Déviation de Villedieu : on y roulera en 2023


Christophe Courtemanche directeur général adjoint des services du conseil départemental sait tout de la future déviation.

AMÉNAGEMENT Depuis le temps qu’on parle d’éviter un centre-bourg qui n’a jamais été prévu pour les poids-lourds on patientera facilement cinq ans. Mais cette fois le projet est lancé.
Pierre Belsoeur


Pour le moment ce ne sont que deux traits rouge ou jaune (selon qu’on passe en remblais ou en tranchée) sur l’ordinateur de Christophe Courtemanche, mais pour le directeur général adjoint des services du conseil départemental, cette fois le coup est parti. « La deuxième réunion publique organisée à Villedieu nous a permis de présenter à la population les modifications faisant suite à la première réunion de juillet. »
La déviation de Villedieu, on en parle depuis longtemps. Depuis, en fait que le centre-ville de Buzançais, tout aussi étroit, a été dégagé en particulier des poids-lourds. C’était en 1991!
« En 2010 nous avions envisagé ce chantier, rappelle Christophe Courtemanche, mais le projet n’était pas financé. Dès cette époque le tracé au nord de Villedieu était privilégié. Passer entre le bourg et l’Indre aurait provoqué des dégâts environnementaux considérables et il fallait traverser une zone inondable. »
Au nord la contrainte principale était le contournement du golf installé dans le parc du château dans les années 80. Il fallait aussi ménager une zone humide avec des sources résurgentes et préserver la partie la plus intéressante d’un espace boisé. Tout cela à réaliser en évitant de trop consommer de terres agricoles.

Le giratoire de Chambon déplacé
C’est cette dernière nécessité qui a empêché de donner pleinement satisfaction aux habitants du hameau de Chambon. Installés en contrebas du double virage de la route de Tours ces derniers souhaitaient éloigner la déviation de chez eux. Les techniciens du département leur ont donné partiellement satisfaction en éloignant le rond-point prévu à l’entrée du hameau. Mais ne pas reprendre l’ancienne chaussée aurait obligé à un long tracé morcelant des propriétés agricoles.

Un projet financé à 75%
Si le financement n’existait pas en 2010, celui du projet 2018 n’est pas totalement bouclé. Le département apportera 73% des 23 millions que coûtera cet aménagement, la communauté de commune 2%. Le reste, ce sera le résultat d’une négociation avec l’Etat puisque la région n’a pas vocation a financer les routes.
Les équipes du département ont encore un peu de temps devant elles car il va falloir notamment lancer l’enquête publique après avoir procédé aux acquisition de terres. « Il s’agit d’un aménagement foncier, précise le responsable du projet. On procède par achats et échange de parcelles. Le département est déjà propriétaire de huit hectares, soit le tiers de la surface utile. »
Techniquement le projet ne présente pas de grosses difficultés. Il n’y aura que deux ruisseaux à franchir donc pas de coûteux ouvrages d’art à construire. Le giratoire situé au débouché du créneau de dépassement à deux fois deux voies entre l’autoroute et l’entrée de Villedieu a été pensé pour donner accès à cette déviation. Une déviation à deux voies de circulation. « Nous sommes à 6 000 véhicules/jour, on passe à deux fois deux voies à partir de
8 000, la rocade de Châteauroux par exemple en absorbe
15 000 !» Les terrains à travailler ( sables et calcaires) ne présentent pas non plus de difficultés particulières et les remblais seront constitués de matériaux retirés sur les secteurs à araser afin de ne pas solliciter les carrières et leurs caravanes de camions.

Une opportunité pour le bourg
Les camions justement c’était le gros problème de la traversée de Villedieu. Leur disparition ne sera sans doute pas regrettée par les commerçants du bourg. Ils redoutent néanmoins que la déviation les prive d’une clientèle de passage. Le risque existe naturellement. En passant à l’écart du village on ne fera pas d’arrêt éclair pour acheter une baguette ou pousser la porte du café des sports, mais combien d’automobilistes bloqués depuis des kilomètres derrières un ou deux poids lourds succombent-ils a la tentation d’une halte au milieu de la circulation des heures de pointe. Et surtout combien de candidats à un logement dans le centre du village ont baissé les bras face aux nuisances sonores. La déviation redonnera vraisemblablement un coup de fouet à l’immobilier car il redeviendra tentant d’habiter ce joli village redevenu paisible à dix kilomètres de Châteauroux.
Encore une fois le conseil municipal a jusqu’à 2023 pour penser ce nouveau Villedieu et les automobilistes pour prendre leur mal en patience.