine Berthet (Les éditions du Sonneur) ; Debout dans l’eau, de Zoe Derleyn (éditions du Rouergue), 120 pages, l’opus le plus court…; D’Oncle, de Rebecca Gisler (Verdier) et, enfin, Solak, de Caroline Hinault (éditions du Rouergue).

D’autres pistes de lectures…
Christophe Degruelle, président d’Agglopolys, après avoir félicité la lauréate, et les finalistes qui n’avaient nullement démérité, a bien souligné le redémarrage de la lecture en France, depuis quelques mois (le confinement?, La Covid?), en donnant quelques pistes, comme lecteur averti, pour de futures soirées culturelles, dont des œuvres à quatre mains et le dernier Céline…sur la guerre ! Claudine Lecuir, membre du comité de veille, a, quant à elle, salué toutes les fourmis qui travaillent, dès la proclamation des résultats et du palmarès, à la mise en place de la nouvelle édition, de suite, dès que les encres des premières dédicaces du cru 2022 ont séché. Par ailleurs, le comité de présélection du prix Emmanuel-Roblès a signé un palmarès OFF 2022 des premiers romans remarqués, à savoir pour le Roblès 2022, Les Confluents, d’Anne-Lise Avril (Julliard) ; Le Passeur, de Stéphanie Coste (Gallimard) ; La Femme que nous sommes, d’Emma Deruschi (Flammarion) ; La Nuit des choses, de Marie-Hélène Gauthier (éditions des Instants) ; Qu’allons-nous faire des jours qui s’annoncent?, de Marguerite Imbert (Albin Michel) ; Rendors-toi, tout va bien, d’Agnès Laurent (Plon) ; Ultramarins, de Mariette Navarro (Quidam éditeur) ; Mobylette, de Frédéric Ploussard (Héloïse d’Ormesson) ; Jour bleu, d’Aurélia Ringard (Frison Roche Belles-lettres). Enfin, la sélection du prix Goncourt d’un premier roman 2022 a retenu La Tour, de Doan Bui (Grasset) ; Les Envolés, d’Étienne Kern (Gallimard) ; La Poule et son cumin, de Zined Mekouard (J-C. Lattès) ; La Récitante, d’Ève-Marie des Places (Le Cherche-Midi) ; Qu’est-ce que j’irai faire au paradis?, de Walid Hajar Rachedi (Emmanuelle Collas) et Les Méduses n’ont pas d’oreilles, d’Adèle Rosenfeld (Grasset).
Jules Zérizer