Lamotte-Beuvron : De l’Assemblée nationale au suffrage universel


L’association des Amis de Bayeux, qui a pour objet de rassembler ceux qui adhèrent à la pensée gaulliste et à valoriser son héritage, a organisé le 18 mars une conférence dont le thème était « De la IVe à la Ve République, entre le régime des partis et l’élection présidentielle au suffrage universel -1953-1962. Elle a été et présentée par Mathieu Geagea, ancien directeur de cabinet, du Conseil départemental de Loir-et-Cher et ancien directeur du Mémorial de Colombey-les-deux-Eglises.
Illustrant ses propos par des images d’archive, le conférencier Geagea a démontré l’importance du rôle du Général de Gaulle dans ce changement majeur de la vie politique française. Le 16 janvier 1946, Charles de Gaulle en visite à Bayeux présente lors de ce qui restera dans les mémoires, le discours de Bayeux, sa vision de la Constitution française, proposant un régime présidentiel fort où le rôle du Président de la République serait renforcé. L’élection présidentielle de 1953, suite à l’annonce de Vincent Auriol qui ne briguerait pas un second mandat, a apporté la preuve de la fragilité des institutions de la IVe République . En effet, à cette époque, le Président de la République était élu par la Chambre des députés et le Sénat réunis, en ce que l’on appelait l’Assemblée nationale (aujourd’hui le Congrès), au château de Versailles à partir du 17 décembre 1953. Pour la première fois, l’élection présidentielle fut retransmise en direct à la télévision. Ce fut un feuilleton à répétition qui dura dix jours dans un climat politique instable en raison de la guerre d’Indochine. À l’issue du premier tour, Joseph Laniel, président du Conseil (premier ministre de Vincent Auriol) fut en tête des suffrages, sans obtenir la majorité absolue nécessaire pour remporter l’élection. Il en fut de même pour les 2e, 3e, 4e, 5e, 6e, 7e, 8e, 9e et 10e tours….Après celui-ci, Joseph Laniel se retira et proposa la candidature de trois sénateurs dont René Coty qui obtint la majorité absolue lors du 13e tour le 23 décembre 1953. Le septennat de René Coty, 17e Président de la République française qui débuta le 16 janvier 1954, fut marqué par la décolonisation, une période de croissance économique et des crises ministérielles à répétition. Le 29 mai 1958, René Coty fit appel au général de Gaulle pour former un gouvernement et réformer les institutions. Le 4 octobre 1958, la Ve république est née. René Coty ne va pas au terme de son mandat et en décembre 1958, Charles de Gaulle est élu Président de la République par un collège élargi.

Place au suffrage universel
En 1962, la Constitution de la Ve République va connaître un changement majeur suite à l’attentat raté du Petit-Clamart perpétré contre de Gaulle par l’OAS, le 22 août 1962. Lors du conseil des ministres du 12 septembre 1962, Charles de Gaulle propose l’organisation d’un référendum sur l’élection du président de la République au suffrage universel. Tous les ministres approuvent à l’exception du ministre de l’Éducation nationale qui donne sa démission. Le 20 septembre, le général de Gaulle fait une allocution télévisée : « Je crois devoir faire la proposition au pays que le Président de la République soit élu au suffrage universel au terme de mon mandat », dit-il à l’antenne. Cette proposition approuvée par la population fut mal accueillie par la classe politique qui compara de Gaulle à Louis-Napoléon Bonaparte qui devint Napoléon III. Le 2 octobre 1962, une motion de censure est demandée contre le gouvernement du Premier ministre Georges Pompidou et le 4 octobre, Charles de Gaulle s’adresse de nouveau aux Français à la télévision : c’est « une obligation d’assurer après moi une République solide. Françaises, Français, le projet que je propose, que le Président de la République, votre Président, soit élu dorénavant par vous-même, est rien de plus français. » Le 5 octobre, l’Assemblée nationale vote la motion de censure et le gouvernement Pompidou est renversé, ce qui consolide le président de Gaulle dans sa détermination : le 6 octobre, il annonce qu’il dissout l’Assemblée nationale. Georges Pompidou est maintenu dans ses fonctions de Premier ministre en attendant les élections législatives. C’est un fait inédit : un gouvernement censuré continue. Le 28 octobre 1962, 62,2% des électeurs approuvent par référendum le vote du président de la République au suffrage universel. Le 7 novembre suivant, Charles de Gaulle précise dans une allocution télévisée que les élections législatives à venir sont la continuité du référendum : « Puissiez faire en sorte que cette deuxième consultation n’aille pas à l’encontre de la première. », dit-il aux Français. Les 18 et 25 novembre, les élections législatives offrent une belle marge de manœuvre au gouvernement de Georges Pompidou. Le 5 décembre 1965, Charles de Gaulle est élu au suffrage universel pour un deuxième mandat, faisant de lui le premier Président de la République directement adoubé par les électeurs français. Après cette page d’Histoire, notez que les Amis de Bayeux, présents à toutes les célébrations patriotiques lamottoises, organiseront une excursion d’une journée en septembre à Colombey-les-deux-Églises.
F. M.