La légende de Saint-Outrille


Le petit village de Saint-Outrille près de Graçay se distingue par sa collégiale au clocher tordu. Construite au onzième siècle, les travaux d’édification de cette église ont duré jusqu’au seizième siècle. Le clocher en spirale est l’œuvre des artisans de l’époque, mais une légende s’y rattache.

Au temps du roi Louis VII le jeune en 1150, une modeste famille vivait à Saint-Outrille, ils se nommaient Malterre. Le père était bourrelier et forgeron, il travaillait avec son fils Phallier. Ce dernier, beau garçon, faisait la cour à une jeune fille nommée Mathilde et rêvait de l’épouser. Mais un jour un frère prêcheur vint lancer l’appel auprès des hommes pour qu’ils s’engagent dans la guerre sainte et aillent délivrer la terre qui avait vu le sang du seigneur.  Phallier accepta de partir en croisade, repoussant à plus tard son union avec Mathilde. Avant de partir, il alla voir sa promise et jura de lui rester fidèle. Elle lui fit le même serment. Après son départ la belle Mathilde eut bien du chagrin. Au fil du temps, il s’estompa peu à peu. Elle se fit remarquer pour son inconduite et elle se laissa courtiser par d’autres hommes.

Deux ans passèrent sans aucune nouvelle des vaillants croisés.  Phallier arriva un beau soir de printemps, ayant hâte de revoir celle qu’il aimait. Devant la fière allure du jeune homme, Mathilde comprit tous les avantages qu’elle aurait à l’épouser et elle lui jura devant Dieu qu’elle l’avait fidèlement attendu et qu’elle était prête à l’épouser. Tout heureux, Phallier fit préparer le mariage. Le grand jour, un beau soleil accueillit les jeunes mariés devant l’église. Mais dès que la cérémonie fut commencée, un grondement s’éleva dans le ciel, suivi d’un éclair. C’était un orage. Soudain le grondement s’intensifia et une immense flamme enveloppa les deux jeunes gens.

Quelques instants plus tard, l’orage avait disparu laissant place à un grand silence. Plus de Mathilde, plus d’anneaux. Phallier demeurait seul, hagard. Affolés les invités sortirent de l’église. C’est alors qu’on aperçut que le clocher était tordu et on en conclut que Dieu avait emporté l’infidèle Mathilde et tordu le clocher.