La nouvelle est tombée comme un coup de tonnerre sur la Sologne, fin novembre : Pierre Jaffré venait de décéder, chez lui, à l’âge de 78 ans, dans son environnement familial et professionnel qu’il chérissait tant et dont il avait fait fructifier, comme ses amis paysans locaux, l’une des richesses, à savoir l’élevage bovin, auquel il a consacré toute sa passion.
Une passion reprise par ses successeurs familiaux qui ont amené plusieurs bêtes en concours locaux et régionaux avant de se rendre au Salon de l’agriculture à Paris pour une consécration qui a rejailli sur tout le Loir-et-Cher, via quelques poids lourds de taille, champions bovins mondiaux toutes catégories, dont Royal en 1987! Né près de Nantes en juin 43, Pierre Jaffré était venu s’installer à Neung-sur-Beuvron avec ses parents, pour cause de surpopulation agricole en Bretagne. Sa rencontre avec Anne-Marie Vaslin de La Marolle-en-Sologne le dirigea vers cette commune où à 22 ans il décida, en visionnaire éclairé, de remplacer les vaches laitières par des bovins de viande de la race Maine Anjou ou Rouge des Prés, nourris sur place avec les produits de l’exploitation, céréales et foin en priorité. Président-fondateur de la section cantonale du CDJA de Neung, en 1968, Pierre Jaffré en deviendra membre du bureau départemental avant de fonder le groupement des éleveurs de Sologne deux ans plus tard et en assumer la présidence. Il fit de même pour la coopérative d’hygiène sanitaire qui atteignit jusqu’à 1 350 adhérents! On le retrouve à la Chambre d’Agriculture où il siègera pendant 28 ans en occupant le poste de président de la section bovins-croissance, mais aussi au sein de la fédération de défense contre les organismes nuisibles, assesseur auprès du tribunal des baux ruraux, membre de la société départementale d’agriculture au poste de vice-président puis de président du comité d’organisation du comice puis des comices annuels… Chevalier, puis officier et commandeur dans l’Ordre du Mérite Agricole, Pierre Jaffré avait été fait chevalier dans l’Ordre National du Mérite par Maurice Leroy, alors député et président du Conseil départemental, en octobre 2013. Répondant aux éloges de son parrain Maurice Leroy, Pierre Jaffré, qui a toujours refusé des mandats politiques locaux, avait affirmé avec force, en rappelant que ce qu’il avait prôné, en son temps, en matière de protection sanitaire avait peut-être évité de la casse avec la première crise de la vache folle, «Il faut savoir être des précurseurs, en agriculture, comme dans d’autres domaines, en respectant les budgets, les subventions, les aides, et, surtout, les femmes et les hommes qui travaillent, encore, la terre, en sachant rester humbles». Humble, il le fut toute sa vie et avec sa disparition en cette fin d’année 2021, tout un pan de la modernisation de l’agriculture et de l’élevage part avec lui. En Sologne, mais aussi dans tout le Loir-et-Cher, on le regrettera. Paix à son âme.
Jules Zérizer
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Hommage moscovite
De Moscou, Maurice Leroy nous a fait parvenir ce message, à la suite du décès de Pierre Jaffré. “Je suis très affecté et profondément touché par le décès de « Pierrot ». C’était un infatigable travailleur, un paysan passionné. Il a tant œuvré en faveur des éleveurs. Inlassablement. Sans lui, il n’y aurait jamais eu et il n’y aurait pas de contrôle laitier mis en place en partenariat étroit avec le Conseil Général de Loir-et-Cher. Sa vie a été consacrée à l’élevage .Le plus Solognot des Solognots, Pierrot rayonnait dans la profession bien au-delà de sa Sologne et de notre Loir-et-Cher. Pas un Comice agricole, pas un Salon de l’Agriculture à Paris, dont il fut le solide pilier, n’aurait pu avoir lieu sans lui. Et puis ce qui comptait le plus aussi pour lui c’était sa famille. Son épouse sans qui il n’aurait jamais réalisé tout ce qu’il a entrepris. Et aussi Fredo, son fils, et Antoine, son petit-fils, en leur transmettant sa passion de l’élevage et son savoir-faire exceptionnel.
Tu vas nous manquer Pierrot! Repose en Paix.”
