La vie de Jean-Marie Pellerin, de A à Z, avec ses grands-mères…


Jean-Marie Pellerin a toujours adoré les mamies. Il a tout consigné dans un livre.

Les grands-mères lui ont bien rendu, pendant plus de 60 ans, cette passion folle qu’il leur a consacrée toute sa vie durant, dès qu’il a eu l’idée de s’occuper d’elles, en les bichonnant, caressant, lustrant, avec ou sans polish, et même en les chevauchant, pour ne pas utiliser le mot montant, considéré comme trop trivial, aujourd’hui. Il avait la fâcheuse habitude de les prendre à bras-le-corps et savait, mieux que quiconque, faire grimper le compte-tours de leur adrénaline respectueuse et respectable. Aucune, entre 80 et 90 ans, ne résistait à son charme, surtout quand il effectuait un saut de lapin ou de carpe, jambes repliées et canotier bas, dès que l’une d’elles pointait sa carrosserie. Ce fut vraiment de l’amour fou entre ce saltimbanque et les vénérables mamies.
Mais, calmons-nous et ne nous méprenons pas, car, en fait, il s’agit de voitures anciennes auxquelles Jean-Marie Richard dit Pellerin (J-M. P.) a voué un culte que personne d’autre avant lui n’aurait osé pratiquer…
Cette histoire, peu ordinaire, aujourd’hui, est tout de même à recadrer à la sortie de la seconde guerre mondiale où tout un chacun pensait à s’amuser pour oublier. Fans de la commune libre de Montmartre où il se frotta, moustache frémissante et conquérante, à quelques scènes de cabarets, il attribua le même statut à sa commune natale de Saint-Georges-sur-Cher, en baptisant «Commune libre de La Chaise», le hameau de ses origines familiales.

De 2 à 4 heures…, en trois lieux

Hameau où il ne faillit jamais revenir, vivant, un sursaut de patriotisme lui ayant fait rejoindre les rangs du maquis et de la Résistance en trichant sur son âge, dès le 2 août 44, juste avant ses 15 ans (29/8/28!). Blessé à la jambe gauche et au pied droit, il fut sauvé par une voisine et amie, Madeleine Bonvallet, l’embarqua avec ses enfants en rejoignant le territoire de la France Libre.
Après avoir lancé l’ascension de la rue Lepic, à Montmartre, par des véhicules anciens, mais pas encore classés «Grands-Mères automobiles®», en marche arrière, ce qui recueillit un énorme succès, J-M. P. exporta ses respectables tacots vers «La Chaise» pour, copie des 24 heures du Mans, Les 2 Heures…
Le succès fut immédiat. La rencontre avec le duo d’imprimeurs, Monique et Jean Rollin, vite transformée en amitié fraternelle, ainsi que l’adoption de toute l’équipe de «L’Éveil de Contres», vit naître «Les 3 heures de Contres» dans les années 60…De 4.000 spectateurs, la première année, on monta à plus de 30.000 vers la fin, dans la capitale des asperges, avant que le concept ne rejoigne le chef-lieu départemental avec «Les 4 heures de Blois».
Les normes de sécurité, les nouveaux jeux du cirque, la télé, l’usure de l’équipe, sauf quelques amis très sincères, eurent la peau de ce qui restera comme l’une des plus grands aventures festives du Loir-et-Cher. On ne compte pas le nombre de personnalités, de tous horizons, venus donner le coup d’envoi des épreuves, ni les fans de «grands-mères» de plus en plus mordus, sans oublier certaines vocations consacrées à l’automobile. S’il y avait seulement 5 clubs de voitures anciennes en 1957, on en compte aujourd’hui plus de 1.200, rien qu’en France. Car les grands-mères, telles des cigognes, sont allées exporter cette folie dans d’autres pays d’Europe, via le Tour de France, puis ailleurs, par les vénérables aïeux de nos voitures électriques de ce jour.
Tout ce rappel, concentré, est développé, avec une mémoire fantastique par Jean-Marie Pellerin qui a présenté son livre «Ma vie, de A à 2», dès sa sortie de presse à l’imprimerie Rollin, gérée par Antoine, le fils de Monique et Jean, précités.
En compagnie de quelques proches, Jean-Marie Pellerin, à l’aube de ses 90 ans, toujours l’œil pétillant, la moustache bien taillée et la tête plein de souvenirs, souhaite faire partager aux autres ce qu’il a engrangé en souvenirs en quelque 230 pages, calibrées par Martine Gautier, écrivain public.
Le tout est aéré, facile à lire et constituera une page de l’histoire des fêtes en Loir-et-Cher. Jean-Marie Pellerin continue de «sauter», dans sa tête, toutes les grands-mères qu’il aura séduites dans sa vie d’amuseur public. Et ça vaut mieux que de lancer une guerre…

Jules Zérizer

Contacts : Jean-Marie Pellerin, «La Chaise», 10, rue du Prieuré, 41400 Saint-Georges-sur-Cher (06 08 31 99 02 ou 06 47 02 83 35).

Prix : 28,75 euros, dont frais de port (8,75€), par chèque bancaire.