Le pont de la rivière Loire


Le 18 octobre est une date symbolique pour la circulation routière en Loiret. Ce mercredi, les deux rives de la Loire ont été physiquement réunies par un pont qui se sera fait attendre près de 25 ans.
La traversée de Jargeau et de Saint-Denis-de-l’Hôtel est une difficulté qu’il fallait contourner. 15 000 véhicules traversent quotidiennement la Loire à cet endroit, avec les nuisances sonores, polluantes et accidentogènes que l’on imagine. Pour autant, on ne construit pas un pont d’un claquement de doigts. Il aura fallu étudier, préempter, acheter et réunir des terrains, préserver l’écologie, pour enfin réaliser une petite prouesse technique.

Franchir le Rubicon
C’est ce qu’a fait le département du Loiret en programmant à l’aube des années 2020, la réalisation de cette déviation qui passe désormais au nord de Jargeau, et la construction d’un pont qui enjambe la Loire à hauteur de Darvoy. Ce projet décisif (comme le fut le franchissement du Rubicon par Jules César et son armée), on en parlait déjà en 1998. Mais ce n’est qu’au printemps 2021, que la construction du pont sur la Loire a été confiée à une entreprise reconnue, et qui plus est, voisine du chantier : Beaudin-Châteauneuf.
C’est devant un parterre de journalistes et d’élus, que les derniers mètres ont été franchis. Le pont, c’est 570 mètres et 3 300 tonnes de métal qu’il a fallu poser sur les imposantes piles qui s’appuient au fond du fleuve. Les pièces ont été pré-montées en ateliers, puis apportées une à une sur la rive droite, au nord du fleuve. Assemblées les unes aux autres durant plus de deux ans, comme les pièces d’un Mécano géant, elles ont été littéralement poussées vers l’autre rive, portées par des patins enduits de graisse. C’est dire que cette dernière phase à laquelle on vient d’assister, était la plus spectaculaire sans doute, puisque les poulies et les câbles ont fait avancer la totalité des 600 mètres du tablier, sur les quelques mètres qui restaient à parcourir. C’est la technique qui avait été utilisée pour le pont de Millau.

Un défi environnemental
Le BRGM (Bureau de recherches géopolitiques et minières) a dû sonder le sous-sol et étudier ce que l’on appelle les phénomènes Karstiques. Puis il a fallu organiser le chantier et étudier la physionomie du futur pont pour préserver l’environnement. Car si la Loire est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, c’est justement parce le site est remarquable, tant par la beauté que par l’écosystème qu’il représente. Le chantier a été séquencé pour faire en sorte par exemple de respecter les périodes de nidification des oiseaux, préserver les poissons et les batraciens, et les espèces endémiques fragiles par nature.
C’est une enveloppe de 10 M€ qui est consacrée à l’environnement, sur un budget global de 94 M€. Où l’on parle de passages à amphibiens, de tremplins pour les chauve-souris, d’aménagement de zones humides et de plateforme pour les Balbuzars. S’agissant des arbres, il a fallu en couper près de 10 ha, qui ont été compensés par la plantation de 25ha de forêt nouvelle. À noter enfin que près de 40% de la largeur du tablier seront dédiés aux modes de déplacement doux, donc au vélo et aux piétons. Des pistes cyclables qui rejoindront de part et d’autre le circuit de la Loire à Vélo, et la levée du fleuve avec ses itinéraires vers Orléans notamment.
La mise en service de cette déviation et donc du pont, est prévue pour le premier trimestre 2025. Il reste en effet à recouvrir le pont de son tablier puis d’un enrobé, de faire les liens avec la route, elle aussi en cours de création. On attend une circulation d’environ 11 700 véhicules jour à l’horizon 2030, de quoi sérieusement désengorger les communes de Jargeau et de Saint Denis de l’Hôtel.

Stéphane de Laage