Cinéma – « L’école buissonnière » tient visuellement ses promesses


Depuis le temps qu’on en parle, nous avons enfin pu voir le long métrage de Nicolas Vanier réalisé en Sologne, avant sa sortie le 11 octobre. Sans trop en dévoiler le contenu, et surtout sans révéler la chute, nous donnons dans ces colonnes notre avis sur ce film qui rythmera cet automne.

Alors, alors ? Nous avions assisté à deux dates de tournage en Sologne en 2016 puis au lancement de la bande-annonce à Orléans en juillet 2017. Nous avions hâte de voir le résultat final et c’est chose faite, une avant-première ayant eu lieu à Blois le 16 septembre. Pour rappel, « l’école buissonnière » de Nicolas Vanier, soutenu financièrement notamment par le département de Loir-et-Cher et la région Centre-Val de Loire, narre l’histoire de Paul (Jean Scandel), un gamin au visage d’ange et aux yeux bleus perçants enfermé dans un orphelinat parisien qui est pris sous l’aile bienveillante et maternelle de Célestine (Valérie Karsenti), mariée au garde-chasse forestier aguerri, Borel (Éric Elmosnino). Le couple vit en Sologne, là où l’incorrigible et insaisissable braconnier Totoche (François Cluzet) possède ses quartiers, vivant dans une maison originale flottante sur l’eau de la Loire (les puristes solognots tiqueront peut-être sur ce détail mais cette Loire se comprend quand on sait qu’une partie du film a été tournée dans le Loiret et la région d’Orléans). Sinon, certains moments sont drôles grâce aux astuces détonantes du braconnier pour tromper le garde-chasse. La chute est quant à elle émouvante et nous avouons avoir versé notre petite larme. On aperçoit aussi une jeune femme que nous connaissons, Amandine Deniau, ancienne miss et figurante résidant à Selles-sur-Cher, dansant dans l’une des scènes. On se souvient encore des lieux que nous voyons défiler à l’écran (là la Marolle-en-Sologne, ici Chambord) et surtout de cette pluie qui tombe drue cet autre instant à l’image… complétement fabriquée à l’aide d’échafaudages et de tuyaux d’arrosage géants sur le tournage hivernal en 2016. Sans oublier ce majestueux cerf de 17 cors qui sublime la deuxième partie du film et qui ne peut laisser personne indifférent par son élégance naturelle. Tout ça sur fond de camp gitan et de secret de famille sur le domaine forestier du comte joué par François Berléand. Le long métrage évoque également la vie et la mort, deux mots qui reviennent souvent, mais nous n’en dirons pas davantage…

Belles images et bons sentiments

Ceci étant écrit, il y a un « mais ». Tout d’abord, le film dure 2 heures, il aurait pu aisément être raccourci de trente minutes. Au début, il est difficile de rentrer de suite dans l’histoire. La première partie au ballet d’animaux et les belles images de Laurent Charbonnier peuvent faire davantage penser à un documentaire animalier, le sentiment est renforcé par les dialogues entre le professeur Totoche face à l’apprenti Paul qui découvre vocabulaire et principes de la vie sauvage animale. Ensuite, l’ensemble est plein de bons sentiments, et tout finit évidemment bien, le méchant étant chassé et les gentils récompensés. Là encore, motus et bouche cousue… Enfin, la référence aux clôtures de Sologne ne parlera sans doute pas à tout le monde, hormis les gens du cru qui connaissent bien le problème. « La forêt n’est pas une prison, » remarquera François Berléand ; « le domaine est ouvert à tous, » insistera le petit Paul. Malgré quelques bémols, « l’école buissonnière » de Nicolas Vanier est toutefois un film à voir au moins une fois, ne serait-ce que pour la beauté de notre chère Sologne pendant les quatre saisons qui se révèle sur grand écran, et il devrait séduire à coup sûr petits et grands. Pour en savoir plus et juger par vous-même, il faudra se rendre dans les salles obscures à partir donc du 11 octobre, date de sortie officielle du film.

Émilie Rencien