Il n’y a pas que Zemmour dans la vie, y a la pêche aussi…


On a toujours les candidats que l’on mérite. C’est un truc déjà exprimé par ailleurs mais pas encore assimilé. C’est une preuve que nous ne sommes pas prêts de se sortir le cul des ronces… Qui peut être un bon candidat quand une société érige les émissions de télé-réalité en nouvel art de vivre ? Qui peut être un bon candidat quand les débats politiques sont menés par de pseudos humoristes devant de nouveaux publics ignares et incultes surtout ? Qui peut être un bon candidat quand les réseaux sociaux font et défont, au travers de sondages faussés, le résultat d’une élection pas encore ouverte ?
Dépassé le cadre municipal, là ou la connaissance du terrain et le clientélisme effacent tout le reste, seuls les bons communicants, ceux qui ont fait force de vente en première langue, et connaissent le manuel du petit populiste peuvent trouver place. La dérive est encore plus nette depuis quelques mois !
On se souvient du petit Nicolas de Neuilly. Il se regardait dans la glace, se rasait et se voyait président. Pas d’interrogation devant le miroir magique de Blanche Neige, « Miroir mon beau miroir dis moi qui est la plus belle ? ». Il savait qu’il irait ! N’oublions pas François, le président normal, et ses quinze séquences de « Moi président de la République… ». Il savait qu’il irait. Plus avant, Jacques le grand, celui du cul des vaches, de la Corona, du sumo et de la tête de veau, attendait ça depuis des lustres. Même sans la grâce du « mangez des pommes » de sa marionnette, il le savait qu’il irait depuis toujours.
Aujourd’hui, nous avons un candidat qui ne sait pas s’il ira. Normalement pas avant la parution de ce billet. Sans être candidat, Éric Zemmour, nouveau Gargamelle à la chasse aux Schtroumpfs, fait d’ores et déjà des propositions qui ressemblent fortement à des arguments de campagne. Dépassé le cadre de la publicité pour fourguer son dernier bouquin à des mamies énamourées et aux anciens du bar de la Marine. Notre non-candidat-écrivain-journaliste-polémiste envisage quelques aménagements du Code de la route. Supprimer le permis à points, les limitations de vitesse actuelles, en ville, sur autoroute, voilà des options politiques claires qui vont dans le sens d’une vie meilleure pour demain. Une vraie option politique qui doit titiller les idées de bulletin de vote des plus récalcitrants. Il ne reste qu’un pas à franchir, celui d’une déclaration, pour ne faire qu’un avec nos deux Zemmour, façon Joséphine Baker, un à l’oral et un à l’écrit.
On raconte bien des histoires sur Zemmour. Les Rita disent même qu’en général elles finissent mal. D’autres que ça dure toujours. Des fois ça fait du bien. Des fois ça fait du mal. Léopold Nord et Vous a digressé sur « Qu’est-ce qui monte, qui rime avec toujours, c’est la mer, c’est Zemmour, c’est Zemmour, mour, mour, mour ». Auteur à succès populaire, il confond populace avec peuple. Le populisme c’est son credo. Éric s’est spécialisé. En ces temps où les idées émergent du maelstrom de la beaufitude décomplexée, il n’est pas seul. Il est en osmose avec Donald Trump ou Viktor Orban. Nouvel Ulysse, Homère s’est planté sur le temps d‘attente, le populisme c’est son cheval de Troie, son fer de lance, son glaive d’apparat, sa cape d’invisibilité. François Joffrin estime que : Éric Zemmour est atteint par la « vieille histoire maurassienne, autoritaire, traditionaliste et antisémite, se contentant de remplacer la haine des Juifs par la dénonciation de l’islam. » Jaloux, va !
Quand on a que Zemmour. À s’offrir en partage. Au jour du grand voyage. Ben faut pas s’étonner qu’on aille à la pêche. C’est pas Brel qui dira le contraire …

Fabrice Simoes