Le scientifique Jean Jouzel alerte : « Agir de façon très forte! »


Jean Jouzel, climatologue, ancien vice-président du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), est une figure emblématique de la lutte pour le climat. Invité par Bourges Plus pour animer une conférence sur « l’eau et le dérèglement climatique », le 29 mars prochain, le scientifique s’explique sur son combat et fait un point sur la situation. Entretien.
Les derniers rapports publiés par le GIEC et notamment celui du 28 février dernier sont alarmistes. Avons-nous encore les moyens de limiter les conséquences du réchauffement climatique ou devrons-nous faire façe à des modifications irréversibles ?
« Les conclusions du rapport sont très claires. Il y a vraiment urgence pour éviter des conséquences désastreuses sur notre environnement et notre humanité. Le problème c’est que nous n’éviterons plus les changements majeurs. On le dit depuis 40 ans ! Aujourd’hui, il faut limiter le réchauffement pour que les générations futures puissent s’y adapter. Ce rapport demande d’agir tout de suite, de façon très forte ».
Vous parlez de changements majeurs. En France, quelles seront ces transformations à court et moyen terme ?
« Il y a des zones géographiques qui vont être impactées par l’élévation de la mer. Après 2050, 1 million d’habitants pourrait être affecté dans les régions cotières françaises par des submersions temporaires. Ensuite, il y a les vagues de chaleurs auxquelles il sera de plus en plus difficile de faire façe, en particulier dans les métropoles, sans parler des problèmes spécifiques aux régions montagneuses avec la fonte des glaciers et les périodes d’enneigement qui diminuent… Tout cela demande une prévention et une adaptation aux changements climatiques ».
Une grande partie de votre conférence sera axée sur le thème de l’eau…
« Aujourd’hui, l’eau est au coeur des préocupations. Les pluies torrentielles, les sécheresses à répétition auxquelles le monde agricole est très sensible ; tous ces phénomènes sont de plus en plus imprévisibles.
Et puis, il y a l’accessibilité à l’eau avec notammment le renouvellement des eaux usées. Il faut être attentif à son utilisation et cela passe par une meilleure gestion et une sensibiliation des élus et de la population. Il faut avoir à l’idée que l’eau est précieuse et qu’il faut y porter de l’attention. La situation, jugée grave, dispose cependant de solutions à petite et grande échelle. Il faut agir ! ».