Gaz vert : la région Centre aux avants-postes pour 2050


Les deux entreprises de distribution de gaz naturel, GRDF et GRT-Gaz, se félicitent de pouvoir injecter du Bio-gaz (bio-méthane) dans leur réseau. Elles le peuvent depuis le décret de loi de 2019. En région Centre-Val de Loire, les perspectives sont particulièrement prometteuses pour les prochaines décennies.
Le prix du gaz augmente, la planète chauffe, les réserves s’épuisent, alors comment sortir de ce qui ressemble à une impasse ? Le gaz vert est une solution d’avenir évidente. Les recherches menées depuis de nombreuses années permettent aujourd’hui de développer des technologies très fiables. On sait désormais produire du méthane à partir des bio-déchets de nos cuisines et de notre agriculture. Le méthaniseur de Lamotte-Beuvron en est un exemple. Ces gaz verts contribueront à l’objectif de neutralité carbone voulue à l’horizon 2050.
Les opérateurs de réseaux de transport et de distribution de gaz viennent de publier un scénario qui nous éclaire, à la fois sur l’évolution de la consommation de gaz, et sur la dynamique locale des gaz renouvelables, bio méthane et hydrogène.

Le compte est bon
En région Centre-Val de Loire, 430 000 foyers sont chauffés au gaz naturel ; s’y ajoutent les très nombreuses entreprises qui utilisent le gaz pour leur activité industrielle.
Pour la neutralité carbone en 2050, le scénario se base sur un nouvel équilibre : une baisse de consommation de l’ordre de 24% dans le bâtiment résidentiel et tertiaire (du fait de l’isolation et les chaudières à condensation). Dans le même temps, une forte hausse de la consommation pour la mobilité, en particuliers le transport de marchandise et de personnes. « La production de bio méthane augmentera significativement, précise Caroline Renaudat, directrice régionale GRDF. Et 90% du gisement viendra du terrain agricole ». Cela doit permettre de faire baisser l’émission de gaz à effet de serre de 40%, et la consommation résidentielle de 2030 devrait ainsi être couverte à 65%.
Désormais, 22 sites injectent du gaz vert en région Centre. Si Chateau-Renard (45) fut le premier dès la fin 2016, puis la station d’épuration de La Riche (Indre-et-Loire), l’un des plus gros contributeurs est désormais à Lamotte Beuvron (41). 73 nouveaux sites sont inscrits pour l’avenir.

Une technologie mature
« C’est une affaire de filière complète, explique Caroline Renaudat. Il y a une très large participation des collectivités, mais aussi des banques, des assureurs, et des services de l’État, dont la DREAL, aux côtés du monde agricole ».
Et la recherche continue. En 2025 arriveront de nouvelles filières, parmi lesquelles la gazéification hydrothermale, pour traiter certains effluents liquides ; la Pyrogaézification ; et même le Power to gaz, pour produire de l’hydrogène et des gaz de synthèse.
Pour les véhicules, il existe cinq stations d’avitaillement en région Centre actuellement, 50 sont prévues d’ici 2030, pour les bus, les cars Rémi, les bennes à ordures, les poids lourds et même les voitures de particuliers.
« La technologie est mature, et même très développée en Italie et en Allemagne. À des coûts abordables », précise Amaury Mazon, délégué territoriale GRT Gaz.
Au fait… combien GRT Gaz et GRDF investiront pour ces technologies dans ces prochaines années ? « Nous sommes gestionnaires de réseaux, rappelle Amaury Mazon. Nous investissons pour leur adaptation aux besoins du moment. Il s’agit désormais d’aller chercher les sources de bio gaz, éloignées des réseaux existants. C’est ce que l’on appelle le maillage ». En Centre-Val de Loire, cela représente 50 M€ sur dix ans.
Cette région, avec son important patrimoine agricole, sera donc l’une de celles à avoir la plus grande part de gaz vert, couvrant 34% de la consommation.
Et si le biogaz reste encore plus cher que le gaz fossile, (le bio-méthane a encore besoin d’être subventionné), en augmentant les rendements, il deviendra l’une des énergies vertes les moins chères.
Des discussions sont en cours avec toutes les collectivités pour qu’il soit produit localement, ce qui réduit les coûts d’installation de réseau et donne du sens au projet.

Stéphane de Laage

 

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Bio gaz en Centre-Val de Loire
13.474 Km de réseau.
15,5 GW de gaz, actuellement 20% de la consommation énergétique de la région.
430 400 foyers chauffés au gaz naturel dans la région.
2,2% de bio méthane (et même 10% dans les réseaux du Cher).
Des perspectives très prometteuses !