Comme un lac du Connemara


Les gens, juste un petit rappel : il faut reprendre le chemin de l’école maintenant. Pardon le chemin du travail… Oublions tous ensemble, tous ensemble, le temps de la farniente, les plages de sable fin ou de galets. Finies les randonnées en montagnes, les refuges et les torrents glacés partagés, les uns et les autres, avec des inconnus. Terminées les allergies aux pollens des champs, retrouvons vite ceux des platanes des villes … Pour l’actu, revenons aux feux de forêts à répétition, la Grèce qui flambe tant par ses pins que par ses banques. Reprenons-là où on avait laissé le milieu de l’été et sa plage abandonnée.
Pour cette reprise, encore un peu l’esprit en vacance et mode réflexion approximative, rappelons la polémique de l’été. Celle qui a fait vomir les buvards de l’info des plateaux de Cnews. Parlons donc de Juliette Armanet, de son aversion à LA chanson française des années Mitterrand version Michel Sardou. Pour ces hardis défenseurs de la France de grand-papa, celle du bon temps des colonies, des héros de la Révolution française selon la vision De Villieresque, vaincre ou mourir, cette attaque est une honte qui prouve bien combien les artistes d’ultra-gôche sont pervertis. Outre le fait que la petite Juliette a le droit de ne pas aimer Sardou, outre le fait que, faut pas déconner, à part les harmonies de Richard Klederman, on n’a rien trouvé de mieux comme musique d’ascenseur ou de messagerie d‘attente téléphonique, l’écoute des lacs du Connemara est tout de même, généralement, signe de fin de fiesta plutôt que de revendication politique. Fort heureusement, pendant cette période intense de l’actualité, le JDD, nouvelle direction artistique version Bolloré, n’a pas pu emboîter le pas de l’instrumentalisation. Donc, en plein été, parce qu’il faut bien occuper le terrain du buzz à tout prix, en l’absence de Cyril Hanouna, les fiers descendants de Vercingétorix, Clovis, Zinédine Zidane – non pas de Zinédine Zidane- sont venus au soutien de ce Michel qui en avait strictement rien à secouer. A l’heure de l’apéro, il fallait bien un sujet polémique !
Pour reprendre le cours des aventures gouvernementales et de ses histoires d’eau – pas vraiment un long fleuve tranquille- quelques mots sur le convoi anti-bassines en route vers Paris, et sur sa perception par un géant de Cervantes, le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau. Ce néo-spécialiste de la paysannerie française et de ses lobbies ne discutera pas avec ces « ultra-violents » écolos porteurs d’atteinte à « l’outil de travail d’autrui ». C’est que, après trois morceaux de pelouse arrachés sur un green encore vert, malgré les restrictions préfectorales, toute la famille des golfeurs est effondrée. Des bouts d’herbe enlevés de force à l’attachement des siens, c’était effectivement trop violent pour ne pas susciter des pleurs. Et des réactions en chaîne aussi. On cherche bien encore un peu la valeur ajoutée du-dit parcours de golf. Un champ de blé, de patates, de tomates, même pas bio, même traité, on comprend. Mais un green… Et notre Norbert Dragonneau loir-et-chérien – un petit air de Eddie Redmayne vieillissant, n’est-il pas – d’ajouter qu’« Il n’y aura jamais de dialogue possible avec ceux qui entendent imposer leur loi par la violence. Jamais. » Ce n’est pas comme si les arrachages de grilles de préfectures, les déversements de fumiers devant les mairies et autres billevesées, dommages collatéraux de manifs organisées par la FNSEA, n’avaient jamais existé !
Encore un peu de canicule, dans l’attente de l’automne, quand on vous dit de rester les pieds dans l’eau fraîche d’un lac … Même pas artificiel, ce n’est pas une litote momentanée !

Fabrice Simoes