De la gestion de la forêt au tonneau


A l’occasion de la Fête de la nature qui se déroulait du 17 au 21 mai, l’Office national des forêts (ONF) proposait notamment de découvrir la gestion des forêts de chênes à Mont-près-Chambord. Une visite de la Tonnellerie du Val-de-Loire était également au programme.

Le public a répondu présent pour découvrir la gestion de la forêt de Russy à l’occasion de la Fête de la nature, le vendredi 19 mai.

« La forêt, c’est comme un grand jardin mais pas avec la même échelle de temps. Parfois, il faut couper des arbres de 200 ans qui menacent de tomber », explique Aurélie Ferté, technicien forestier territorial de l’Office national des forêts (ONF). Pour la Fête de la nature, le rendez-vous était donné le 19 mai sur une parcelle de la forêt de Russy, à la sortie de Mont-près-Chambord. Au programme : explications sur la gestion de la forêt par l’ONF, le choix des chênes par la scierie Vriet Frères, puis la fabrication de tonneaux à la Tonnellerie du Val-de-Loire. La forêt de Russy qui s’étend sur 3 200 hectares compte 97 % de chênes. « Notre but est que la régénération se fasse naturellement grâce aux chênes sur place », poursuit Aurélie Ferté. Cependant, les coupes de bois sont indispensables car elles permettent, non seulement de favoriser le développement des arbres et leur renouvellement, mais aussi de sécuriser les sentiers, d’entretenir la forêt et de répondre à la demande de bois pour le chauffage, la fabrication de meubles, de charpentes ou encore de tonneaux. Tous les bois issus des opérations sylvicoles d’amélioration et de régénération des forêts publiques sont mis en vente par l’ONF, acteur majeur de la filière bois-forêt. « Sur une même parcelle se trouvent des arbres de la même classe d’âge avec le même diamètre. Ce sont les chênes avec des fûts droits et élancés qui sont recherchés pour la tonnellerie », ajoute Aurélie Ferté. Les prix du chêne varient, en moyenne, entre 150 à 300 euros le mètre cube. Leur vente permet de financer l’ONF. Les plus grands vins sont éduqués dans des tonneaux de chênes à grain fin, ce qui correspond à des arbres qui poussent lentement et régulièrement. « Le chêne à merrain doit être sans défaut avec un mouvement d’écorce bien droit », explique Mathieu Parfonry, commis de coupe chez Vriet Frères. Son rôle est de parcourir les forêts pour choisir des arbres, afin d’approvisionner en bois l’entreprise qui propose une gamme vendue en France, mais aussi en Espagne, Belgique, Angleterre et Allemagne.

En quelques minutes, Manuel Vriet, tonnelier de la Tonnellerie du Val-de-Loire, assemble les douelles pour monter le tonneau.

Les chênes vendus aux enchères

« L’ONF envoie un catalogue de vente et on va estimer les chênes avant la vente aux enchères. Ensuite, on a vingt secondes pour faire une offre via un boîtier électronique. Le plus offrant remporte la vente », raconte Mathieu Parfonry. Après au minimum 24 mois de séchage naturel, le bois est découpé en planches et arrive dans les mains de Manuel Vriet, tonnelier à la Tonnellerie du Val-de-Loire (à Mont-près-Chambord). « Quand le merrain passe la porte de l’atelier, j’appelle ça une douelle », précise-t-il. En assemblant les douelles, il fabrique de manière traditionnelle des tonneaux de différentes contenances allant de 225 à 500 litres. « L’oxygène va plus ou moins passer selon la taille », explique le tonnelier. Le montage d’un tonneau est un travail de précision qui se joue au millimètre près mais l’étape la plus importante est la chauffe. Cela va donner la couleur intérieure et déterminer l’arôme du vin lors de la vinification. « Chaque viticulteur définit sa chauffe pour donner un goût de vanille, de pain grillé, de pain d’épice ou de café à son vin. On le contrôle en faisant varier le temps et la température de chauffe », raconte Manuel Vriet. Ensuite, pour fermer le fond du tonneau, il utilise comme joint d’étanchéité naturel de la farine de pain complet avec de l’eau. Puis, le fût est rempli d’eau chaude mise sous pression afin de déceler la moindre fuite. La tonnellerie du Val-de-Loire travaille pour des vignerons partout en France, mais aussi aux Etats-Unis, en Afrique du Sud et au Chili. Ce sont environ 1000 fûts qui sortent chaque année de l’atelier.

Chloé Cartier-Santino