La peur du vide n’évite pas les dangers


Acrophobes de tous les pays, vous n’êtes plus seuls. Les cieux sont avec vous, les scientifiques aussi. C’est le monde qui est à vos côtés. Selon des chercheurs du Harvard & Smithsonian Center for Astrophysics – tout sauf des imbéciles – notre système solaire dans son ensemble se situerait au centre d’une immense bulle de vide galactique. Quantiquement, il semble que le vide irait bien plus loin que le bout de notre nez. Puisque nous sommes au milieu du vide, nous sommes cependant une parcelle de celui-ci. Ciel, diantre, fichtre, la terre ne serait pas plate et tout ne tournerait donc pas autour de nous, de nos égos, et de notre nombril devenu plus gros que notre ventre.
Cette découverte est bien la preuve que le manque n’est pas un vide, ni une fin en soi. Certains de nos élites ne le/la connaîtront probablement jamais. Exemple, on ne connaît pas de vide professionnel pour les ex à Manu. Ainsi, notre ex-Premier ministre, Jean Castex, rejoue une nouvelle version de Zazie dans le Métro. Il est devenu patron de la RATP. Autre cas de figure, dans une interprétation de « Martine à la mer », on retrouve Didier Lallement, ex-préfet de police de Paris. C’est celui qui n’aime pas les supporters de Liverpool, ville portuaire, et vient d’être nommé secrétaire général de la Mer. Ce sont, à minima, des parachutes, pour l’un comme pour l’autre, afin que la vie ait toujours un sens et ne pas sauter dans le vide en quelque sorte. Les mauvaises langues vous parleraient de recyclage des invendus, voire d’ invendables. Placards dorés pour bons soldats de la République, serait un terme plus juste. Il suffisait donc de traverser la bonne rue. À l’âge où beaucoup envisagent la retraite, usés par tant de peines accumulées, et souhaitent faire le vide, d’autres empruntent les passages piétons pour aller vers des voies toutes tracées. Pour faire le plein, ou pas, de quoi ? On ne sait pas.
Parce que, justement, le vide est parfois un trop plein. Celui de nos réseaux si asociaux qu’ils en puent de leur immonde crasse de débilités. Et quand le néant ouvre des horizons insoupçonnés, on a du souci à se faire, même si nous ne sommes pas grand-chose face à ce vide. Pierre Dac, juif, résistant, anti-fasciste, de surcroît humoriste (autant de qualificatifs qui, séparément ou dans son ensemble, constituent le must de tout ce qui irrite les adhérents RN) ne manquait pas de le rappeler : « un homme parti de rien pour ne pas arriver à grand-chose n’a de merci à dire à personne ». Docte sentence même si le vide, évidemment, n’est pas rien… On peut donc sciemment être aussi basique qu’Hanouna, ce qui n’est pas une insulte mais en l’espèce un jugement de valeur, et ne pas être seul au centre du vide. Ils sont plusieurs millions à le rejoindre à travers leurs écrans.
Autre vide, celui intersidéral des esprits embrumés des idolâtres de tous bords, de leurs atteintes à cette laïcité qui fait le sel de notre civilisation, de leur incommensurable bêtise, de leur inextricable sectarisme. C’est ce vide et ce trop plein qu’a dénoncé Mickaelle Paty lors de la remise du 1er prix au nom de son frère Samuel, à la Sorbonne. Il existe toutes sortes de vide, mais celui-là est mortifère !
Au 10 Downing Street, toujours une histoire de vide, temporaire cette fois. On s’est dit qu’un seul être pouvait manquer et tout serait dépeuplé. Dans la foulée de la démission de Liz Truss, Boris Johnson a failli revenir pour pallier cette carence. Du néant aurait surgi le vide ou l’inverse, puisque le vide n’est pas rien (bis repetita ), et que Bojo et Liz sont tellement dissemblables et tellement ressemblant.
En conclusion, la nature a horreur du vide : un verre à moitié vide est aussi un verre à moitié plein. Le vide c’est rien et c’est tout à la fois, comme pouvait l’être Jérusalem dans le Heaven of Kingdom de Ridley Scott.

Fabrice Simoes