Chambord : Le château de feu François Ier a sauvé un peu de la beauté du monde !

Jusqu’au mois de mars 2022, le Domaine national explore le destin des œuvres d’art en temps de conflit à travers un nouveau parcours de visite permanent dédié à la vie du monument pendant la Seconde Guerre mondiale. Un pan de son histoire souvent méconnu.
Alors que de majestueux décors de Noël commencent petit à petit à surgir dans l’enceinte du château, Chambord raconte une histoire depuis le 21 novembre. Son Histoire de 1939-1945. Simultanément, en résonance, est présentée « Déplacements », une exposition temporaire de l’artiste canadienne Dominique Blain qui a travaillé sur la représentation et la protection des œuvres d’art. Grâce à cet événement culturel, nous sommes revenus en 1939. Les bombardements tout comme la convoitise des nazis pleuvent. Des milliers d’œuvres sont expédiées par convois vers onze châteaux et abbayes du Centre et de l’Ouest de la France, dont Chambord. Le château, fermé au public, va ainsi abriter des milliers d’œuvres d’art, majoritairement issues des collections publiques françaises. Chambord deviendra ainsi le plus grand dépôt de France. Des œuvres iconiques, telles que La Joconde de Léonard de Vinci, La Liberté guidant le peuple de Delacroix ou encore La Dame à la licorne, y ont été cachées. C’est ce que le nouvel espace, accessible depuis les terrasses du château, souligne : le rôle joué par le monument dans la préservation des trésors de l’humanité, dans l’esprit de l’Unesco qui l’inscrit sur sa liste du patrimoine mondial en 1981. Lors de l’inauguration de l’exposition samedi 20 novembre, Audrey Azoulay, ex-ministre de la culture (Gouvernement Valls), devenue directrice générale de l’Unesco, figurait d’ailleurs parmi les convié(e)s.
Le retour des œuvres exilées à Chambord a commencé en juin 1945 pour s’achever complètement à la fin de l’année 1949. Une page d’histoire s’est tournée lors de la remise de la croix de guerre au maire du village, en 1949, en hommage aux neuf habitants exécutés le 21 août 1944 par une colonne allemande en retraite qui avait au préalable incendié une partie du village et menacé de détruire le château. “Pourquoi une telle exposition maintenant ?” a questionné Jean d’Haussonville., directeur général du Domaine national de Chambord. “La pandémie a retardé cette célébration mais il est important de marquer cette étape. Nous sommes ouverts au public depuis 1821. Les enjeux de patrimoine ne sont pas nouveaux mais la pulvérisation en 2001 des Bouddhas afghans puis la situation en Afghanistan sont venues rappeler notre passé français et notamment la destruction en 1917 du château de Coucy, près de Soissons. Le patrimoine est parfois une richesse au détriment de l’autre.” Avant de tourner les talons, une citation retient l’attention, apposée sur un des panneaux de l’exposition : « sauver un peu de la beauté du Monde ». Chambord a justement permis cela, comme le résumait jadis la phrase de la conservatrice de musée et résistante française, Rose Valland, dans Le Front de l’Art.

É.R.

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Confirmé : à voir absolument !
J’ai testé pour vous la nouvelle exposition 39-45 qui devient une nouvelle exposition permanente du château. Conseil d’ami lecteur, pour une visite en ce moment, couvrez-vous bien car les salles sont accessibles par les terrasses et non chauffées.
Mais à part ce détail, ne ratez surtout pas cette exposition qui vous prendra au maximum une demi-heure, mais qui vous passionnera grâce à la variété des médias utilisés : projection dynamique de photos, commentaires, documentaires d’époque, caisses presque d’époque et petit film très intéressant.
L’exposition met en avant des hommes, les gardiens, les politiques, les militaires, tous unis vers un seul but : sauver les œuvres d’art des musées français de la convoitise des nazis, et récupérer les œuvres volées aux juifs. Une belle histoire humaine où surgissent de belles âmes dans les deux camps, les vraies vedettes de cette exposition.
G.Brown