Le bâtiment ? Ça pourrait être bien pire


Contrairement à toute attente, le secteur du bâtiment ne va pas si mal. Il doit malgré tout composer avec les difficultés du moment : prix des matériaux et recrutement. L’observation faite dans le Loiret est le reflet de la profession en France.
Le 12 octobre s’est tenue à Orléans, l’assemblée générale de la FFB du Loiret, la Fédération Française du Bâtiment. À l’invitation du président du Loiret Erwan Croixmarie, étaient aussi présents le président régional Antony Laudat et le président national Olivier Salleron.
La question centrale était naturellement de savoir comment le bâtiment se sort d’une année de crise sanitaire inédite. Pour cela, l’analyse de l’économiste Nicolas Bouzou était attendue par le public. Le chroniqueur d’Europe 1 et auteur d’un grand nombre d’ouvrages s’est voulu rassurant, rappelant qu’à son sens, la crise avait été bien gérée, permettant notamment de ne pas compter à ce jour, plus de faillites d’entreprises qu’à l’habitude. Le « quoi qu’il en coûte » a donc fait son effet et permis aux entreprises de garder leurs salariés qualifiés et une part de trésorerie, aujourd’hui bien utile.
Pour autant, l’annaliste n’a pas minimisé les difficultés du secteur, à commencer par la pénurie de matériaux et le manque de compagnons qualifiés volontaires.
Le président Salleron n’a pu que confirmer, « l’année 2021, c’est à peine 5% d’activité en moins que 2019, autant dire que la crise n’a pas eu l’effet catastrophique que l’on était en droit d’attendre. La relance en revanche, est bridée par la hausse de certains matériaux – le prix du bois à plus que doublé – mais aussi par l’allongement des délais pour se fournir en aluminium, PVC et certains métaux rares qui entrent dans la constitution des composants électroniques comme les chaudières ou la domotique ».
À cela s’ajoute que la construction de logements collectifs neufs semble à l’arrêt, et que le nombre de dépôts de permis de construire a diminué de 30%. Après les élections régionales et départementales, les marchés ont du mal à repartir.

Bonne nouvelle pour le PGE
Pour compenser, la rénovation énergétique, encouragée par le Plan France Relance, tant pour les particuliers que pour les collectivités, dope véritablement l’activité. Plus de 4 200 projets d’État ont déjà été engagés dans l’Hexagone. Depuis six mois, il semble que la construction individuelle soit aussi repartie à la hausse, « malgré, précise Olivier Salleron, les contraintes qu’impose la loi climat et résilience, qui limite l’artificialisation des sols et la viabilisation de terrains agricoles périphériques des grandes villes ».
Le bilan est tous comptes faits, assez positif. Le bâtiment a su tant bien que mal attirer de nouveaux salariés, au point d’avoir une balance positive de +70 000. Et cela devrait continuer si l’on tire profit du plan de relance et de la rénovation énergétique. La profession imagine pouvoir embaucher encore 150 000 compagnons d’ici 2023. L’image du bâtiment s’étant considérablement améliorée, en témoigne encore le succès des « coulisses du bâtiment » la semaine dernière.
Enfin, dans le Loiret, Erwan Croixmarie relance l’ancien « club qualité construction ». Il regroupe des donneurs d’ordres, mais aussi des architectes et des maîtres d’œuvre qui travaillent ensemble pour faire en sorte que les travaux soient à la hauteur de l’attente. Le cœur de la discussion en ce moment est le partage de la baisse des marges. « Faire en sorte que l’on soit capable de faire front pour garder la machine en activité ». Une machine qui reste un peu sous perfusion, avec dans le Loiret, un PGE sur deux qui n’a pas encore été remboursé. Bonne nouvelle, pour les plus hésitants, l’État devrait donner un délai de quatre ans supplémentaires pour rembourser.

Stéphane de Laage