Les centres hospitaliers veulent servir les territoires


FÉDÉRER C’est toute la difficulté de maintenir des services publics hospitaliers décents qui a été exposée lors de la réunion, en début de semaine dernière, d’une trentaine de représentants élus ou membres de comité de soutien d’établissements hospitaliers actuellement en opposition avec les décisions des différentes Agences régionales de Santé (ARS). Des actions ont été proposées, partout, pour un mouvement unifié de tous les territoires.
Fabrice Simoes

Annick Gombert (au centre) et Nicolas Sansu côte à côte pour la défense des hôpitaux de territoires .

Si les sites de Châteaudun, Tours, Nantes, Châtellerault-Loudun, Saint-Claude, Vire, Pithiviers, Montluçon, Thouars, Decize, Feurs étaient présents, d’autres comme Creil, Concarneau, Decazeville, Privas, Saint-Agrève, Aubenas, Sarlat, Saint-Affrique, Ruffec, Avranches et Granville, Remiremont, Apt, Auch et Gers, Alès, Laval et Mayenne, Moûtiers, Douarnenez, Die, Brioude, Montceau-les-Mines, Gisors, Bernay, n’avaient pu se rendre en Berry mais avaient indiqué leur soutien à ce premier rendez-vous vierzonnais. Au total avec une quarantaine d’établissements concernés, l’initiative du maire de Vierzon, Nicolas Sansu, était plutôt concluante.
D’autant que, après avoir convenu globalement « de l’ineptie de l’organisation de la santé publique visant à une métropolisation de mauvais aloi », plusieurs actions ont été retenues et viennent s’ajouter au lancement d’un appel/pétition sur internet via le site change.org. Dès le mois prochain, alors que se déroulera le congrès des maires de France, le 21 novembre, les maires présents seront sensibilisés aux problèmes par une adresse spécifique. Dans la foulée, une demande d’audience auprès de la ministre de la santé avant le vote du projet de loi santé sera effectuée.
Sur les différents terrains, il est prévu une mobilisation de tous les territoires, en simultanée, et sous toutes formes décidées localement pour le 1er décembre. Le projet, très avancé dans le haut Jura, d’organisation de référendum d’initiative locale – 90 communes ont déjà entamé une réflexion sur le sujet depuis plusieurs semaines – a aussi été proposé, avec un libellé correspondant à chaque spécificité territoriale, pour les 26 et 27 janvier 2019. Les élus savent pertinemment que les votes seront « retoqués par la préfecture mais ce peut-être un signal fort de l’implication des populations concernées » et que ce type d’organisation est à double tranchant ; une faible participation serait catastrophique… Autant d’actions qui n’ont qu’un but selon leurs concepteurs : fédérer les divers territoires avec chacun ses particularités, ses demandes, ses propositions, etc. « Des mobilisations voulues en faveur de l’hôpital public sur tout le territoire de la République se fédèrent pour faire respecter l’égalité » assurent-ils.

Fermer une maternité c’est une violence faite aux femmes
Les élus, les représentants des comités de soutien, discutent mais sur le terrain on ne reste pas les bras croisés. Par exemple, au Blanc, des habitants de la commune occupent les locaux de la maternité fermée temporairement cette été pour « manque de personnels » et qui ne doit pas rouvrir après le vote du conseil de surveillance de l’hôpital Châteauroux-Le Blanc la semaine dernière. Lors de la réunion vierzonnaise, Annick Gombert, la maire du Blanc, a montré que malgré le vote castelroussin elle restait pugnace. Au delà de sa participation aux débats, l’élue Blancoise a aussi rappelé que les propos de la Ministre de la santé, Agnès Buzyn, qui n’a pas hésité à qualifier la maternité blancoise de « dangereuse » et d’évoquer « de très mauvaises pratiques … » dans l’établissement, allait avoir une suite judiciaire. « Fermer une maternité c’est une violence faite aux femmes » a conclu Annick Gombert.
À Vierzon, le campement gaulois, installé au centième jour de grève des personnels de l’établissement, est en permanence occupé par plusieurs irréductibles qui se relayent régulièrement. Il avait perdu quelques éléments durant la réunion en mairie de Vierzon mais aussi lors de la rencontre qui a eu lieu mercredi avec l’ARS, à Orléans. Les représentants de l’intersyndicale, juste après que le maire ait rencontré la Directrice de l’Agence Régionale de santé en compagnie d’une délégation de 14 élus locaux du Cher et du Loir-et-Cher, ont pu rencontrer la directrice de l’ARS. Au sortir de la réunion, chacun est retourné camper sur ses positions. L’ARS martèle que pour le maintien de la maternité il faut que l’hôpital ait un projet médical, qui doit absolument intégrer des coupes drastiques, et l’Intersyndicale sait, et explique, que la rénovation du bloc opératoire est l’un des corollaires de ce maintien. Sauf que l’ARS ne veut pas financer le bloc… Surtout, l’hôpital de Vierzon a déjà un un projet médical. Le problème c’est qu’il n’est pas au goût de l’ARS puisqu’il ne conduit pas à une réduction budgétaire.
S’il ressort de la réunion avec les instances régionales que la maternité n’est pas fermée, rien n’indique qu’elle ne fermera pas, et c’est bien là le souci ! D’autant que comme on veut tuer son chien on l’accuse de la rage, il est évident que l’audit en cours à Vierzon devrait faire apparaître des « dysfonctionnements » de la même manière que l’audit réalisé au Blanc a transformé la fermeture temporaire de la maternité du Blanc, pour manque de personnel, en fermeture définitive en raison de « pratiques dangereuses » !
On est alors face à un choix de société tourné vers l’humain, ou pas, vers le financier, ou pas. Dans la salle des actes de la mairie de Vierzon, l’un des intervenants a résumé en une seule phrase son avis sur ces prises de positions de l’ARS. Pour lui elles n’étaient que « pour faire le lit du privé !.. » tandis qu’un autre rajoutait « et d’augmenter le renoncement aux soins. »


DÉTERMINATION ▶ Deux agents hospitaliers en grève de la faim
Les réponses apportées, lors de la réunion de la semaine dernière, par la directrice de l’ARS (Agence Régionale de Santé), Anne Bouygard, aux représentants de l’intersyndicale de l’hôpital de Vierzon, n’ont aucunement rassuré ces derniers. D’autant que, par courrier, vendredi, la directrice régionale a confirmé son manque d’engagement sur les sujets qui fâchent. Dans le camp gaulois installé, au 100e jour de grève des personnels, depuis une quarantaine de jours dans la cour de l’hôpital, deux agents hospitaliers du site ont entamé une grève de la faim depuis dimanche soir. Ils sont soutenus par l’intersyndicale et seront placés sous surveillance médicale.