La gauche contre-attaque… Enfin, laquelle-lesquelles ?


Le scrutin départemental de juin 2021 fait sortir les aspérités et les flingues. Côté socialistes, tandis que l’union “en commun” est vantée en visio par certains, d’aucuns ressemblent à la “lonesome cowgirl” sur le bord du chemin enherbé “autrement”. Prises de températures à Blois.
À gauche, certes, mais où exactement ? En amont des élections départementales qui auront bien lieu en juin comme escompté, le Parti Socialiste (PS) du 41 tire le premier et joue pour sa part son avenir “en commun” avec des associés apparentés, Europe Écologie Les Verts (EELV), La France Insoumise (LFI), le Parti Communiste ( PCF), ainsi que le mouvement daté de 2017 de Benoît Hamon, Génération.s (G.s). L’annonce fut réalisée en visio-conférence le 7 avril, sous une bannière de campagne encerclée de coloris vert et rose, surplombée d’une salamandre dite de rassemblement, dénommée donc “Loir-et-Cher en Commun”. “Nous avons voulu nous rassembler pour ces élections, nous possédons des convergences réelles,” confirment à l’écran Axel Dieuzaide (G.s), conseiller municipal à Blois dans la majorité Gricourt, et Frédéric Orain, premier secrétaire fédéral PS 41. Cet accord est un levier, ce projet est historique, c’est une première dans ce département.” Cette “union” a pour vocation, selon les motivations déclamées en distancié, via les voix de Denys Robiliard (ex-député), Benjamin Vételé (conseiller départemental sortant, ex-Loir-et-Cher Autrement), François Thiollet (EELV), Sylvaine Ravion (EELV), ou encore Cédric Marmuse (conseiller municipal délégué à la ville de Blois), entre autres candidats conviés le 7 avril pour la session de présentation en vidéo, “de rapprocher et rendre transparent un échelon départemental opaque pour les citoyens, d’apporter une alternative au Conseil départemental après les ères Maurice Leroy puis Nicolas Perruchot, loin des mécanismes de clientélisme, avec un programme démocratique, participatif et collaboratif, éthique, égalitaire, dans un dialogue social, écologiste et humain, pour changer l’instance départementale; avec des binômes, parfois novices en politique, qui veulent tous faire valoir leurs convictions sur le terrain.”

Haro sur la déviation de Chémery
Les binômes sont en effet déjà calés (*) et même si leur feuille de route détaillée demeure elle à peaufiner, parmi les axes et pistes dégagées en co-construction, ont été citées la défense de l’emploi et de la jeunesse (pas un mot sur l’entreprise…), la lutte contre la désertification médicale, la lutte contre les inégalités sociales et les privilèges, la priorité donnée au vivant et au climat. Concernant l’agence d’attractivité, ils et elles ont noté “une erreur de consacrer 400 000 euros pour un projet hors compétence”. Aussi, dans la ligne de mire, ils et elles mettent particulièrement en cause les déviations. “Ce n’est pas possible partout, comme en ruralité où c’est compliqué, mais il faut inciter le covoiturage et les mobilités douces; le vélo n’est pas juste un loisir. Également, il faut atteindre le zéro artificialisation de sols et aider le monde agricole pour une saine transition écologique,» ont notamment martelé Cédric Marmuse (candidat sur Vineuil) et Estelle Tronson (candidate sur Montrichard). “La transition écologique, ce n’est pas sauver l’environnement mais d’abord sauver l’humanité. Un exemple probant, la déviation de Cellettes. Nous ne sommes pas contre tout, nous ne démentons pas son utilité dans le quotidien des habitants; non, nous dénonçons le gigantisme du projet routier, plus une saignée inappropriée dans la forêt ! Pourquoi quatre voies et pas une solution moins importante ? Nous émettons d’ailleurs quelques réserves, pour les mêmes raisons, sur la déviation prévue à Chémery. Idem pour la seconde sortie d’autoroute à Blois; l’avenir n’est pas au tout-voiture. Pas de fatalisme. L’atout, l’attractivité du Loir-et-Cher sont le cadre de vie; la crise du coronavirus et les citadins qui fuient les grands centres l’ont démontré. Il convient par conséquent de ne pas multiplier, de ne gaspiller l’argent public et d’effectuer les bons choix.”

Autrement, détonant, mais unis, ça dépend
Cela paraît simple sur le papier… Et sinon, l’union crée la force, vraiment ? Car une poignée demeure sur le bord du tracé, et la gauche semble effectivement très plurielle, rassemblée… et toutefois, en même temps, éclatée ! En aval du scrutin précité, le groupe «Loir-et-Cher Autrement” (LCA), dirigé par l’autre gauche qui se présente “ de sensibilité démocratique, de l’écologie et de la République”, celle de Geneviève Baraban (oui, ok, exclue du PS en 2020 puis non puis oui, dur à suivre!), s’affiche en cavalier seul à la Lucky Luke, sur une selle de Calamity Jane. Ici, rien n’a fuité puisque, comme l’a déclaré l’élue départementale Baraban, accompagnée de Michel Contour, ancien maire de Cellettes, “notre premier pion à peine avancé, il s’est fait dégommer ! Nous, nous souhaitons travailler dans la sérénité, éloignés d’une politique à la Grand Papa où on tire en public. Les citoyens en ont assez. Nous ne voulons pas de polémiques. Nous souhaitons garder nos cantons bien sûr. Néanmoins, nous ne sommes pas un nouveau parti politique, nous n’aurons pas des candidats partout. Nous les dévoilerons en toute indépendance le 11 mai, après la limite du dépôt des binômes fixés en préfecture au 10 mai.” Patience et lors d’un point presse en présentiel organisé à l’Hôtel du Département le 8 avril, LCA a jugé pour sa part «l’agence d’attractivité indispensable” et a estimé que “la déviation de Cellettes, qui ne fut pas une lubie mais presque une question de santé publique, a plutôt généré des expropriations que détruit la forêt”. Avant de recentrer son propos sur les éléments de bilan les plus marquants de son mandat 2015-2021 au Conseil départemental (fonds FAREVA pour les associations; attention à la modernisation des collèges; JOB41, RSA et clauses d’insertion dans les marchés publics; plan illettrisme; protection renforcée des enfants et des familles; protection de la biodiversité, etc.).. « Contrairement à ce qui a été dit, nous n’avons pas été des Béni-oui oui. Quand nous sommes convaincus, nous ne lâchons rien et pouvons dire non, et également, ensemble, ça n’empêche pas, on peut construire, cela peut bien se passer. L’exemple de la passerelle à Blois en duo par le Département et Agglopolys le prouve,” ont insisté Geneviève Baraban et Michel Contour. Et autant de disparités dans une façade à gauche, unifiée … ou disloquée. C’est selon le côté, cour ou jardin. Et on ne vous parle même pas des régionales…

Émilie Rencien

(*) Pour la liste des candidats, consulter la page Facebook Loir-et-Cher en commun.