Le salon des vins du Val de Loire à la croisée des chemins de vigne


Le salon d’Angers, boudé par les interprofessions, a perdu beaucoup d’exposants mais réunifié vignerons traditionnels et vignerons bio. Les vignerons présents ont bien travaillé.
L’an passé c’est l’interprofession réunissant les vignobles de Touraine, Anjou et Loire Atlantique qui avait quitté l’organisation du salon des vins de Loire. Cette année le BIVC qui fédère les vignobles du Centre (reuillly, quincy, menetou, sancerre, côteaux du giennois, pouilly et châteaumeillant) s’est lui aussi retiré de l’organisation. Le salon y a perdu des relais de communication, le concours des jeunes sommeliers n’a pas eu lieu et près de deux cents exposants ont déserté Angers en deux éditions. Les habitués du salon ont donc découvert des aménagements nouveaux, l’intégration des master classes au milieu des stands, la création d’un deuxième espace de dégustation et puis surtout l’adjonction du salon des vins bio, jouxtant le salon traditionnel, dans un environnement pour le moins spartiate (mais ajoutant quatre vingts exposants à la curiosité des acheteurs). Autant de changements qui ont alimenté les conversations.
Les viticulteurs présents ont-ils moins travaillé pour autant ? «Non répond Philippe Chavez, de Menetou Salon, qui s’était cette fois posé très sérieusement la question de sa participation, j’ai vu beaucoup de mes clients, pris des contacts étrangers, économisé une fois encore plusieurs centaines de kilomètres. Mais les organisateurs ne veulent rien entendre, et maintiennent un salon sur trois jours alors que deux suffisent. Alors faut-il maintenir un salon à Angers. Est-ce qu’un Vininord (comme il existe Vinisud) rassemblant  les vignobles de Loire, l’Alsace, la Champagne et la Bourgogne serait plus cohérent. La question reste posée».
Alain Malet heureux
Cette question, Alain Malet viticulteur à Lye ne se la pose pas. Le salon d’Angers lui apporte de la notoriété. Il a décroché, cette année encore, deux Ligers d’or avec ses touraine sauvignons. Le touraine, c’est les deux tiers de sa production pour un tiers de valençay. «J’avais présenté trois cuvées deux sortent avec des Ligers d’or, ça fait plaisir. Dommage qu’en quantité nous soyons un peu juste. C’est d’autant plus ennuyeux qu’il ne reste plus de 2013. Mais enfin, en juillet nous étions plus qu’inquiets alors qu’en septembre, le temps superbe nous a permis de vendanger des raisins bien mûrs. Les blancs sont très bien, et les rouges deux tons au dessus de 2013.
Pratique: prix public départ de cave 4,60 € la bouteille pour le blanc et 4,20 € pour le rouge.
Claire Goyer surprend
Claire Goyer, de Néret à la limite sud de l’Indre a inauguré un nouvel espace du salon dédié aux jeunes vignerons. La jeune femme présentait sa deuxième récolte avec succès puisque son Châteaumeillant rouge a décroché un Liger d’argent. Juste récompense pour un vin gourmand, très facile d’accès qui correspond bien à la cuisine de bistrots. Le salon lui a d’ailleurs permis d’avoir notamment un contact constructif avec une belle enseigne castelroussine. «Avec 1ha 30 a nous ne pouvons pas vivre de la vigne, mon mari et moi. Lui s’occupe de l’exploitation agricole et moi je travaille dans une banque. Mais le vin c’est une passion. Nous progressons au contact de nos collègues de la Bridoire (NDLR un groupement de huit vignerons qui font cave comume, mais dans laquelle chacun fait son propre vin). Comme nous sommes les seuls à vivre sur place, nous en sommes les vigies». Claire prends son temps, «il faudra encore dix ans pour qu’on commence parler du Châteaumeillant, mais les choses se mettent en place. Sans prendre le risque de faire du bio mais en respectant l’environnement».
Pratique : prix public départ de cave 7,50 € la bouteille pour le rouge et le rosé.
Valery Renaudat confirme
Avec son allure de jeune homme il n’est plus, depuis longtemps, un nouveau venu, mais une valeur sûre du vignoble de Reuilly. Cette fois encore il a trouvé l’or, pour son blanc et son vin gris. «Je ne vous donnerai pas mon secret, mais pour obtenir un très bon vin il faut prendre des risques. Je suis adepte des vendanges retardées et des fermentations longues. Cela implique beaucoup de surveillance et de disponibilité. C’est encore plus vrai pour les rouges». Le tiers de sa récolte part à l’export avec quelques pays exotiques comme le Japon, la Bolivie et même la Mauritanie. «Avec le blanc 2014 on est sur le gras, la rondeur, une belle persistance en bouche. C’est le vin que j’aime».
Pratique : prix public départ de cave 8,30 € pour le blanc, le rouge et le rosé ainsi que le quincy.
Pierre Belsoeur