Chambord : Mgr Macron en son royaume…


Branle-bas de combat le 2 mai à Amboise et à Chambord, sous un ciel maussade. Et une pluie… de présidents. Coulisses.

Nicolas Sarkozy, François Hollande et ça y est, on peut désormais ajouter Emmanuel Macron à notre palmarès de visites présidentielles suivies. Celle du 2 mai revêtait toutefois un caractère particulier, car le président italien, Sergio Mattarella, faisait partie du déplacement, lancement des 500 ans de la Renaissance en Val de Loire oblige. Au mois de mai, il est grand temps de déclarer ouverte la fiesta vendue depuis l’an passée comme une année exceptionnelle… Mais revenons à nos moutons royaux. Il était une fois donc un prince se déplaçant en grandes pompes avec sa cour… Pas de scooter mais de la pluie, qui a souvent suivi François Hollande et qui semble de retour, signe de mauvaise augure ? Quoiqu’il en soit, difficile en effet d’écrire grande info à considération diplomatique suite à cette journée marathon du 2 mai, à part dire que le roi français et son consort italien se sont faits plaisir en venant fouler le sol des demeures de feu François Ier et Léonard de Vinci, arrivant à bord de leur fidèle hélico-destrier, aux frais de la princesse citoyenne. Journalistiquement, il faut bien le reconnaître, cela ne valait pas un kopeck, mais il faut en sus l’avouer, nous avons aimé en être. À Amboise, séance accessible aux « pools-és ». Prononcez « poulet » pour la blague. Il ne s’agit évidemment ni de volatiles de basse-cour ni de forces de l’ordre ni autres choses cachées derrière un sobriquet, il est juste question de journalistes (ou photographes) ayant un badge rouge donnant accès à l’ensemble de la politique spectacle. Les autres, acceptés dans la salle, au badge bleu « presse accréditée », doivent s’adapter, dialoguer, ruser, et parfois se résigner à écouter les consignes. À Chambord, classiquement, nous aurons eu le droit au chien démineur, au détecteur de sécurité, et à la négociation avec le service de presse de l’Élysée pour pouvoir assister tout de même au maximum de choses in situ. Nous sommes désormais coutumiers du fait du prince. Nous aurons pu écouter les confidences du spationaute Thomas Pesquet pendant plus d’une heure parmi des collégiens et lycéens triés sur le volet (l’Italie, exprimée via chant choral, cours de langue, etc., étant le critère de sélection), et ça, ce fut une opportunité plus qu’agréable. Séduisant, brillant, de l’humour dans sa combinaison bleue… Sinon, après le rêve éveillé, nous aurons eu droit à des restitutions en italien (autant avouer que nous n’avons rien saisi ne parlant pas la langue) et aucun mot ni discours franco-italien. Les deux pays traversant actuellement une zone de fortes tensions , nous aurions pu espérer quelques paroles apaisantes, quitte à sauver les apparences le temps d’un jeudi royalement mis en scène, mais Sergio Mattarella aurait invoqué son droit de réserve, le scrutin européen de la fin mai approchant, l’occasion faisant le larron… Côté prises de vues, il faut bien reconnaître que le président Manu aura placé la barre plus drastiquement élevée que ses prédécesseurs Nico et Fanfan. Téléphone portable autorisé, à défaut de, alors autant dire que pour avoir un bon cliché, c’est de la poudre aux yeux assurée. Nous aurons à force de culot et de sourire de classe moyenne réussi à être tolérés pour la photographie de groupe aux brushings parfaits et aux sourires ultra-brite dignes d’une publicité sur papier glacé pour dentifrice blancheur et ainsi à ramener fièrement, comme un enfant joyeux, notre souvenir à nous, juchée sur nos talons bleu-or, capturé dans l’objectif de notre reflex Nikon, après avoir profité du DJ set électro offert dès le départ “en marche” des personnalités. En résumé : tout ça pour ça ? Un peu, mon neveu. Quelle macronade.

Émilie Rencien