Ecologie – « Reprenez donc un croissant à l’achillée et un sablé à la benoîte »


Dans le jardin le plantain bénéficie d’un espace réservé pour résister aux piétinements.

Lancé en octobre dernier, le défi « Familles à alimentation positive » est désormais à mi-parcours.
Bilan d’étape à l’occasion d’un atelier pour cuisiner les herbes sauvages.
Cindy et Mickaël ont réveillé leurs enfants de très bonne heure à Luant. Il leur fallait être à Azay-le-Ferron à 8 h 45 ce samedi matin et aller marcher par -1° dans le parc du château à la recherche du plantain, de l’oseille sauvage ou de la benoîte pour composer le repas du midi. Et les enfants étaient ravis !
Cette petite troupe fait partie de l’équipe « Les fées de serre » composée au mois d’octobre dernier pour participer au défi « Familles à alimentation positive » dont l’enjeu est de manger bio et local sans dépenser plus. Il s’agit d’une compétition régionale et dans tous les départements de la région Centre-Val de Loire d’autres équipes vont faire en sorte d’ici au mois de juin 2018 d’améliorer leur façon de consommer en privilégiant les produits bio et de proximité.
Cette équipe est présente en force aux côtés de Nathalie Policard, animatrice du CPIE (Centre permanent d’initiative à l’Environnement) Brenne Berry, basé à Azay-le-Ferron, qui sert de support au défi pour l’Indre. Karine est la seule représentante de l’association Kaleïdoscope, tout comme Patrick pour l’équipe de la maison de village de Martizay.

Eloïne a soigneusement étiqueté les différentes herbes de la cueillette pour permettre leur identification avant d’être livrées aux cuisiniers.

La chasse à l’achillée est ouverte
Nathalie a préparé pour ses visiteurs une promenade dans le parc du château pour cueillir les neuf espèces d’herbes sauvages qui entreront dans la composition des huit recettes du déjeuner, sans oublier la salade sauvage. On est en plein hiver et il va falloir apprendre à identifier les petites pousses tendres qui deviendront parfois, à commencer par les orties, des plantes beaucoup plus imposantes. Des pousses tendres mais particulièrement odorantes que Nathalie incite ses « élèves » à froisser pour mieux les identifier.
La collecte commence dans le potager du CPIE, non pas pour y récolter les légumes encore endormis, mais identifier les espèces pissenlits et traquer les « mauvaises herbes » qui peuvent s’avérer des auxiliaires les plus intéressantes de la cuisinière. On commence par l’achillée qui permettra de parfumer les œufs mimosa puis par l’ortie que même les enfants identifient sans problème. Et puis le plantain, herbe médicinale renommée qui peut aussi se manger en salade.
Le parc du château d’Azay n’a plus aucun secret pour Nathalie qui le parcours comme le rayon légumes d’un grand magasin pour conduire sa petite troupe enthousiaste vers l’oseille sauvage, la pimprenelle, l’alliaire ou la primevère, sans oublier le lierre terrestre (attention celui qui grimpe le long de vos murs est toxique, lui) ou la benoîte dont le parfum des radicelles rappelle celui du clou de girofle.
Deux heures plus tard la récolte est identifiée et photographiée pour que chacun puisse retrouver dans la nature les ingrédients qui correspondent aux fiches de cuisine. Les tâches ont été réparties pour élaborer des boulettes de chèvres frais à l’ortie, une omelette à l’ail sauvage, une crème de plantain et les fameux croissants à l’achillée.
Petits et grands broient, malaxent et salivent aux bonnes odeurs qui ont envahi la cuisine du CPIE. Rien de tel qu’un bon repas pour redonner l’envie de réussir ce fameux défi.

Pierre Belsoeur


Cinq mois plus tard où en est-on ?

Dans la cuisine du CPIE, chacun met la main à la pâte.

En accueillant la douzaine de visiteurs autour d’un petit déjeuner Nathalie les a d’abord félicités. « La deuxième saisie de résultats a été parfaitement réussie » (1).
Cindy, la maman d’Eloïne, Corentin cueilleur émérite et Simon qui a participé à la balade dans le porte bébé ventral tire un premier bilan de l’expérience. « Nous avons procédé aux deux relevés et je constate que l’on dépense une dizaine de centimes en moins par repas. On mange un peu moins et mieux. On achète moins de choses toutes faites. Il faut cuisiner davantage, c’est une affaire d’organisation. Nous avons un potager et un poulailler pour les œufs. Les légumes viennent du potager de Velles, nous trouvons des produits fermiers bio sur le marché de Châteauroux. Pour la viande on achète en commun à un éleveur qui n’est pas dans notre secteur et on congèle. Mais on peut aussi la remplacer par des lentilles pour avoir notre ration de protéines. Je suis sage-femme alors forcément je suis sensible à l’environnement que nous laisserons à nos enfants.
Pour Karine de l’équipe Kaleïdoscope, « tous les membres de l’équipe pratiquement sont en maison individuelle, si bien que nous produisons nos légumes et nous avons un producteur bio dans l’équipe. En revanche je trouve le relevé de prix plus que contraignant. En fait je participe au défi pour le partage, l’échange, trouver des solutions pour ma démarche végétarienne. Mais je n’aurai pas de réponse à ma question sur le coût. Le bio, je le ferai à moins cher avec mon potager et en cueillant des plantes sauvages. Je suis la seule de l’équipe à cet atelier, mais je ferai un compte rendu pour tous les autres membres.»
Patrick, lui, regrette de n’avoir aucun contact avec l’équipe de Martizay. « Je garde mes relevés à chaque fois que j’achète dans un magasin bio. Je me retrouve avec un tas de tickets dont je ne sais pas trop quoi faire. En fait ma démarche bio est de longue date et je crois que je vais la poursuivre sur une base individuelle. »
La bande de l’Aïl des Ours, de Luant, qui a formé l’équipe « Les fées de serre » paraît être la plus investie. De là, à ce que l’on retrouve une équipe de l’Indre sur le podium en juin 2018 lors de la proclamation des résultats…
P.B.
(1) Au cours du défi les participants doivent communiquer trois relevés de leurs achats alimentaires sur quatorze jours. C’est à dire identifier ces achats (quantité, prix, origine géographique, bio ou non bio…), mettre de côté leurs factures et remplir un tableau pour définir combien de convives ont participé à chaque repas pendant cette période de quatorze jours. Ces données sont enregistrées et communiquées à un serveur informatique afin d’effectuer les calculs et de rapporter les données brutes au nombre de convives.