Guide de pêche, pas un vrai métier mais presque


Daniel et Yohan, absorbés dans l’observation d’une mouche de pêche.

Il vaut mieux être passionné. La formation dure neuf mois, l’activité est saisonnière. L’activité occupe les week-ends et vacances… avec l’accord de la famille. Rencontres au salon de la pêche de Châteauroux.
Lorsque votre grand-père vous emmenait à la pêche, il jouait le rôle de guide de pêche sans le savoir. Daniel Souchet reconnait d’ailleurs que c’est son grand-père qui lui a communiqué le virus. Mais désormais, guide de pêche, c’est un métier, en ce sens qu’il réclame une formation longue, sanctionnée par un diplôme professionnel d’Etat. Les deux guides croisés sur le salon de Châteauroux sont passés par Ahun, une commune de la Creuse où est installé le Centre national des métiers de la pêche qui délivre le fameux « brevet professionnel moniteur guide de pêche » mais forme aussi des directeurs de centres de loisirs, des gardes-pêche particuliers, ou des gestionnaires de piscicultures.
Enfin un métier, si l’on est recruté par une fédération départementale pour assurer animations et interventions techniques tout au long de l’année. Daniel, notre Buzançéen et Richard Martinez, qui officie près de Blois, l’exercent en indépendants en complément de leur activité principale.
Daniel Souchet a reçu son diplôme en décembre 2017, un sésame récompensant un parcours opiniâtre, mais « la patience est la première qualité du pêcheur » reconnaît-t-il. Au départ il ne pensait pas faire de sa passion une activité professionnelle. « Animateur d’un club de pêche à la mouche j’avais contacté Ahun car je souhaitais apprendre les bonnes techniques pour ne pas transmettre des choses erronées à mon club. Et puis Yoan (N.D.L.R., le formateur d’Ahun) m’a proposé cette formation de neuf mois… »

Daniel artiste de la mouche
Une formation qu’il fallait financer. Daniel, responsable qualité chez Zodiac (pas le constructeur de bateaux, mais de sièges d’avions), a mis trois ans à obtenir ce financement. « La première année c’est l’entreprise qui a dit non, faute de temps pour former un remplaçant, la deuxième c’est le CIF qui n’avait plus les moyens de me financer, la troisième a donc été la bonne. « Heureusement la détermination de Daniel était restée entière. Il a accepté une perte de salaire et a appris, à plus de quarante ans le métier d’animateur auprès d’enfants, d’adultes ou de handicapés. Pour leur faire découvrir la pêche, mais aussi pour les former à une démarche éco-citoyenne. « C’est neuf mois à fond, des rapports à rédiger, un énorme apprentissage dans la manière de transmettre. » Et puis soixante spécialistes haut de gamme de toutes les variétés de pêche viennent leur transmettre leurs connaissances.
A la sortie, Daniel est plus qualifié pour apprendre la pêche à la mouche, mais il proposera aussi des sorties pour découvrir le patrimoine des bords de l’Indre. Il peut également passionner les enfants à la découverte et l’identification des insectes des rivières et de leurs rivages. « Pour leur montrer que la rivière est un milieu vivant qu’il faut protéger… mais aussi fabriquer des mouches qui vont correspondre à cet environnement. »
Car Daniel reste un passionné de pêche à la mouche, des mouches qu’il fabrique lui même et transmet son savoir au sein du club.
« Cette démarche est gratuite, ce que je transmet en professionnel ce sont les cours de pêche à la mouche. Une activité de week-end et de vacances d’été, car il n’est pas question d’abandonner mon travail. Ca ne peut être qu’un revenu complémentaire. Je travaillerai en particulier avec le camping de Buzançais ».
Pierre Belsœur
Daniel Souchet : 06 60 74 35 51 – mail : alamouche36free.fr
Comptez 90 € pour une demie journée de cours, matériel compris.


Richard aime le carnassier
Richard est plus jeune, mais plus expérimenté que Daniel. A 36 ans, il attaque sa huitième année de guide de pêche. Lui aussi s’est formé à Ahun et possède son diplôme d’Etat. Installé près de Blois, il bénéficie de la fréquentation touristique du Val de Loire. Cette activité ne peut toutefois être que complémentaire même si son métier de peintre décorateur lui offre davantage de souplesse pour s’adapter aux demandes des clients. « La grosse saison c’est évidemment l’été. Lorsqu’une famille séjourne dans le secteur le papa peut s’offrir une matinée pêche pendant que le reste de la famille vaque à d’autres occupations. » La spécialité de Richard, c’est le carnassier. Une pêche qu’il continue de pratiquer. « Ne serait-ce que pour préparer mes sorties avec clients. Il vaut mieux éviter la séance sans touche, même si ça fait partie des risques du métier. » Richard avoue d’ailleurs ne pas détester déguster un beau sandre ou une perche appétissante même si en règle générale, il remet, comme Daniel, le poisson à l’eau. Il fait pratiquer la pêche du bord, mais aussi en float tube ou en bateau. Mais il initie également ceux qui le désirent à la pêche « à la grattée » où l’on attire le goujon en remuant les pieds dans l’eau.
Pratique : Richard Martinez « Pêche évolution.com » 06 30 61 29 94 / richard_m@alive.fr Cours: 68€ la journée par personne (quatre heures de prestation) pour un groupe de 4. 185€ en bateau seul avec le moniteur.
165€ en float tube (132€ avec deux personnes maxi). P.B.