La Sologne côté science


Abandon de l’activité de pisciculture et biodiversité en Sologne

Les étangs de Sologne sont inclus dans une exploitation socio-économique traditionnelle par la pisciculture et/ou par la chasse. Cependant, il existe une tendance à l’abandon de l’activité de pisciculture, même extensive (non intensive) comme en Sologne, du fait d’un faible retour sur investissement. La production de poissons est ainsi passée de 10 500 tonnes en 2000 à 8 000 en 2010 en France dans les régions piscicoles et seulement 25 % des étangs sont régulièrement exploités. Des études ont montré que les populations de canards en Europe Centrale et de l’Est sont menacées par une gestion « déficiente » des étangs. La question de l’influence de cet « abandon » sur la biodiversité se pose aussi en France. Qu’en est-il en Sologne ? Une étude (Référence : J. Broyer et al., European Journal of Wildlife Research. 62 : 325-332 (2016)) de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage tente d’y répondre malgré la complexité de la question car de nombreux paramètres peuvent jouer un rôle. 60 étangs sur les 3000 que compte la Sologne ont été sélectionnés pour cette étude (voir Figure) et subdivisés en trois catégories : (1) étangs vidés, puis empoissonnés, tous les ans ou au moins tous les deux ou trois ans, (2) étangs vidés pour la dernière fois il y a entre 4 et 10 ans, (3) étangs non vidés depuis plus de 10 ans. L’étude s’intéresse aux canards de surface et aux canards plongeurs (Colvert, Fuligule milouin, Fuligule morillon, Souchet, Chipeau, Sarcelle d’été, Sarcelle d’hiver). Cette étude montre que le nombre de couples de canards est plus important pour les étangs de catégorie (1), tant chez les canards de surface que chez les canards plongeurs. De plus, le rapport du nombre de couvée par couple de canards est supérieur pour les étangs de catégorie (1) comparativement aux étangs de catégories (2) et (3). Cette étude tend donc à montrer que l’entretien régulier des étangs de pisciculture contribue de manière positive à la biodiversité. Le soutien, via des aides publiques, apporté à la filière piscicole aurait donc non seulement un intérêt économique mais aussi environnemental. Cette politique serait de plus cohérente avec trois directives européennes visant à la préservation du potentiel écologique de ces zones.

Laurent Catoire

ENSTA ParisTech