Disco-lab : des extraits d’agrumes et de céréales pour remplacer les solvants


Disco-Lab élabore des nettoyants écologiques révolutionnaires pour l’industrie, là ou l’on fabriquait autrefois des sous-vêtements féminins. Un prix vient de récompenser sa créativité.

Pendant des années une silhouette féminine en sous-vêtements faisait de l’oeil, dans les virages de Bitray, à l’automobiliste entrant dans Châteauroux. L’ancienne usine Spatz a cédé la place depuis cinq ans à Disco-lab 36. Un drôle de nom pour une entreprise révolutionnaire.

Gilles Breuzin, venu du monde de la chimie, a mis des années pour réaliser son rêve. Remplacer les produits nettoyants, pour dégraisser ou décaper des pièces produites par l’industrie métallurgique. « J’ai vendu des produits à base d’acétone, par exemple, pendant des années, en ayant mauvaise conscience. Plus encore que la fumée noire des cheminée, ces produits chimiques ont empoisonné des générations d’ouvriers, ainsi que la couche d’ozone. » Alors Gilles a cherché et fini par mettre au point de nouveaux produits, ayant la même efficacité. Et il a trouvé et déposé une marque, Discovert, pour protéger ses produits de la concurrence.

Mais le plus actif des professeurs Tournesol ne peut tout faire : élaborer un produit, le commercialiser, trouver des appuis auprès des banques, effrayées par le caractère révolutionnaire de ses créations.

Alors il a injecté 700.000 € dans son usine, commencé à réunir une équipe, mais en 2015 il a fait appel à un jeune Berruyer pour le seconder à la tête de la partie administrative et technique. Arnaud De Brie avait débuté dans le monde de la mécanique de précision et était passé chez Andritz où il était responsable du service hygiène et environnement. « Je connaissais bien les produits de Gilles que l’on utilisait dans l’entreprise. C’est pour cela que j’ai pris le risque de quitter une grosse structure pour prendre la direction d’une PME à forte valeur environnementale. »

Le directeur général a désormais à ses côtés une responsable du développement commercial, Nathalie Dauby, une Rochelaise arrivée dans le Berry via la grande distribution. Tous deux ont moins de quarante ans, leur rencontre professionnelle a eu lieu dans les réunions de la Jeune Chambre Economique dont ils sont tous les deux membres. Avec le trio constitué de Gilles, Arnaud et Nathalie, Discolab, PME de neuf salariés, dispose désormais de la structure efficace pour monter en puissance.

« Dix fois moins de produit pour un résultat identique »

Alors comment ça marche ce Discovert ? « On utilise deux bases de produits, détaille Arnaud De Brie. Base citron pour les produits acides, base orange pour les produits basiques. On utilise également des céréales pour élaborer des décapants, à base de colza ou de tournesol. Des produits qui n’ont pas l’obligation d’étiquetage de sécurité car ils ne contiennent ni COV (composés organiques volatiles) ni CMR (composés cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques) et n’altèrent pas la santé des ouvriers. »

Ces produits n’utilisent pas le jus de l’orange ou du citron mais l’extrait qui se trouve entre la pulpe et l’écorce, autrement dit on réutilise des déchets. Alors ces Dicolvert ont toutes les qualités et devraient être adoptés par tous les responsables qualité.

« Il faut tout de même convaincre les utilisateurs, habitués à des produits très agressifs qui doutent de l’efficacité des nôtres. Ils ne s’évaporent pas, et en fait il en faut dix fois moins que les produits à base d’acétone et quatre fois moins qu’avec le white spirit. Mais il suffit en fait d’un soufflage basse pression pour l’éliminer. Alors évidemment nos produits sont plus chers, mais l’industriel s’y retrouve sur les quantités et l’économie des équipements de protection. Il faut aussi passer par tous les tests des entreprises. Pour entrer chez Safran ça a pris cinq ans.»

Ce ne sont pas seulement des mots. Discolab fait son trou dans l’aéronautique, chez Safran on l’a dit, PPG Aérospace, mais Alsthom, Kéolis, Bombardier ou la SNCF figurent aussi parmi leurs références.

« Notre capacité de production est de vingt tonnes par jour pour les dégraissants et six tonnes pour les décapants, ce qui nous laisse actuellement une belle marge de progression pour répondre à la demande. » Discolab exporte désormais vers l’Europe, l’Asie et l’Afrique du Nord.

L’entreprise est certifiée ISO 9001, une carte de visite indispensable pour entrer dans les grandes entreprises. Elle vient par ailleurs de décrocher le premier prix santé pro d’Harmonie Mutuelle qui met à l’honneur des entreprises qui apportent de vraies solutions en matière de prévention pour leurs salariés et leurs clients ».

Au moment de rénover un deuxième bâtiment qui abritera les produits finis et les matières premières Gilles Breuzin savoure sa revanche. « Après avoir démarché en vain les banques quand j’ai démarré l’entreprise, je vois désormais affluer les propositions de prêts. »

A quand des Discolab sur l’évier des ménagères ? « C’est davantage un problème de distribution que de production, estime Arnaud De Brie, mais en faisant de la vente sur Internet sans doute. »

Mais le laboratoire de recherche continue d’élaborer de nouveaux produits. Des recherches sont actuellement menées pour apporter des solutions aux maires des communes qui ont opté pour le zéro pesticides. Sacré marché en perspective.

Pierre Belsoeur

Contact : www.disco-lab.fr
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