Guérisseurs et remèdes d’hier


Les gens de la campagne allaient souvent voir les guérisseurs, bien avant de consulter un médecin, lorsqu’ils étaient malades. Ils utilisaient également les pouvoirs des fontaines miraculeuses. Ils s’y rendaient en pèlerinage. Ainsi lors de la procession de Pentecôte à Notre Dame de la Bouzanne à Aigurande, les femmes emportaient les langes de leurs nourrissons qu’elles trempaient dans la source pour les protéger des convulsions car on avait l’habitude de dire qu’un enfant ayant des convulsions était attaqué des saints.
Les guérisseurs utilisaient des formules magiques, un peu secrètes, mais ils utilisaient également les vertus des plantes qu’ils connaissaient bien. Le don qu’il possédait se transmettait de génération en génération avec obligation de le léguer à une personne plus jeune. Aujourd’hui encore cette médecine irrationnelle reste ancrée dans les esprits.
L’un des dons les plus courants était celui de « barrer le feu ». Il y avait bien dans chaque village un homme ou une femme ayant hérité de ce savoir à qui on faisait appel, non pas pour guérir la brûlure, mais pour empêcher la douleur, tout simplement en récitant des formules magiques ou de courtes prières. Certains réussissaient même à soigner à distance sur une simple photo. D’autres étaient spécialisés dans le traitement des zonas ou encore intervenaient auprès des bébés pour les empêcher de souffrir quand ils mettaient leurs dents. De même une piqûre de guêpe ou d’abeille traitée en temps voulu devenait immédiatement indolore. De petits miracles quotidiens souvent réalisés par un membre de la famille qui possédait le don. Plus spécialisé, le panseux de varin, traitait les morsures de serpents afin d’empêcher l’action nocive du venin. Mais les guérisseurs, selon le cas, utilisaient aussi les herbes, les onguents capables de soulager. Secrets de la médecine paysanne qui se conservaient précieusement dans chaque famille. Pour les brûlures, les anciens préconisaient des compresses de carottes râpées ou de l’eau de millepertuis obtenue en laissant macérer des fleurs dans de l’huile.
Les guérisseurs collectaient des plantes qu’ils faisaient sécher ou broyaient avant de les distribuer à leurs malades. D’ailleurs la pharmacie de chaque famille ne renfermait ni fioles, ni comprimés, mais des plantes récoltées au fil de l’année, capables de faire face à toutes les situations. La camomille pour les yeux, l’eau de coing pour le mal de ventre, la tisane de houx pour les convulsions, les queues de cerises pour uriner,le cresson et les feuilles de ronces pour les maux de gorge, le sureau pour les refroidissements. On croyait beaucoup principalement aux vertus des plantes cueillies durant la nuit de Saint Jean. Il en était de même pour la rosée utilisée pour laver les plaies et les enflures. On se transmettait également des recettes de potions ou d’onguents. Ainsi on se frottait avec des orties pour se soulager des rhumatismes. On portait autour du cou une chaussette remplie de cendre chaude pour lutter contre le mal de gorge. On appliquait de la bouse de vache fraîche sur les brûlures.
Quant aux problèmes osseux : entorses, étirements, déplacements, il fallait se rendre chez le rebouteux qui remettait tout en place.
Jeanine Berducat