Le blaireau n’a pas dit son dernier mot : nouveaux épisodes


Pour celles et ceux qui lisent nos pages, le mammifère possède en Loir-et-Cher ses détracteurs comme ses défenseurs. Une conférence s’est tenue au Muséum d’histoire naturelle de Blois le 24 mars afin de sensibiliser le public sur un animal mal aimé, à tort. En parallèle, les lignes ont bougé pour la maire de Valaire, Catherine le Troquier, qui se bat contre la vénerie sous terre.
Les 10 et 24 avril, la France va choisir son Président (ou sa Présidente, qui sait) de la République. La campagne 2022 fut inédite, coincée entre pandémie et conflit. Une campagne d’hommes et de femmes, d’idées humaines, et quid des animaux ? L’exposé qui était organisé le 24 mars au Muséum d’histoire naturelle de Blois, lieu dirigé par Pascal Girodon, n’était pas politisé. « Une exposition sur le blaireau a eu lieu en 2021 dans nos murs, » explique le directeur. «Une conférence devait suivre mais la pandémie a retardé ce projet. » La manifestation animalière qui a fini par arriver n’était pas politique donc, mais aurait pu constituer un sujet de débat. D’autant plus qu’il y avait quelques élus dans la salle ce soir-là, au milieu d’un public de 50 personnes. C’était le cas de Hélène Menou, adjointe EELV au maire PS de Blois. Elle relate la conférence blésoise donnée par l’éthologue Virginie Boyaval, qui a créé un centre de soins pour les mammifères sauvages à Compiègne, recueillant blaireaux et blaireautins (blessés, accidentés, etc.), fondatrice de l’association Mélès qui dénonce la cruauté de la vénerie sous terre. « Elle a pu casser les préjugés, donner des informations précises sur le mode de vie de ces animaux mal jugés. Quand on chasse le blaireau, qu’on le déterre, on détruit l’habitat des chauves-souris qui cohabitent avec lui, celui du renard aussi, d’insectes, etc. Le blaireau partage son terrier avec d’autres espèces. C’est un animal qui se nourrit de vers de terre, d’escargots, qui a une capacité à s’auto-réguler. En période de disette par exemple il ne fera pas de petits. Il vit la nuit et peut parcourir beaucoup de kilomètres, d’où le manque de chiffres sur ses effectifs réels. Les participants le 24 mars ont réalisé via ce plantigrade la menace de l’effondrement de la biodiversité.»

Petite avancée, bonne nouvelle
L’accueil de cette conférence n’est pas totalement un hasard, puisque pour rappel, un voeu en faveur de la protection du blaireau à l’intention de la ministre Élisabeth Borne, avait été soumis en conseil municipal de Blois fin juin 2020, appuyé par un autre voeu adopté à Orléans par le Conseil régional du Centre-Val de Loire en juillet 2020. Ce n’est pas non plus fortuit quand on connaît le combat de Catherine Le Troquier, maire de la commune de Valaire, débuté en 2019 suite à un arrêté préfectoral autorisant la période complémentaire de déterrage du blaireau en Loir-et-Cher en juillet. Cette municipalité avait alors envoyé un recours gracieux au préfet en août. Puis d’autres procédures ont suivi. Et coïncidence du calendrier avec la conférence précitée, c’est ce même 24 mars 2022 que le tribunal administratif d’Orléans a répondu positivement à l’édile de Valaire : il a en effet à cette date choisi d’annuler le fameux arrêté préfec­toral du 8 juillet 2019 du préfet de Loir-et-Cher relatif à la vénerie sous terre du blaireau pour la campagne 2019/2020. «Les choses bougent, ça va faire jurisprudence, » commente l’élue, qui n’avait pas eu gain de cause judiciaire au départ. «Même juge qu’en 2019, mêmes arguments mais pas même verdict ! Cela ne ramène pas les animaux massacrés, ne réforme pas la chasse; cela n’interdit pas le déterrage ignoble des blaireaux, mais c’est un début. On compte 4 jugements (Orléans, Lyon, Dijon, Poitiers, ndlr) sur 2020-2022 qui annulent les arrêtés préfectoraux.» Et à défaut de discussion présidentielle, autant de pistes de réflexions pour les postulants aux législatives de juin, peut-être ?
É. Rencien