Engrillagement en Sologne : Quatre PPL et surtout, une sanction pour les intrus ?


Selon Raymond Louis, président de l’association des “Amis des chemins de Sologne”, le problème de l’engrillagement des grandes propriétés existe depuis plus de 20 ans. Les lignes et clôtures depuis l’an dernier semblent bouger mais…
Est-ce la mise en examen pour “complicité de diffamation” du Petit Solognot et de cette association précitée sur ce dossier, qui aura braqué le projecteur et éveillé les consciences, notamment politiques ? Ou peut-être est-ce aussi le fait d’une société qui change, qui tout en étant parfois violente, rejette la cruauté de tous acabits, et qui se préoccupe davantage du vivant et l’avenir humain qui y est lié, et notamment du bien-être des animaux dont l’homme fait partie ? Toujours est-il que l’an 2021 aura eu la particularité de générer d’un coup quatre propositions de lois (PPL) sur le sujet : le député LREM du Cher, François Cormier-Bouligeon, a déposé en novembre 2021 la sienne « visant à lutter contre l’engrillagement des forêts françaises ». Avant lui, citons celle de Bastien Lachaud (LFI, mai 2021), “relative à l’interdiction des mises sous enclos d’animaux sauvages à des fins de chasse,” ainsi que celle de Guillaume Peltier (ex-LR, nouvellement parti Reconquête) « visant à lutter contre l’extension de l’engrillagement de parcelles privées et à renforcer le droit de propriété» (janvier 2021). La dernière PPL en date est produite par le sénateur LR, Jean-Noël Cardoux, adoptée à l’unanimité par la commission des affaires économiques du Sénat mi-janvier 2022, même si elle avait été, elle aussi, déposée en 2021, en octobre (“visant à limiter l’engrillagement des espaces naturels et à protéger la propriété privée”). Mais… Si les choses paraissent se bousculer dans le bon sens, certains experts et amoureux de la nature s’inquiètent encore – sous couvert d’anonymat car selon eux, menacés de mort par le monde de la chasse pour leurs prises de position; le député Cormier-Bouligeon a pour sa part reçu mi-janvier une lettre sans mot mais avec poudre noire et plombs de chasse – et trouvent que les textes en règle générale sur ce sujet sensible créent surtout un délit d’intrusion sanctionnant le promeneur. Toujours selon ces sources, l’infraction aurait régulièrement changé d’intitulé, s’incrustant sournoisement dans divers autres textes : délit d’entrave à la chasse, délit d’entrave aux activités légales (abattoirs, chasse, etc.), délit d’entrave aux missions de service public, etc. Comme pour les nouvelles clôtures qui nous ont été signalées érigées sur la commune de Ligny-Le-Ribault dans le Loiret (sur Theillay également dans le Loir-et-Cher), le seul mérite d’aborder ces questions dans nos colonnes n’est en aucun cas de prendre position mais de poursuivre notre rôle d’information, de lancer et d’ouvrir le débat qui visiblement passionne particulièrement depuis une année mondes politique et citoyen. Et malgré des critiques émises par les uns et les autres, rien n’est jamais parfait ! Mais point positif : il est possible de se féliciter de l’intérêt porté au dossier de la Sologne entravée qui aurait pu tomber dans l’indifférence générale, à l’abri des grillages. Les procédures baillon récemment lancées contre journalistes et associations en Centre-Val de Loire auront sans doute généré l’effet inverse escompté, à savoir libérer la parole et braquer davantage les projecteurs sur les excès, dans le respect du droit de propriété… et de ses limites.
É.R.