Des fleurs pour satisfaire l’appétit des abeilles


Apuiculture Jean fedon et Alain Berger
Les agriculteurs nourrissent les butineuses
Mercredi 23 avril, le Réseau Biodiversité pour les Abeilles a organisé un point presse à La Boutardière (commune de La Champenoise, dans l’Indre) pour présenter les résultats des expérimentations menées sur les nouvelles variétés de colza. En présence de Jean Fedon et d’Alain Berger, apiculteurs et de Daniel Carlier, agriculteur, Julien Chagué, directeur du Réseau Biodiversité pour les Abeilles a expliqué les bénéfices pour les pollinisateurs et la filière apicole qu’offrent les dernières variétés de colza tolérantes aux herbicides de post-levée.
Depuis quelques années, les agriculteurs sont régulièrement confrontés à des difficultés pour produire du colza. Cette culture est pourtant essentielle pour l’apiculture française. En effet, les 2/3 du miel de France sont produits à partir des cultures de colza et de tournesol. Ces productions sont donc indispensables pour les apiculteurs.
Comme le rappelle Daniel Carlier, agriculteur, « nous, agriculteurs, sommes confrontés à des impasses techniques, en particulier en matière de désherbage. La présence d’adventices des cultures telles que les crucifères a des conséquences très importantes sur la qualité du colza. Ces « mauvaises herbes » comme on les appelle souvent sont responsables d’une dégradation de la qualité de la production. Elles peuvent provoquer une forte augmentation de la teneur en glucosinolate et poser ainsi des problèmes de santé publique. »
Pour Jean Fedon, apiculteur, « le colza est indispensable pour le maintien de nos colonies. Cette culture permet aux abeilles de trouver une ressource abondante de pollen et de nectar et de commencer la saison apicole par une production de miel. Elle prépare également les colonies pour la suite de la saison. Les difficultés rencontrées par les agriculteurs pourraient conduire à une diminution des surfaces de colza. Cette menace est réelle et elle aurait des conséquences dramatiques pour toute la filière apicole. » Et l’impact environnemental serait très lourd puisque l’absence d’une ressource alimentaire pour les abeilles conduiraient les apiculteurs à déplacer leurs ruchers dans d’autres territoires. Ainsi, le précieux service de la pollinisation ne pourrait plus être assuré avec des conséquences terribles pour la biodiversité. La pollinisation a d’ailleurs été retenue comme une priorité par l’IPBES (« le GIEC de la biodiversité ») pour 2014.
La recherche agronomique a permis l’arrivée de nouvelles variétés de colza tolérantes aux herbicides de post levée. Concrètement, ces variétés offrent une amélioration sensible des itinéraires techniques pour les agriculteurs, en particulier en matière de désherbage. « C’est une piste prometteuse. Elle pourrait nous permettre de pérenniser nos productions de colza. C’est important pour la biodiversité mais également du point de vue agronomique car le colza est une excellente tête d’assolement » explique Daniel Carlier. « C’est une production qui illustre le gagnant-gagnant entre apiculteurs et agriculteurs. Les abeilles ont de quoi récolter pollen et miel. Et en butinant les fleurs de colza, elles améliorent la qualité de la pollinisation avec un bénéfice en terme de rendement, donc un bénéfice économique » complète Jean Fedon.
Pour le Réseau Biodiversité pour les Abeilles, il était important de mener des expérimentations afin de s’assurer que ces nouvelles variétés de colza tolérantes aux herbicides de post levée sont attractives pour les abeilles et répondent à leurs besoins alimentaires.
« Les résultats de nos observations sont très encourageants puisque ces nouvelles variétés de colza sont aussi favorables et attractives pour les abeilles que les autres variétés » analyse Julien Chagué, directeur du Réseau Biodiversité pour les Abeilles.
« Ces nouvelles variétés devraient permettre aux agriculteurs de trouver une réponse à leurs difficultés techniques et donc de maintenir voire de développer les surfaces oléagineuses en France. De nouveaux bassins de productions où la culture du colza n’était pas ou plus envisageable pourraient en effet bénéficier de ces nouvelles variétés. Les abeilles pourront en profiter pour satisfaire leur appétit, continuer à assurer le service de la pollinisation et participer ainsi à la reconquête de la biodiversité dans nos territoires » se réjouit Julien Chagué.