Lamotte-Beuvron : L’adaptation au changement climatique passe par les initiatives locales


Après deux ans d’interruption pour cause de crise sanitaire, la 17e édition des Rencontres intersolognotes organisées par le Comité Central Agricole de Sologne (CCAS) s’est tenue le 14 mai au Parc équestre fédéral, sur le thème « L’adaptation de la Sologne au changement climatique »

« Bernard Divisia, notre président d’honneur, en proposant le thème du changement climatique faisait un choix très pertinent au regard de cette évolution climatique dont les incidences sont patentes sur nos forêts, nos étangs, nos milieux humides, notre agriculture », reconnaît Dominique Norguet, président du CCAS, avant de dénoncer «certains programmes envisageant les arasements de retenues d’eau, les effacement de seuils de moulins, voire la dérivation des écoulements d’étangs reliés en chaînes depuis des temps immémoriaux. Comment imaginer que de tels bouleversements, dans un contexte de changement climatique, n’aient pas d’incidence sur la biodiversité exceptionnelle des milieux humides de Sologne ? Sur le territoire solognot marqué par la présence multi séculaire de quelque 3000 étangs, de nombreuses rivières, de retenues d’eau, de seuils de moulins, d’écosystèmes aquatiques remarquables et complexes, de massifs forestiers variés, d’une agriculture marquée par une forte déprise et en reconversion, l’eau est aujourd’hui au cœur du débat. »

Pour Christian Lévêque, président honoraire de l’Académie d’agriculture de France, « l’homme s’est adapté à la nature pour avoir la sécurité alimentaire et physique. Le climat a toujours été variable. L’adaptation aux changements climatiques doit se faire au niveau local par une expérimentation partagée et non par des lois normatives. »

Dans son intervention, Guillaume Benoît, ingénieur général des eaux et forêts, a reconnu que l’agriculture et la forêt jouent un rôle considérable pour la lutte contre la dérive climatique, l’enjeu n’étant pas d’opposer l’homme et la nature.
Vincent Hennequart, pisciculteur à Saint-Viâtre et producteur de caviar, a fait part de son expérience, constatant que l’augmentation de la température permet d’avoir une période de croissance plus longue avec des hivers plus doux avec un effet négatif, la glaciation des étangs offrant une période de répit pour les poissons contre les oiseaux. Le réchauffement climatique rend aussi difficile la lutte contre les espèces invasives comme le ragondin, le cormoran et la jussie. Depuis 40 ans, le nombre de vidanges d’étangs a baissé, ce qui augmente la sécheresse.

Catherine Brenon, responsable eau et environnement à la Chambre d’agriculture de l’Allier, a fait part de ce qu’il se passait dans ce département qui est le premier en France par la densité d’étangs, avec la mise en place du programme Agrifaune qui a pour but d’accompagner le monde agricole face aux questions environnementales.

Frédéric Thomas, agriculteur-éleveur à Montrieux-en-Sologne, a présenté l’agriculture de conservation qui implique la présence permanente de végétaux sur les sols, ce qui a pour avantage en été de refroidir les sols et de séquestrer le carbone. De même, la présence d’animaux (moutons solognots et vaches de race Angus) sur les parcelles favorise l’activité biologique des sols. Aussi, pour Gilles Lemaire de l’Académie d’agriculture de France, l’association entre agriculture et élevage est la base d’une agriculture durable, cette association devant être totalement revisitée en évitant toute séparation entre les deux, l’animal fertilisant le système.
L’avocat spécialisé en droit de l’environnement, Louis de Redon, a conclu les débats, précisant « qu’il faut une écologie de la transition et de l’accompagnement, le droit devant prévoir une certaine souplesse afin de permettre l’expérimentation avec un sentiment de respect et de bienveillance vis-à-vis de ceux qui essayent. »

F. M.