Le festival de Cannes aura bien lieu à Orléans


Le festival du cinéma, originellement prévu à Cannes en 1939, et qui n’a pas eu lieu en raison du déclenchement de la seconde guerre mondiale, aura finalement lieu à Orléans, du 12 au 17 novembre prochain.

La cité johannique comme une évidence. Souvenons-nous que Jean Zay, Orléanais et alors ministre de l’éducation nationale et des beaux-arts, avait choisi de créer le « Festival du cinéma des nations libres », en réponse à la Mostra de Venise, devenue l’outil de propagande fasciste de Mussolini. L’affaire était en bonne voie. En moins d’un an, le jeune et engagé ministre du Front Populaire, organise ce rendez-vous, avec à l’affiche les films les plus prestigieux de l’époque. Cannes est choisie pour accueillir les stars du moment. Garry Cooper, Gary Grant, Michèle Morgan sont de la partie et Louis Lumière serait le président. Quoique ministre du Front Populaire, Jean Zay est bien conscient qu’il faut des paillettes pour faire vibrer le public. Il y met toute son énergie, se déplace aux États-Unis et plaide sa cause auprès du président Roosevelt lui-même. Tout est prêt, il n’y a plus qu’à couper le ruban. Mais le 1er septembre, la guerre est déclarée. Les stars prendront le bateau de retour. Le premier festival de Cannes aura finalement lieu en 1946, après que les canons se soient tus, et que Jean Zay fut assassiné par la Milice deux ans plus tôt. Il est inhumé au Panthéon.

80 ans plus tard
Le Cercle Jean Zay d’Orléans veut rendre hommage à celui qui a tant donné. Créé il y a deux ans, le comité « Cannes 39 » que préside l’historien Antoine de Baeque, choisit pour cela de reprendre le flambeau du festival perdu. « Nous voulons un événement chargé d’émotion, explique son comparse François Caspar, et recréer un mouvement de fierté autour du cinéma et de Jean Zay ». L’événement tel qu’il est conçu aujourd’hui, a tout pour avoir une envergure nationale. 25 des 38 films de la sélection originale seront projetés durant les cinq jours de festival. Le théâtre d’Orléans sera le palais du festival, avec son tapis rouge, certains films seront aussi projetés au cinéma des Carmes et quelques salles Pathé.

À l’affiche
Le comité scientifique du festival regroupe des historiens et des universitaires, chargés de faire en sorte que l’histoire revive au plus près de ce que fut la réalité de l’époque. Difficile de retrouver tous les films, certains étant à l’étranger, d’autres très abîmés voire disparus. Heureusement, il reste Cecil B Demille, Christian-Jaque, Frank Capra ou encore Le Magicien d’Oz de Victor Flemming, La Taverne de la Jamaïque d’Alfred Hitchcock, ou Mr Smith au sénat de Frank Capra. Tous seront projetés. Quatre le seront même en 35 mm, presque un exploit. Ajoutons que cinq films seront projetés hors compétition : La bête humaine de Jean Renoir, Alexandre Nevski de Sergueï Eisenstein, Le bossu de Notre Dame, de l’américain William Dieterle, Espoir, Sierra de Teruel d’André Malraux, et enfin Olympia Les Dieux du stade, film de propagande nazie signé Leni Riefenstahl. C’est le cinéaste israélien Amos Gitaï qui présidera le Jury. Ce jury compte sept membres, réalisateur, cinéastes, romanciers, ainsi que les deux filles de Jean Zay, Catherine et Hélène. Enfin, c’est l’acteur Alex Lutz qui sera le maître de cérémonie.
Une belle semaine en perspective, à ne vraiment pas manquer !

Stéphane de Laage

 

ZOOM
César du meilleur acteur en 2019, metteur en scène et auteur de pièces de théâtre, Alex Lutz, Orléanais de cœur, a mis à disposition du festival Cannes 1939 à Orléans, sa gentillesse et son talent. L’acteur avait animé en 2016, la soirée de remise des Molières sur France 2. Il a accepté d’endosser le rôle de maître de cérémonie des soirées d’ouverture et de clôture du remake de Cannes 1939 au Théâtre d’Orléans.