BILLET D’HUMEUR DE FABRICE SIMOES


Pas de miracle pour François

Un François arrive. Un François s’en va. Tout les deux installés, qui en haut des marches du palais de l’Élysée, qui sous le dôme extérieur de la basilique Notre-Dame du rosaire. Ce dernier week-end, François, le pontife, est arrivé sur les dalles géantes de la grande esplanade du Recinto de Oracao, à Fatima. Ce dernier week-end, François, le président qui voulait être normal et l’aura été beaucoup trop, a foulé une dernière fois les gravillons, sous le tapis rouge, de la cour d’honneur du palais présidentiel. Entre les deux on n’aura que le prénom en commun. Le premier a dépassé le cap du commun des mortels puisque serviteur de nous tous, ce qui n’est décidément pas commun.  Le second à trop vouloir l’être, commun, en est devenu transparent pour ses dénigreurs, omnipotent pour ses détracteurs des champs, agaçant pour tout le monde des villes. L’un a tapoté la joue des pèlerins, canonisé Jacinthe et François Marto, deux des trois bergers qui ont eu la vision de la Vierge Marie au début du siècle dernier, pile-poil voilà cent ans, et l’autre a tapoté intérieurement celle d’Emmanuel Macron. Pas pour de vrai parce que, en public ça le fait pas. Après on aurait eu tous ceux qui croit que Macron est le fils putatif de François sur le dos. Sur les réseaux asociaux, là où on trouve parfois de l’intelligence mais tellement de connerie humaine, ce leitmotiv est omniprésent. Cela fait des semaines, qu’on le dit, l’écrit, le justifie, le falsifie, le salsifis, le fakifi (prononcez Faikifi, N.D.LR). A coup de fausses vérités, de faits alternatifs, à la mode Trump ou façon Poutine, on créé le doute. Normalement, dans un procès le doute légitime profite toujours à l’accusé, non ? A titre personnel, je ne valide aucunement cette filiation fictive. Une seule raison à cela: déjà qu’il est bien embêté avec les transports pour les femmes de sa vie, François n’a pas envie de se compliquer avec des enfants supplémentaires. De là à valider une forme de collusion entre l’un et l’autre, il y a donc un grand pas qu’il convient de ne pas franchir. A part peut-être que l’on ne peut pas les cataloguer à gauche, ni l’un ni l’autre. Mais c’est d’une telle évidence.

Bon, sur ce coup-là, les deux François ont pris l’eau. Pour le notre, celui dont Nicolas de Neuilly a toujours cru qu’il lui avait piqué la place sur un malentendu, depuis cinq ans et le jour de son intronisation, c ‘était un peu devenu une habitude. Pour celui qui venait de Rome, c’est généralement plus rare. En plus, lui, il est toujours accompagné par son supérieur hiérarchique. Celui-ci et un spécialiste en nuages et autres cumulo-nimbus. Les cieux, c’est son royaume. Ou alors, vu qu’il s’y trouve depuis des temps et des temps, des siècles et des siècles même, c’est qu’il s’occupe trop de lui-même et pas assez des autres. Et comme ce n’est pas ce qu’on dit et répète dans les catéchèses de Christine Boutin…

Finalement, à Paris, c’est quand Emmanuel, sans les deux L et surtout sans siège en osier, a pris officiellement ses fonctions que le soleil s’est levé. Vu l’heure de cette fin de matinée, l’ami Ricoré était déjà reparti avec sa nappe à carreau puisqu’on était pas loin d’attaquer l’apéro ! A Fatima, par contre, la pluie est partie avec le représentant en cierges et voyages organisés, et autres pèlerinages à pied, cheval, voiture, vélo et pédalo, mais le soleil n’en a pas brillé tout de suite pour autant. Comme quoi les effets des François sur les fluctuations météorologiques sont impénétrables, comme les voix du seigneur d’ailleurs…

500 000 fidèles sur le site du sanctuaire pour saluer François. Beaucoup moins sur les Champs pour saluer le dernier tour de François. Ca ne l’a pas vraiment gêné, semble-t-il. A force de prier pour être normal, les miracles n’ont pu se faire. On notera bien une augmentation des dividendes de 40 % sur les marchés financiers mais bon, faut pas rêver, avec les frais, l’impôt, et tout ça … Question prières ça a nettement mieux marché pour ceux de Lusitanie occidentale que de l’Hexagone : au concours de l’Eurovision, Salvador Sobral, en langue du bord du Tage ou du Douro, fait bien mieux que Alma, en Français et Anglais associé. Premier au classement pour le fado moderne retravaillé façon piano-violon « Over the rainbow », douzième pour la variétoche sans âme véritable. Certains crieront au miracle mais l’on se doit de rappeler que si à Fatima on créé des saints, marche sur les genoux et prie même en dehors des vendredi 13, c’est à Lourdes que l’on accroche les béquilles au fronton de la grotte…

Pas de miracle non plus, depuis que l’on s’est vu ou lu, entre les rillettes et le pâté. Les électeurs consommateurs-raleurs ont choisi le contenu de leur sandwich pour les cinq ans à venir. Le mois prochain, juste après le prochain billet d’humeur, on choisira un petit peu de l’accompagnement : feuilles de salade, beurre ou cornichons, ou un peu des trois. Ce sera selon mais il sera temps d’en causer à ce moment là ! 

                          Fabrice Simoes