Législatives


Maurice Leroy : « je ne souhaite pas de big bazar ingouvernable et je prédis beaucoup de duels ! »

Le président du conseil départemental de Loir-et-Cher, député sortant, étiquette Droite et Centre, est candidat à sa propre succession sur la troisième circonscription, avec le maire de Vendôme Pascal Brindeau pour suppléant. Avant de se retrouver face aux urnes les 11 et 18 juin, l’ancien ministre de la Ville commente l’actualité politique récente et celle à venir.

M. Leroy, avant toute chose, une réaction de votre part face au résultat de l’élection présidentielle et au nouveau chef de l’État ?
« En plaçant largement en tête Emmanuel Macron, et avec un taux de participation supérieur à la moyenne nationale, les Loir-et-Chériens ont une nouvelle fois montré leur civisme et leur attachement profond aux valeurs de la République. Je les en remercie très chaleureusement. Attention ! Le résultat du premier tour est un ultime avertissement de la part de nos concitoyens ! Le nouveau président de la République doit entendre la colère des Français qui ont, pour la seconde fois après 2002, placé le Front National au second tour de l’élection présidentielle. La responsabilité d’Emmanuel Macron, pour les cinq ans qui viennent, est historique. »

Le défi des Législatives sera aussi de taille pour Emmanuel Macron, justement. La bataille s’annonce difficile pour que le président de la République obtienne une majorité. Votre sentiment sur ce point ?
« L’élection présidentielle se joue en quatre tours ! Les 11 et 18 juin prochains, les élections législatives vont révéler quel cap et quelle orientation politique souhaitent véritablement les Français. Jamais, dans l’histoire de la Ve République, le paysage politique français n’est apparu si émietté et les grands partis si fragilisés. Je le dis avec solennité, la grande recomposition voulue par Emmanuel Macron et par ses électeurs ne doit pas se transformer en big bazar ingouvernable. Après le quinquennat désastreux de François
Hollande, je souhaite, pour ma part, une alternance claire pour mener sans attendre les réformes dont la France a tant besoin ! »

Législatives encore, mais plus localement. Vous avez inauguré le 8 mai votre permanence rue Faubourg-Chartrain. Abordez-vous sereinement cette énième campagne législative ? Selon Jean-Yves Narquin, qui sera une nouvelle fois face à vous sur la troisième circonscription, vous vous trouvez « en position délicate »… Vous lui répondez quoi ?
« J’aborde cette campagne législative des 11 et 18 juin sereinement, avec humilité. Avec confiance aussi, car j’ai le sentiment du travail bien fait et du devoir accompli dans notre
3e circonscription. Les habitants des 172 communes que je rencontre tout au long de l’année me connaissent bien. Ils savent le travail de fond que je mène pour nos territoires ruraux. Je suis leur élu de proximité, celui qu’ils peuvent engueuler et à qui ils peuvent dire, aussi, que les choses vont bien ! Quant au candidat du Front national qui m’affronte pour la troisième fois, qu’il patiente encore un peu, ce sont les Loir-et-Chériens de notre troisième circonscription qui vont lui répondre ! »

Et sinon, comment continuer à mobiliser et à convaincre les citoyens pour ces Législatives après la débâcle constatée ici et là ? Comment obtenir cette alternance nationale claire que vous souhaitez donc ? Est-ce vraiment encore possible ?
« Il y a en réalité trois scenarii possibles. Premier scénario : Emmanuel Macron dispose, le 18 juin au soir, d’une majorité absolue de 289 sièges, minimum, de députés. Alors, il mettra en œuvre son projet présidentiel. Deuxième scénario : fort de l’éclatement des forces politiques constaté le 23 avril dernier, au premier tour de l’élection présidentielle, aucun groupe politique ne dispose de la majorité des sièges pour faire une majorité parlementaire. Et alors, il faudra faire preuve d’audace et de courage pour rassembler les bonnes volontés capables de créer une majorité de projets pour réformer la France. Enfin, dernier scénario, les Français élisent une majorité absolue de députés des Républicains et des Centristes de l’UDI, et alors, nous vivons une cohabitation entre la légitimité présidentielle et la légitimité parlementaire voulue par le peuple français. Dans ce cas, mon ami François Baroin sera Premier ministre et disposera d’une majorité à l’Assemblée nationale et au Sénat pour gouverner la France et mettre en œuvre le projet d’alternance politique élaboré en commun par les Républicains et les Centristes de l’UDI. »

Pour conclure, les 11 et 18 juin, les « forces » peuvent être bousculées sur le Loir-et-Cher et les cartes redistribuées. Au Poislay, commune que vous connaissez bien n’est-ce pas pour en avoir été l’édile, au premier tour, Marine le Pen est arrivée en tête, devancée ensuite par Emmanuel Macron au second round. Les « en marche » affirment souhaiter s’emparer de deux des trois circonscriptions du 41 grâce à ces candidats tandis que le FN guette lui aussi dans l’ombre. La gauche est en pleine explosion, la droite attend sa revanche et des triangulaires sont à prévoir, peut-être en pagaille. Votre vision départementale à un mois du scrutin ?
« Il n’y aura pas autant de triangulaires que ce que vous annoncez. Pour la seule raison mathématique que je vous rappelle : il faut réunir 12,5 % des électeurs inscrits pour se qualifier au second tour du 18 juin. Compte tenu de la participation qui est toujours plus faible aux législatives qu’à la présidentielle, cela signifie qu’il faudra faire autour de 25 % des suffrages exprimés, voire plus, pour figurer au second tour. Par conséquent, je prédis beaucoup de duels et moins de cinquante triangulaires ! »

Propos recueillis par Émilie RENCIEN


Imbroglio et poudre de Perlimpinpin « en marche »

Jeudi 11 mai, une liste de 428 premiers candidats, derrière le président de la République Emmanuel Macron, pour les scrutins des 11 et 18 juin, a été dévoilée. Le renouveau semble néanmoins déjà se prendre les pieds dans le tapis. Ajoutons que, pour l’instant, le Droite et Gauche, vire plutôt à ni de Droite, ni de Droite… Cette journée ressemble fortement à une journée de dupes pour le Modem Loir-et-Cher. Notre département semblait porter la couleur du Modem avec Fesneau sur Blois et Louis de Redon sur Romorantin. Des deux tiers promis, le parti de François Bayrou, au moment où nous écrivons cet article, se retrouve gros-jean comme devant. Richard Ferrand, proche soutien d’Emmanuel Macron, sur BFM TV vendredi dernier expliquant : « Il y aura autant de candidats Modem que nécessaire, s’ils sont les meilleurs ». Pas aimable pour les recalés… Couac… on en dise !
La conférence de presse annonciatrice a maintes fois été retardée pour avoir finalement lieu aux alentours de 16 heures, le jeudi 11 mai. Sur le site Web en-marche.fr, un dossier de presse et une liste étaient téléchargeables et accessibles, complétant l’allocution télévisée peu claire de Richard Ferrand. Oui mais voilà, les éléments alors disponibles en ligne restaient pour le moins bancales et truffés d’erreur. Certains noms n’étaient pas à leur place, d’aucuns n’auraient pas dû y être et d’autres auraient dû y figurer. Le tout provoquant le courroux de l’allié « emblématique » François Bayrou.

Marc Fesneau

Sur son compte Twitter, Marc Fesneau, secrétaire général du Modem, a confirmé dans la soirée du jeudi 11 mai : « c’est à ma demande que j’ai été retiré de la liste publiée ce jour. Cette liste n’a pas reçu l’assentiment du MoDem. » En dépit de maintes tentatives sur plusieurs jours, l’intéressé était toujours injoignable à l’heure où nous bouclions cet article, sans doute participait-il à une réunion de crise pour tenter de démêler l’écheveau. L’intéressé avait, semble-t-il, été investi sur la première circonscription (Blois), bien que des rumeurs laissaient sous-entendre, du fait de sa forte implication dans la campagne présidentielle, qu’il pourrait être ministrable, voire même sénatoriable !
Autre incompréhension, Christine Jagueneau, référente du Loir-et-Cher pour la « République en marche », apparaît sur la fameuse liste investie sur la troisième circonscription (Vendôme), alors même que le dimanche 7 mai, elle déclarait sans détour et avec certitude à la presse qu’elle ne visait aucun mandat ! On ne sait pour l’heure si elle acceptera ?

Jean-Luc Brault

Jamais deux sans trois, le maire de Contres, Jean-Luc Brault, qui espérait Blois et semblait avoir abandonné toutes velléités de campagne, figurait dans la fameuse liste, désigné comme candidat sur la deuxième circonscription loir-et-chérienne (Romorantin). Alors, info ou intox ? « J’ai été choisi après un entretien d’une heure avec la commission d’investiture, » nous a confiés vendredi 12 mai l’édile, président de la Communauté de communes Val de Cher Controis, qui a accepté de répondre à notre sollicitation. « J’ai été choisi sur un dossier technique, sur la vision que je possède d’un territoire, n’en déplaise à certains. Je prendrai ma décision ce lundi 15 mai. Décision que j’expliquerai dans le Petit Solognot du 24 mai. » De ce côté, cela semble donc un peu moins obscur. Quant à Louis de Redon, conseiller municipal d’opposition à Romorantin, ce même vendredi, il semblait complètement abattu et ébahi, partagé entre incompréhension et colère. Et pour cause, à ce jour, il a tout simplement disparu de l’équation, malgré ses bonnes chances et son envie.

De quoi faire tourner les journalistes impatients en bourrique !
En résumé, ici et là, les candidats sont en marche, évoluant dans un épais brouillard, s’emberlificotant dans un canevas actuellement confus. Suite au prochain épisode d’un feuilleton prévisible… qui aura sans doute évolué au moment où vous lirez ces lignes.

Gérard Bardon avec Émilie Rencien