Son petit barrage et sa chute d’eau, tant appréciés par les touristes photographes, n’ont plus d’utilité économique. Mais son arasement aurait des conséquences sur la structure du moulin. L’enquête publique est ouverte.
Le Moulin de la Chappe, à Bourges n’a pas la notoriété de la cathédrale, du palais Jacques Coeur ou de la place Gordaine. Mais, au pied de la Halle aux Blés, tout juste rénovée, le site des rives d’Auron conserve le charme de son ancienne roue à aubes et de son déversoir. C’est celui-ci qui se trouve actuellement menacé. La loi sur l’eau de 2006 qui prévoit la libre circulation de l’eau et donc la destruction des ouvrages qui n’ont plus d’utilité économique s’applique évidemment à cet ouvrage. Si le moulin a toujours du grain a moudre, il n’a plus besoin de l’eau de l’Auron pour faire tourner ses meules. L’électricité a pris le relais depuis 1965. Le port de Bourges, qui avait également besoin de cette digue pour maintenir en eau son bassin, juste en amont du moulin, où accostaient les « Berrichonnes» les fameuses péniches étroites, qui acheminaient le charbon, en provenance de la région de Montluçon et descendaient le blé vers Tours, sur le canal de Berry, a disparu depuis le milieu du siècle dernier.
Des fondations du XIIIe siècle
Pourquoi détruire ce petit barrage ? Le charme de sa chute d’eau, en centre ville, fait les délices des appareils photo des touristes.
L’ARECABE (association pour la réouverture du canal de Berry) est vent debout contre cette initiative qui met en danger le site du moulin. Sa partie la plus ancienne repose sur des pilotis du XIIIe siècle qui risquent de ne pas supporter le régime sec qu’on leur prépare.
L’arasement du barrage doit également permettre aux poissons de remonter la rivière. Les défenseurs du moulin répondent qu’une simple passe à poissons, beaucoup moins onéreuse suffirait pour résoudre ce problème.
Même si l’opération est largement subventionnée, il en coûtera 600.000 € pour mener à bien le chantier et évacuer les sédiments accumulés en amont du seuil. L’ARECABE, et le Comité de Soutien au Moulin, ont écrit aux 55 maires du syndicat intercommunal d’aménagement des bassins de l’Auron, l’Airain et leurs affluents, pour les alerter sur ce qui risque d’advenir à Bourges.
C’est un soutien important pour les meuniers, Jean-Claude et Xavier Grosbois. Leur famille fait tourner le moulin depuis trois générations. «Que vont devenir les fondations du moulin, qui ont le même âge que celles de la cathédrale ?» s’inquiètent-ils. On sait combien d’immeubles ont vacillé sur leurs fondations lors de sécheresses persistantes».
L’ARECABE, et le Comité de Soutien au Moulin de la Chappe, ont recueilli plus de mille signatures manuscrites sur leurs pétitions s’opposant à ce projet.
Une enquête publique est ouverte depuis le 5 mai par la Préfecture du Cher.
Pierre Belsoeur
Pratique : Vous avez jusqu’au 11 juin pour donner votre point de vue. Pendant la durée de l’enquête, aux jours et heures habituels d’ouverture des 55 mairies concernées depuis Dun-sur-Auron jusqu’à Bourges. Le public pourra prendre connaissance du dossier et consigner ses observations directement sur le registre d’enquête. Les observations écrites pourront également être adressées ou déposées sous pli cacheté, à l’attention personnelle du Président de la commission d’enquête à la mairie de Dun sur Auron – place du Champ de Foire – 18130 Dun-sur-Auron. Des informations sur le projet pourront être obtenues auprès du Président du SIAB3A à l’Hôtel de Ville de Dun-sur-Auron. Le président ou l’un des membres de la commission d’enquête se tiendra à la disposition du public lors des permanences qu’il assurera dans les mairies suivantes :
- Ourouer-les-Bourdelins : mercredi 21 mai de 9 h à 12 h
- Bourges : mardi 3 juin de 14 h à 17 h
- Ourouer-les-Bourdelins : samedi 7 juin de 9 h à 12 h – Dun-sur-Auron: mercredi 11 juin de 14 h 30 à 17 h 30