Les bonnes salades de rentrée


Le succès « Barbie » au cinéma nous avait bien aidé à la fin de l’été, pour retrouver l’insouciance de notre enfance, et poser dans notre billet d’août, des mots positifs sur ce papier, face aux nuages noirs qui ne cessent de s’amonceler. Mais cette poupée, bien que divertissante, ne peut à elle seule sauver la rentrée. Mais, plutôt que de sempiternellement considérer le verre à moitié vide, pourquoi ne pas créer sa propre loi de l’attractivité, à l’instar de l’aphorisme de Voltaire : « Je me suis mis à être un peu gai, parce qu’on m’a dit que cela est bon pour la santé ». Cela évite de penser que, d’après moult sondages de rentrée Elabe et consorts associés, les Français sont pessimistes, dans une dépression collective face à des inquiétudes sociétales tenaces (risques climatiques et sécuritaires, inflation, féminicides, etc.). Les citoyens sont surtout à force d’une herméticité à toute épreuve. Ce mois de septembre a été promis « vert » par le Gouvernement, c’est-à-dire teinté d’une certitude : les choses vont enfin s’arranger, notamment les tarifs à la caisse. Cela avait été promis pour juin un peu aussi… Et certains industriels, accusés de ne pas jouer suffisamment le jeu par le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, voire de proposer des pratiques resquilleuses, renvoient l’ascenseur trompeur en criant à la lune que ce serment verdoyant était tout droit sorti d’un chapeau étatique chimérique face un indice des prix à la consommation qui a grimpé de 4,8% en août sur un an en France. On nous prenait pour des vaches à lait, on nous prend en sus pour des perdrix de l’année. Dans ce bras de fer incriminant, c’est toujours la faute à Toto (et un brin, des décisions politisées d’antan, depuis Mitterrand, en passant par Jospin, Sarkozy et bien d’autres, qui ont fait que, parfois, nous en sommes là en 2023) dans cette panière de crabes, qui plombe le panier de courses. Dans ces vents contraires, les partis politiques eux-mêmes s’emmêlent les casseroles. Unis, pas unis, avec qui, comment, vraiment… Les élections sénatoriales, singulières puisque ce sont de grands électeurs (des élus qui votent pour leurs pairs), auront lieu le 24 septembre, et tout le monde s’en moque, la classe politique y compris, car il y a d’autres chats d’importance à fouetter. Un scrutin européen surviendra l’an prochain, et c’est idem. À Blois, dans le cadre du Campus d’été PS qui pose ses quartiers chaque fin d’août, depuis 2020, dans le Loir-et-Cher, le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, l’a lui-même reconnu lors d’une conférence de presse donnée en compagnie de la maire de Nantes, Johanna Rolland, et de la présidente des jeunes PS, Emma Rafowicz. La question des potentiels meneurs aux européennes est avant tout une interrogation de journalistes et de politiques, ces deux parties ayant la passion quotidienne de suivre ces histoires qui ne travaillent pas du tout les Français(e)s. Ces derniers, qui ont perdu pour beaucoup le goût de se déplacer dans les urnes, ont au quotidien également d’autres licornes à chasser. Bien loin de se triturer le cerveau pour savoir si le pays a besoin de gauche, et qui dans la Nupes (Nouvelle union populaire, écologique et sociale) se situe dans l’équipe (Ségolène) Royal-Mélenchon ou dans la team Faure. Ou encore si le droitier Darmanin, “d’une même férocité que Sarkozy”, dixit Faure, va bouffer les membres du parti macroniste Renaissance (anciennement En Marche) prêts à se dévorer mutuellement. Ou bien si une sorte de Nupes de droite ne pourrait pas naître, à écouter sur LCI le 30 août David Lisnard, maire LR de Cannes, trouvant les propos de Nicolas Sarkozy “assez justes mais ce doit être une résultante sur des principes et un projet”, lorsque l’ancien Président de la République, dans Le Parisien, a affirmé qu’il faut trouver “un leader qui soit capable de rassembler les amis de Ciotti, Macron, Zemmour.” Sauf que si quelqu’un n’aime pas le kiwi, il y a peu de chances qu’en le mixant avec de l’orange et de la pomme, son palais change d’avis sur ce fruit. La salade, même composée, ne séduit pas, plus. Et c’est à qui se taillera la part du lion. Alors que le principal pour le quidam est de pouvoir remplir une part … de son frigidaire. Par conséquent, pour cette rentrée compliquée, à nouveau, optons pour une recette toute simple :  » de temps en temps, il est bon d’arrêter notre quête du bonheur et d’être tout simplement heureux  » (Guillaume Apollinaire).

Émilie Rencien