Chaumont-sur-Loire : Sur la pellicule, l’Eden artistique se niche bien au château


Le Domaine régional, que Paris nous envie, connu pour son monument de pierres de tuffeau et son festival végétal, n’en finit pas d’émerveiller ses visiteurs au gré de ses évènements culturellement riches. Jusqu’au 27 février, une nouvelle exposition est à inscrire sur son agenda, cette fois narrant des expressions artistiques photographiques aux univers bio-divers.
Entre splendeur et beauté meurtrie par l’action humaine, cette quatrième édition de Chaumont-Photo-sur-Loire rassemble 5 artistes dont les talents ne peuvent laisser indifférent. Tania Mouraud, Edward Burtynsky, Pascal Convert, le duo Clark et Pougnaud, sans oublier le célèbre Raymond Depardon, font passer le public de l’émerveillement au chaos, puis de la pollution à l’espoir de renouveau. “Ce parallélisme d’un monde à l’autre donne beaucoup de profondeur à leur travail,” explique Chantal Colleu-Dumond, directrice du Domaine. “Pour moi, c’est comme jouer au Lego, c’est du plaisir. Je ne calcule rien, je ne raconte jamais rien. Je partage des émotions,” a confié pour sa part Tania Mouraud, originaire du Berry et à ses heures DJ quand elle n’est pas derrière son appareil pour immortaliser des “roundballers” ou des paysages lunaires. Chaumont accueille souvent des personnalités qui n’entrent pas dans les cases, et il se trouve que nous, nous partageons également cette philosophie de vie génératrice de sensations diverses et variées. Chaumont, c’est aussi ce lien permanent nature-culture qui trouve caisse de résonance parmi les photographies des cinq artistes conviés cette année, dont les œuvres apposées à l’intérieur des pièces du château flirtent avec enchantement et désolation, mais aussi oscille entre photo et tableau. Au cours de cette exposition, le visiteur peut rester planté devant ces couleurs d’eaux tantôt irisées, tantôt bleutées, ou encore à cause de cette vache semblant vous fixer et ce superbe papillon nocturne pris sur le vif par l’objectif dissimulé. Puis après la fascination, derrière le vernis de la frappante beauté, le travail présenté révèle les charmes parfois oubliés de la vie simple à la campagne, dénonce une mine allemande à ciel ouvert, dévoile un fleuve indien en train de s’assécher sous la main de l’Homme qui peut embellir comme enlaidir. “Travailler, photographier, c’est construire de l’espoir,” a commenté Pascal Convert. Mais assez des mots : courez découvrir toutes ces images hypnotiques empreintes de poésie sans tarder, pour rêver les yeux ouverts ! Et une nouvelle fois, il n’y a qu’à Chaumont que cette fantaisie en liberté soit permise.

É. Rencien