La filière défense en pointe


Alors que la ministre de la Défense Florence Parly a validé la première commande de 500 missiles MHT, pour l’hélicoptère d’attaque Tigre, à Bourges sur le site MBDA, une étude vient de démontrer que la filière défense est un vecteur économique incontournable en région Centre-Val de Loire, et plus encore dans les départements du Cher et de Loir-et-Cher.
Si on obère les questions existentielles quant à la légitimité de la vente d’armement, à qui, à quoi, pour qui, pour quoi, force est de constater que la filière défense est un secteur qui « profite d’un contexte économique plutôt favorable, soutenu par un bon niveau de commande publique, malgré les répercussions de la pandémie mondiale. » C’est du moins ce qu’a annoncé Dev’Up, l’agence de développement économique régionale, en fin d’année dernière, lors d’une visite de l’entreprise ASB, à Bourges. Ce n’est pas l’annonce de commande, quelques jours plus tôt, faite par Florence Parly, sur le site de l’usine de MBDA Bourges, qui démontrera le contraire. Ce sont plusieurs centaines de millions d’euros de chiffres d’affaire et 600 emplois, tant en recherche développement qu’en production, qui seraient pérennisés… Selon la direction des programmes de l’équipementier, la commande « représente 600 équivalents temps plein (ETP), avec tout de suite sur le développement 350 ETP, 30 à 40 % de sous-traitance, et puis 250 ETP lorsqu’on partira en production, dont une grosse moitié de sous-traitance… La production se fera plutôt sur le site MBDA de Selles-Saint-Denis. » De nouveaux emplois au sein de l’unité du cœur de la Sologne, mais aussi sur Bourges, telle devrait être la conséquence positive de cette commande !
Au regard de l’étude, la situation de la filière est assez positive. « Troisième pays exportateur mondial d’armes en 2019, la France a consacré cette même année un budget mission défense de 35,9 milliards d’euros. Avant l’épidémie de coronavirus, les chiffres annoncés pour 2020 marquaient une nouvelle progression avec des perspectives de croissance de + 3 à + 4 % de vente d’armes dans le monde…Bourges, capitale régionale de la filière défense, fait partie « des filières d’excellence du Centre-Val de Loire. » assure Dev’up. Avec 229 établissements répartis sur le territoire régional, la filière défense-armement emploie 20 562 salariés. Le Loir-et-Cher a cependant beaucoup perdu de sa superbe à la fin du siècle dernier avec les fermetures successives des sites de Giat, SM 5, Matra Défense et de l’Etamat pour une déflation d’environ 2 000 emplois, sur le secteur de Salbris. Cependant avec le Loiret, les deux départements concentrent 40 % de l’effectif global. Quant au Cher, à lui seul, il accueille près d’un tiers des effectifs dans 49 établissements. Bourges occupe ainsi la place de capitale régionale de l’industrie de la défense avec 17 établissements actifs et 3 470 salariés (18 % de l’effectif total) et ce malgré de nombreuses restructurations.
Dans un contexte où de nouveaux enjeux stratégiques se dessinent, il semble inévitable que de nouvelles pistes de développement se présentent dans les domaines du numérique, de la cybersécurité ou le maintien en condition opérationnelle (MCO) des équipements militaires. Des démarches qui pourraient redonner un peu du lustre d’antan sur le secteur de l’emploi.

F.S.