“Les arbres qui chantent”, un documentaire nature et musical de Laurent Sorcelle


Sancerrois jusqu’au fond de l’âme, Laurent Sorcelle respire la nature à plein poumons. Il vient de produire un documentaire qui allie la magie du lien entre l’arbre et la musique.
Auteur, producteur de films documentaires, le Sancerrois possède ce don de vous transporter dans la nature, soit par la lecture, soit par ses films, notamment ce magnifique : la bataille du Cèdre en 2018. Comment Luthiers et concertistes arrivent-ils à sublimer le potentiel acoustique de leurs bois ? C’est tout le mystère de ces arbres, capables de produire des bois de lutherie aussi exceptionnels que ceux utilisés par Antonio Stradivarius et Guarnerius Del Gesùs et les archetiers. Laurent Sorcelle explique : « J’ai voulu faire ce film en octobre 2018 et tout part de cette catastrophe en Italie, la tempête Adrian qui avait déraciné des millions d’arbres et fait des victimes. « La forêt des violons » ainsi nommée, située dans la vallée Val di Fiemme et le parc naturel de Paneveggio, là où s’approvisionnait Antonio Stradivari parmi ces épicéas ; essence très recherchée par les luthiers. Je suis allé à Crémone pour voir comment sont fabriqués ces violons, comment ça fonctionne et surtout : est-ce qu’il reste des forêts et en existe-t-il en France qui aient des bois de cette qualité exceptionnelle ? Un jeune luthier berruyer m’a répondu qu‘effectivement, existait dans le Jura une forêt magnifique là où vit un sélectionneur d’arbre (Scieur de bois de lutherie) : Bernard Michaud. J’ai donc contacté et rencontré ce Jurassien qui depuis trente ans, sélectionne ceux qui ont un potentiel acoustique remarquable. A la question : « écoutez-vous les musiciens qui jouent sur des instruments provenant de vos arbres ? « oui me dit-il en citant le premier violon solo de l’Orchestre de Paris, Philippe Aïche qui joue sur un violon provenant des bois de la forêt du Mont Noir et fabriqué par un Luthier extraordinaire, dont l’atelier est en Région Centre à Artenay : Bruno Dreux. Je suis donc parti chez ce luthier d’exception, de caractère et surtout, extrêmement passionné par son métier, adepte de l’authentique et perfectionniste à souhait. J’ai proposé que l’on se retrouve là où l’arbre a vécu pendant 200 ans. Philippe Aïche a apporté son instrument et a joué devant « ses frères d’arbres » majestueux.” C’est le départ du film sur cette belle musique de Jean-Sébastien Bach qui nous entraîne pour 52 minutes de voyage entre épicéas et érables ; des bois d’exceptions qui ont permis à Bernard Michaud dans sa forêt jurassienne, à Bruno Dreux dans son atelier de Lutherie en Beauce, d’offrir à ce talentueux violoniste Philippe Aïche, un violon réplique d’un Guarnerius.

Un triangle magique pour des instruments moderne qui enchantent
Unissant leur savoir-faire, ce triangle magique arrive à donner aux violons neufs d’aujourd’hui une égale acoustique avec leurs « maîtres » italiens et parfois même un léger avantage si l’on en croit une étude de Claudia Fritz, chercheuse acousticienne menée à l’aveugle avec des virtuoses (Concours international d’Indianapolis) où 21 violonistes ont évalué six violons d’exception : trois modernes et trois anciens (2 stradivarius et 1 Guarnerius). Expérience renouvelée avec dix virtuoses de renom et six d’entre eux ont élu un violon moderne. Donc pas de supériorité manifeste des anciens et les modernes se portent bien. En résumé, un film de Laurent Sorcelle, dans la collection aux arbres citoyens de France 3 Centre Val de Loire , à regarder encore et encore tant l’histoire est belle et en plus d’être musicale, elle permet de se prononcer pour la sauvegarde de nos forêts, de ces « arbres qui chantent », pour l’environnement, pour ces métiers exceptionnels et extraordinaires ; ces sélectionneurs de bois de lutherie qui les transforment en instruments de bonheur acoustique.

Jacques Feuillet

Documentaire à voir sur France TV Preview ou sur demande.