En prison mais « à l’air libre »


Le Secours Catholique du Loir-et-Cher organisait une soirée débat sur le thème de la prison, vendredi 13 janvier, avec la projection du documentaire « A l’air Libre » de Nicolas Ferran et Samuel Gautier, au cinéma Les Lobis, à Blois.

Le documentaire « A l’air libre » présente la ferme de Moyembrie, une structure unique en France, située dans la vallée picarde, qui accueille des détenus en fin de peine, sous le régime du placement extérieur. Sous la forme d’une association, des salariés et bénévoles accompagnent des personnes souhaitant se reconstruire et rebâtir un projet de vie après avoir connu un passage en milieu carcéral. Les détenus y exercent des activités de maraîchage et d’élevage et écoule leur production bio (fruits, légumes, viande, œufs, fromages, yaourts), en lien avec six associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP). La diffusion du film, vendredi 13 janvier, au cinéma Les Lobis, à Blois, était suivie d’un débat avec Jean Cael, responsable national du département « prison – justice » du Secours Catholique, Martine Joly, présidente du Secours Catholique de Loir-et-Cher et René Beltoise, directeur du service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) de Loir-et-Cher, en collaboration avec la Fédération des associations réflexion-action, prison justice (Farapej).

« Une utopie réalisée »

En effet, ce documentaire pose la question de la difficulté de se réinsérer dans la société après la prison et montre que cette ferme de Moyembrie est « une utopie réalisée », un moyen idéal de transition entre la prison et le retour à la liberté. Mais cette structure est difficile à reproduire car cela demande des investissements importants et de nombreux partenariats. Par ailleurs, le placement extérieur des détenus repose aussi sur leur motivation et leur capacité à supporter ce régime de contrainte cadré par le Code de procédure pénal. « Il y a une trentaine de structures de placement extérieur sur le même mode en France », explique René Beltoise. à Blois, par exemple, l’association les Jardins de Cocagne accueille des personnes en placement extérieur ou en travail d’intérêt général (TIG) pour faire du maraîchage. Le placement extérieur présente de nombreux avantages pour les personnes qui en bénéficient, mais aussi au niveau économique. Cependant, ce régime n’est pas applicable à tous les détenus et le bracelet électronique, plus simple à mettre en place, s’est beaucoup développé ces dernières années. Il y a aujourd’hui plus de 10 000 détenus sous bracelet sur les 68 000 que compte la France. « En Loir-et-Cher, il y a actuellement cinquante détenus sous bracelet électronique, entre 120 et 140 à la maison d’arrêt de Blois et 800 à 850 purgent une peine en milieu libre », précise René Beltoise. Le Secours Catholique souhaiterait que les aménagements de peine soient privilégiés, mais aussi agir plus en prévention. « La prison n’est pas une bonne solution pour la réinsertion des gens et l’aménagement de peine permet d’avoir moins de récidive », souligne Jean Cael. L’association soutient les détenus et les aide à reprendre confiance en eux pour mieux se réinsérer dans la société. « Un soutien et un environnement fraternel sont déterminants pour des personnes qui n’ont pas eu l’habitude d’en avoir », ajoute Martine Joly. Les associations caritatives qui œuvrent dans les prisons aident également à maintenir un lien avec l’extérieur et les familles des détenus, ce qui est fondamental pour les personnes incarcérées.

Chloé Cartier-Santino