La Sologne sous surveillance incendie


L’année 2022 aura été une année difficile pour les sapeurs-pompiers. En France, 72 000 hectares ont brûlés, c’est huit fois plus que la moyenne. Les massifs forestiers de Sologne et du Loiret ne sont pas à l’abri de tels sinistres. Dans le cadre du « Fonds vert », doté de deux milliards d’euros pour accélérer la transition écologique, les départements du Loiret, du Cher et du Loir-et-Cher, unissent leurs moyens pour anticiper les risques.
« Il faut absolument protéger les forêts d’Orléans et de Sologne », martèlent ensemble Marc Gaudet, président du conseil départemental du Loiret et Christophe Fuchs, directeur des pompiers. Et ce, au regard des années passées : en 2016, ce sont les inondations qui mobilisaient les unités de secours. Depuis, ce sont les sécheresses et les canicules, donc les feux de forêts, qui ont pris le relais. On se souvient de juillet 2019, 16 feux simultanés, 645 ha brûlés, et de juillet 2020 en Sologne : 245ha dans le secteur de Vienne en Val et Tigy sont partis en fumée.
Christophe Fuchs insiste : « l’an passé, on a contenu 380 départs de feux. Mais on n’en a pas parlé car les pompiers ont été opérationnels » !
La Sologne reste pourtant vulnérable. 340 000 ha sont désormais placés sous surveillance incendie, 122 communes concernées, 70 dans le Loir-et-Cher, 32 dans le Loiret et 20 dans le Cher. Si au Nord d’Orléans, on a une forêt de chêne, plus à l’est, les massifs sont essentiellement constitués de résineux, comme la forêt de Sologne avec ses pins et ses fougères. Des forêts publiques ou privées, difficile de gérer tout l’espace, en particulier quand il y a des maisons isolées par quelques kilomètres de chemins. Seuls des arrêtés préfectoraux peuvent imposer aux propriétaires le débroussaillage, l’entretien des sous-bois et des chemins d’accès pour les matériels de secours. « Il faut donc travailler collectivement, avec l’identification des risques partagés ». Pour assurer la surveillance préventive, voilà donc le lancement d’une démarche innovante.

Une démarche innovante
Il s’agit doncd’une surveillance des feux naissants avec de nouvelles technologies, car les caméras sur les châteaux d’eau ne sont pas suffisantes pour se projeter.
Une étude est ainsi engagée, portée par le Département du Loiret, travaillée avec ses deux voisins, le Cher et le Loir-et-Cher. 150K€ engagés pour définir les bonnes solutions et les matériels adéquates qu’il faudra déployer dès 2024. C’est la préfète de Région qui validera les choix. « On peut notamment faire appel au satellite et aux caméras thermiques, explique Christophe Fuchs. Mais au-delà des dépenses effectives, il faut aussi anticiper à la maintenance à venir, et aux ressources humaines associées, notamment la formation de spécialistes pour la mise en œuvre des matériels, souvent très pointus ».
La question est d’agir précocement. Comment pré-positionner des équipes sur le territoire ?
Où l’on parle également de quadrillage du territoire et de positionnement de points d’eau, des citernes mobiles installées en des endroits stratégiques ; 28 sites ont déjà été identifiés pour les accueillir.

Changement de paradigme
« Nous n’avions pas dans notre région la « culture » du risque sévère de feux de forêt et d’espaces naturels, explique le patron des pompiers. Pourtant, un feu, c’est rapidement beaucoup de moyens humains (une vingtaine de sapeurs par feu) et de camions engagés ; d’où le choix de matériels qui permettront de minimiser les personnels ».
Le 25 juillet 2019, 16 feux s’étaient déclarés simultanément ; quel est celui qu’il faut traiter en premier ? Pour prioriser, il faut des moyens aériens ou des personnels au sol pour faire de la reconnaissance partielle. « On a pris en compte ces observations pour pré-positionner des moyens, explique Christophe Fuchs. Sept territoires ont été définis, avec des gardes pour les pompiers professionnels, et des astreintes pour les sapeurs volontaires ».
Le corps des sapeurs-pompiers travaille aussi avec un représentant des agriculteurs qui divulgue les bonnes attitudes à avoir.
Rappelons enfin que huit feux sur dix sont dus à l’activité humaine : cigarette, travaux agricoles, chantiers, sans oublier l’inconscience de certains, voire la malveillance. La protection est l’affaire de tous !

Stéphane de Laage