Grande agglomération Bourges, Vierzon, Châteauroux : Gil Avérous botte en touche


• Gil Avérous , maire de Châteauroux
Gil Avérous - copie
« Pas d’alliance sans continuité géographique»
Le maire et président de la communauté d’agglomération «Châteauroux Métropole» assiste en spectateur à l’initiative conjointe de Pascal Blanc, maire de Bourges et Nicolas Sansu, maire de Vierzon qui souhaitent profiter du nouveau schéma intercommunal de coopération pour travailler ensemble. «Déjà, note Gil Avérous, il n’existe pas de continuité géographique entre les deux communautés d’agglomération. Je ne vois donc pas comment une telle démarche pourrait aboutir, et sur quels thèmes se ferait cette mise en commun. C’est encore plus vrai entre Châteauroux , Bourges et Vierzon. Cela dit j’entretiens les meilleures relations avec mes collègues du Cher, avec Pascal Blanc en particulier avec lequel je mène actuellement une réflexion sur le traitement des ordures ménagères.»
Précisons que le projet de schéma départemental de coopération n’a pas la même médiatisation dans l’Indre que dans le Cher. Gil Avérous en a retenu qu’elle s’adresse à des communautés de plus de trente mille habitants. « Or à ma connaissance il n’en existe qu’une dans l’Indre». Il craint également que les grosses communautés se partagent l’essentiel du gâteau et que les petites ne recueillent que les miettes.
Après avoir fini à marche forcée les regroupements de communes il s’agit désormais d’attaquer une nouvelle étape de mutualisation-regroupement.
Pierre Belsoeur
• Pascal Blanc « le train de l’histoire qu’il ne faudra pas regarder passer… »
Pascal Blanc
Le Petit Berrichon : Ce rapprochement Bourges, Châteauroux, Vierzon : toujours d’actualité ?
Pascal Blanc : Il faut procéder étape par étape. La première, serait qu’on rapproche la communauté Bourges Plus et la communauté Vierzon Sologne Berry. C’est une étape très importante dans la construction d’un territoire  plus attractif et plus résistant en termes économiques sociaux et financiers. Maintenant, vous le constatez, rien n’est acquis, on le voit avec les remous que cette proposition  génère. Pourtant, j’en suis intimement convaincu, cette entité  forte serait une formidable  dynamique pour l’ensemble des communes y participant. Les craintes des petites communes de se voir « avalé » sont un non sens car bien au contraire, les zones rurales seront plus à même de jouer leur rôle et ainsi, ensemble, tirer vers le haut le département tout entier. Étendre à Châteauroux, c’est beaucoup plus compliqué car c’est un autre département et le cap est difficile à surmonter. Dans les faits pourtant, il est possible de réaliser des rapprochements. Nous avons lancé avec mes collègues de Châteauroux, Saint Amand et Montluçon, le Réseau des Villes pour faire en sorte que nous ne soyons plus concurrents mais complémentaires.
L.P.B.Travailler ensemble sur de grands projets au delà de tout esprit partisan : çà aussi c’est possible ?
P.B. : Vous savez, il nous faut absolument sortir de ce marasme financier dans lequel se trouvent de nombreuses communes sur notre territoire. Être un peu intelligent et dépasser les frontières pour travailler sur des projets communs à diminuer les coûts d’investissements et fonctionnement dans l’intérêt de nos administrés. Un exemple concret : Nous avions lancé pratiquement jour pour jour l’an dernier, le projet  de mutualiser nos moyens afin de bâtir une usine de traitement des déchets ultimes pour Bourges, Châteauroux, Saint Amand, Vierzon et pourquoi pas Issoudun, Le Blanc. Voilà une future réalisation qui va dans le bon sens car par exemple, Bourges Plus vu les normes européennes et les charges lourdes imposées, ne pourrait plus faire face. Cette mutualisation va donc donner une bouffée d’oxygène appréciable à nos finances.
L.P.B. : Les atouts si souvent cités de ces trois villes mais aussi de celles qui pourraient s’y ajouter : quand allez-vous, élus et politiques les mettre enfin en action ?
P.B. : Depuis trente ans que je suis à Bourges, j’entends la même rengaine que le département du Cher est oublié au sein de la Région. On peut continuer à pleurer sur notre sort pendant des dizaines d’années mais je ne suis plus sur ce schéma et d’autres collègues partagent mon avis. Qu’est ce qu’on peut faire ? La situation actuelle nous donne l’occasion de se regrouper et faire en sorte déjà, que cette grande agglomération Vierzon-Bourges soit une communauté affichée comme troisième pôle économique derrière Orléans et Tours. On pourra s’appuyer alors sur les territoires du sud comme Châteauroux, Saint Amand et pourquoi pas étendre à la Région Rhône Alpes, Auvergne avec Montluçon. Nous avons un territoire maillé par le ferroviaire, l’autoroutier, l’aérien avec ces quatre villes du Berry. Ces liaisons naturelles sont un atout considérable et tout converge vers cette chance à créer des synergies pour mieux exister et tirer tous les avantages d’une grande Agglomération ou l’on développera l’économie, les transports, le tourisme ; là où les entreprises trouveront une terre d’accueil. Les atouts de notre territoire sont identifiés, à nous maintenant de les développer et à plusieurs c’est mieux que rester seul.
L.P.B. : Votre conclusion ?
P.B. : Nous sommes à un virage de notre histoire sur ce territoire et nous avons une opportunité de le développer et le faire vivre mieux dans l’intérêt de tous. Nous n’en aurons plus avant longtemps et le temps perdu ne se rattrape jamais. Alors, si on ne veut pas une nouvelle fois n’avoir que nos yeux pour pleurer, il faut prendre ce train de l’histoire. Fédérer, proposer, lutter pour ce territoire et pour qu’ensemble nous puissions  bâtir de solides fondations. C’est un projet ambitieux certes mais je le crois parfaitement réalisable. A ce sujet, j’ai écrit au Secrétaire d’Etat à la Réforme territoriale André Vallini pour lui expliquer notre démarche.
Jacques Feuillet
• Nicolas Sansu « C’est une chance historique de créer un troisième pôle régional d’équilibre »
sansu
Le Petit Berrichon : Pourquoi jeter ce pavé dans la mare d’un rapprochement Bourges-Vierzon ?
Nicolas Sansu : Le schéma préfectoral défini par la commission départementale de coopération intercommunale (CDIC) ne convient pas.  Il ne prend pas à bras le corps les véritables enjeux du territoire et les intérêts des populations du Vierzonnais ! C’est une chance historique de créer un troisième pôle régional d’équilibre. Ainsi, de Chartres à Guéret, d’Orléans à Montluçon, de Tours à Nevers et de Châteauroux et Bourges, à Montargis, Vierzon resterait la seule ville du grand centre de la France à ne pas être en communauté d’agglomération et à perdre pour cela des dizaines de milliers d’euros de dotation de l’État chaque année. De même, le fait que ni Méreau, ni Vignoux, ni Foëcy, ne soient avec Vierzon est incompréhensible. Ne pas inclure les villes et villages limitrophe, et qui compose un même bassin de vie est une grave erreur . Du coup, il fallait mettre un coup de pied dans la fourmilière … Il fallait surtout montrer à tous que si nous restons comme nous sommes nous allons crever chacun dans notre coin ! Alors tentons de faire des choses. Essayons de bouger les lignes afin de ne pas se scléroser et de mourir à petit feu dans nos communes, ou nos communautés de communes rikiki.
L.P.B. : Un rapprochement avec Bourges, n’est-il pas un projet utopique ?
N.S. : Il faut faire fi de l’antagonisme, s’il existe réellement, entre nos deux villes. Un rapprochement avec Bourges, ce n’est donc pas obligatoirement utopique. Il faut que l’on additionne nos atouts au lieu d’être en concurrence. La couleur politique importe peu si on veut sauver ce qui peut l’être. Il faut même aller encore plus loin. C’est à dire penser en communauté berrichonne avec Bourges et Châteauroux. Nous avons, à Vierzon, deux autoroutes et une gare importante. Châteauroux à, entre autres, son aérodrome et Bourges son capital historique et industriel. Les trois peuvent faire quelques chose d’intéressant.  Cela va être vite une question de survie. Et nos différences n’ont rien d’insurmontable face à l’intérêt des habitants du Cher, voir du Berry tout entier.
L.P.B. : Que pensez-vous quand certains parlent d’un coup politique pour faire payer aux petites communes le déficit des plus grandes ?
N.S. : C’est une erreur d’analyse des petites communes, mais pas seulement d’elles, que de croire cela. Nous avons voulu parler d’une réelle contre-proposition pour faire avancer les choses. Tout le monde bénéficiera de la force de cette nouvelle agglomération aussi bien en terme de stratégie que de financements. Et ceux qui pensent que l’on pourra s’en sortir seuls, se trompent ! Aujourd’hui, il n’est pas possible d’accepter de s’étioler sans rien faire. Nous devons donc tout faire pour éviter que certains, parce qu’ils ont peur de perdre quelques prérogatives, fassent en sorte que l’on meurt dans le Cher par consentement mutuel. Si une telle fusion se faisait nous aurions une taille proche de 170 000 habitants. Cela constituerait un poids certain pour peser au niveau régional.
Fabrice Simoes