De Marx à Olive


Karl, c’est pourtant sympa comme prénom. Peut-être même que, comme certains pas racistes du tout qui connaissent une femme de ménage noire, je trouverais un Karl à qui parler. En cherchant bien ! Dans l’histoire de l’Humanité, on en a déjà eu des Karl plus connus que des Marcel ou des André. Le premier qui vient évidement à l’esprit, c‘est Marx. Il n’a aucun lien de parenté avec Chipo, Harpo et Groucho et a écrit quelques bouquins qui ont manifestement fait sa célébrité. Un autre, Lagerfield, aux antipodes, moins barbu et plus chiffon, a renvoyé à l’oubli l’accent germanique inimitable d’Éric Van Stroem criant « Boëldieu » dans la Grande illusion. Un troisième, Friedrich de son second prénom, a permis à Joey Starr de focaliser ses humeurs sur sa Benz, Benz, Benz.
Celui qui nous occupe aujourd’hui ne risque pas, quant à lui, d’entrer dans la postérité. Lui, il s’appelle Olive. On ne se moque pas mais, juste après les vacances, parler d’olive, c’est une vague de souvenirs et de rencontres apéritives, avec modération, qui vient à tire d’aile dans votre esprit. Comme un petit ange armé d’une harpe, si on a été sage. Comme un petit diable au trident de feu, si on a un peu abusé de substances alcoolisées. Avec modération, rappelons-le. Au frais, sous une tonnelle, entouré de potos, on n’est pas bien là, hein Tintin ?… Karl Olive est un député Renaissance– nul n’est parfait- donc de la majorité présidentielle. Il fait partie de cette petite légion de trolls gouvernementaux en mal d’existence médiatique. Sa dernière trouvaille, à un an des Jeux olympiques ça tombe bien, ce serait une loi d’exception pour interdire tout mouvement épidermique de la populace au moment des grands événements sportifs ou autres. Ailleurs, on a déjà eu des précédents avec des manifestations populaires qui ont tourné au vinaigre. Par exemple, la dernière fois que Ceausescu est paru en public, il s’est fait hué aussi. À peine un peu plus qu’un simple Président de la République au Stade de France, c’est dire si ça craint. En Roumanie, on sait comment ça c’est terminé …
En gros, l’idée – pas de grève, pas de manifs, toussa- de ne pas foutre le souk sur la place publique ou dans les transports en commun, à l’occasion de moments précis, peut paraître frappée du bon sens, voire même intelligente. Les applaudissements et les petits drapeaux à la Kim Jong Un, c’est tellement beau, tellement naturel, tous habillés pareil et le sourire figé. Outre le fait que cela représente tout de même une légère (euphémisme) limitation du cadre républicain et de ce qu’il implique, c’est aussi prendre le problème à l’envers. Au lieu de régler le souci, on légifère sur ses conséquences ! C’est un peu comme si, dans une grande entreprise, les erreurs de la direction étaient assumées par le grouillot de service, celui de l’agrafage des pages du dossier ou le responsable de l’approvisionnement de la photocopieuse du 4e sous-sol. Si ça existait, ça se saurait, non ? Un peu comme si, pour protéger le système et des intérêts particuliers, on interdisait le mouvement Soulèvement de la terre au lieu de réfléchir sur le problème de l’eau. Un peu comme si on réduisait l’évolution du nombre de bénéficiaires au RSA à la seule volonté de ne rien glander. Il suffirait peut-être que salaire et conditions de travail soient à la hauteur. On ne sait pas, personne n’a vraiment essayé. Un peu comme si…
La méthode est fiable, efficace et largement usitée. Il est vrai que, depuis quelques années, elle a été portée à un niveau que même les IA ne pouvaient prévoir. Elle participe du théorème de Charles Pasqua – selon de nombreuses sources, il ne l’aurait pourtant jamais dit – « Quand on est emmerdé par une affaire, il faut susciter une affaire dans l’affaire, et si nécessaire une autre affaire dans l’affaire de l’affaire, jusqu’à ce que personne n’y comprenne plus rien ». Noyer le poisson est un art applicable à toutes politiques … et ce n’est pas notre Gérard, notre actuel ministre de l’Intérieur et futur candidat potentiel à la présidence de la République, grand amateur de la pratique, qui dira le contraire.
Karl, ça ne serait pas aussi le deuxième prénom de Darmanin ?

Fabrice Simoes