Lamotte-Beuvron : Le cheval guérisseur


Les 28 et 29 mars a eu lieu au parc équestre fédéral le congrès Cheval et Diversité organisé par la Fédération française d’équitation où cent cinquante professionnels de l’équitation et de la santé, venus des quatre coins de la France se sont retrouvés pour évoquer comment le cheval peut soigner et aider les personnes en situation de handicap ou de difficultés sociales.

Ce congrès faisait suite aux assises Cheval et Différences où deux ans plus tôt, les acteurs des mondes de l’équitation et de la santé se sont rencontrés afin de travailler ensemble pour que la Fédération française d’équitation les accompagne dans une démarche qualité. En effet, les activités équestres s’inscrivent à la fois dans un parcours sport et santé, dans un parcours individuel de soins et dans une dynamique de lien social. Le cheval ou poney, être vivant, favorise la motivation et le développement psycho-moteur, tout en étant aussi un vecteur d’inclusion et d’apprentissage des valeurs citoyennes.

Remarcher grâce au cheval

La première matinée était consacrée au thème « Se reconstruire avec le cheval, le syndrome post traumatique et la rééducation fonctionnelle avec les équidés ». Les docteurs Eric Pantera, médecin chef du centre de rééducation fonctionnelle de Pionsat (63) et Pierre-Marie Bougard, médecin au centre de rééducation de Bel Air (37) ont fait part de leurs expériences dans l’utilisation du cheval dans la rééducation fonctionnelle dans un milieu paramédical ou médical.  « Mettre un patient handicapé à cheval n’est pas anodin car cela crée en permanence un déséquilibre qui va aboutir à des adaptations posturales qui vont créer des stimulations, indique le docteur Pantera. Monter à cheval au pas entraine trois cents mouvements et deux mille ajustements posturaux. Le mouvement symétrique gauche droite du cheval occasionne un balancier du patient qui entraine une situation proprioceptive. »  Les séances d’hippothérapie qui permettent de rompre la monotonie de la rééducation de ces patients qui sont là pour des mois ou des années se déroulent dans un cadre propice au bien-être des personnes avec des chevaux calmes et confortables, avec des allures régulières. La rééducation à la marche dont les effets se ressentent au bout de trois semaines seulement se fait au moyen des longues rênes où le patient suit le cheval à pied en calant ses foulées avec les postérieurs du cheval.

L’ADC Benoit Cheronsac a ensuite témoigné de son expérience d’accompagnement des blessés de guerre ayant subi des troubles post traumatiques et du projet Mise A Cheval des Grands Blessés destiné aux personnes tétraplégiques. « Il est important pour ces patients de prendre de la hauteur à cheval en sortant du fauteuil roulant et de retrouver des sensations, du bien-être et du lien social. », indique l’enseignant d’équitation militaire.

Une aide pour les autistes

Après un déjeuner animé par des démonstrations commentées de cavaliers de para-dressage, ont eu lieu des échanges sur le cheval partenaire dans l’éducation à la santé. Le lendemain a été consacré à l’autisme avec le témoignage d’Amélie Tsaag-Valren, jeune écrivain autiste qui confir « le cheval qui ne juge, ni harcèle a toujours été pour moi un refuge dans les moments les plus difficiles », évoquant s’être réfugiée dans un box pour échapper à ses camarades qui la harcelaient pendant un séjour en colonie de vacances équestres quand elle était enfant. Le docteur Laurence Hameury, pédopsychiatre ayant exercé au CHU de Tours ayant mis en place des séances avec des poneys pour des enfants autistes, a indiqué que le contact avec le cheval et l’équitation a des effets physiologiques, diminuant l’hormone du stress et suscitant la production d’endorphine, de sérotonine et d’ocytocine, ce qui a un effet bénéfique pour les personnes autistes car l’ocytocine favorise le traitement des indices sociaux, la compréhension des interactions sociales, tout en diminuant les comportements répétitifs.

Le docteur Remi Faucher qui a animé un centre de soins avec le cheval à Saint-Pourçain-sur-Sioule (03) a ensuite traité des psychologies de l’adolescent, âge de l’heure des choix où le jeune doit se construire une sécurité intérieure, conseillant aux enseignants d’équitation ayant affaire à des adolescents en difficulté de s’intéresser à eux, leur demander de qu’ils attendent car un jeune qui se sent en échec fait appel à un tiers adulte. Les adolescents en effet ne veulent pas être aidés mais être écoutés. « En valorisant les progrès de vos élèves, en développant une pédagogie positive, en favorisant les échanges et le plaisir de faire ensemble, les adolescents vous surprendront dans le bon sens. Soyons générateurs de valeurs positives en luttant contre le pessimisme ambiant car les adolescents ont besoin d’idéaux. La relation avec le cheval est une clinique du lien social car apprivoiser est créer du lien. Le cheval ne juge pas, est joueur et repère la vulnérabilité en percevant nos humeurs et nos émotions. »

Pour Mathias Hebert, conseiller technique sportif chargé du développement à la FFE et animateur du congrès, « La plus-value apportée par le cheval au traitement de certaines pathologies n’est actuellement pas totalement reconnue par les instances. Il est nécessaire que des recherches scientifiques soient effectuées afin de défendre les services médicaux et éducatifs rendus par les soins avec les chevaux. »

« Les échanges ont été très denses et donnent un programme riche pour les deux ans à venir, reconnait Carole Yvon-Galloux, responsable du service Cheval et diversité au sein de la Fédération française d’équitation. « Ce congrès va donner nous deux axes, poursuit Frédéric Bouix, délégué général à la FFE, la formation des acteurs, sur laquelle nous nous sommes engagés auprès des ministères concernés et susciter des recherches scientifiques sur les bienfaits du cheval ». L’équitation bientôt remboursée par l’Assurance Maladie ?

F.M.