«Maire, un jour. Maire, toujours»


Les derniers remparts de la démocratie veulent être reconnus et non méprisés… Dans moins de 6 mois, le paysage municipal aura changé de visages, dans beaucoup de communes, et plus de 50% de nouveaux maires vont porter, pour la première fois, une écharpe tricolore.

Ces fonctions, parfois lourdes et prenantes, sont, selon certains, les plus belles qu’une femme ou qu’un homme puisse exercer dans sa vie. Certes, mais, à la condition qu’on lui en donne les possibilités ou du moins qu’on ne les freine pas.
Le 60e congrès des maires de Loir-et-Cher, doublé cet automne du Carrefour des Territoires et des ses innovations, a vu se croiser, dans une Halle aux grains de Blois bien garnie, celles et ceux qui venaient faire leurs adieux à leurs collègues et celles et ceux qui, déjà adjoints ou conseillers, vont se lancer, ou y sont déjà, dans la bataille des campagnes pour se faire élire. Les messages lancés tant par la présidente de l’association des maires de Loir-et-Cher, Catherine Lhéritier, que par les grands invités de ce congrès, Marc Fesneau, ministre des relations avec le Parlement et ancien maire de Marchenoir ou Agnès Le Brun, vice-présidente de l’Association des Maires de France, maire de Morlaix (Finistère), précédés par Nicolas Perruchot, président du Conseil départemental sont clairs. Les maires demeurent, dans les périodes agitées que le monde, et surtout la France, traversent, les seuls et derniers garants de la démocratie car élus de terrain et ancrés dans leurs territoires, ils savent et ressentent, mieux que quiconque, les attentes de leurs concitoyens qu’ils essayent, tant bien que mal, de faire remonter vers le Sommet. Où ils sont, peu, ou pas du tout écoutés…
Le département de Loir-et-Cher, l’un des 26 départements les plus ruraux de France, a la chance de pouvoir, encore, prendre en compte les revendications des citoyens «même avec des moyens de plus en plus réduits» comme le soulignera le président Nicolas Perruchot qui reconnaît qu’il y a encore beaucoup à faire, ne serait-ce que pour l’entretien des routes et que «l’on a beaucoup de mal à parler d’une seule voix face à l’État»…

Respecter l’identité des communes

Agnès Le Brun, en pèlerin qui assiste à la majorité des congrès du même type que celui de Loir-et-Cher, souhaite, pour ses collègues, le maximum de simplifications en toutes genres «car l’attelage entre administrations locales et pouvoir central à Paris évolue dans une voie étroite, alors que les concitoyens devenus de plus en plus des consommateurs se montrent de plus en plus exigeants». Reconnaissant qu’il ne faut pas toujours être opposés à ce que propose l’État quand il ne l’impose pas, directement, Agnès Le Brun demande que la liberté des maires soit respectée et qu’ils soient considérés comme des interlocuteurs adultes et responsables. Ce serait un signe de bonne santé démocratique, en prenant bien en compte le fonctionnement des services de proximité qu’offrent les communes. Elle souhaite l’application de la formule des 3D, à savoir Décentralisation, Déconcentration et Différenciation, avec une écoute particulière de la part de l’État et le respect des amendements proposés dans le cadre de la loi de réformes «Le Cornu».
Pour Marc Fesneau, qui jouait sur son terrain, avec aisance et sportivité, les collectivités, après plusieurs décennies de main mise de l’État, ont retrouvé, heureusement, une certaine liberté d’actions. Aux élus de se prendre en main et de tout faire pour défendre leurs territoires comme s’ils géraient une entreprise, qu’elle soit PME ou multinationale. Tout cela doit être accompli avec vigilance, sérieux et sans peur de la complexité car il y a des défis à relever. Même s’il y a une démocratie participative à prendre en compte, l’élu principal et ses collègues, au sein d’un conseil, ont été mis en place pour décider, en sortant d’un bras de fer perpétuel, et en s’interrogeant sur le rôle que chacun doit tenir dans la société, sur un principe de légalité à toujours respecter.
«On en peut pas se plaindre du laxisme des fonctionnaires et regretter la disparition de certains services publics vers des installations centralement géographiques plus pratiques. Les collectivités ont besoin d’accompagnements et non de désengagements. Les Communautés de communes ont leur rôle à jouer aussi dans le bon fonctionnement des structures municipales et il convient de bien réfléchir à la gouvernance sans être obligés de passer par la loi. Ainsi, il faudra regarder avec intelligence l’installation de communes nouvelles à partir des prochains résultats. Ce sera un nouvel apprentissage de la démocratie. La formation et l’information permettront de relever, aussi, les nouveaux défis qui attendent les élus. Les citoyens ont soif de responsabilités et de libertés, mais il faut bien savoir qui est responsable de la gestion des communes. Le maire ! Avec enthousiasme, fermeté et optimisme, il saura, alors, répondre aux attentes de ses concitoyens».

Derniers remparts

Revenant sur les communes nouvelles, le ministre a bien précisé qu’une commune de moins de 250 habitants, sans trop de besoins, pouvait continuer à vivre seule et qu’il fallait surtout se méfier des appellations nouvelles qui peuvent enlever toute identité propre à une collectivité et la faire disparaître dans l’esprit des citoyens. Pensait-il à Beauce-la-Romaine qui s’applique bien plus à une contrée, un territoire, qu’à une cité?
L’après-midi a été consacrée à divers ateliers et tables rondes sur plusieurs sujets en relation avec le CAUE 41 et l’Observatoire de l’Économie et des Territoires 41 et portant sur des sujets aussi divers et instructifs que les nouvelles technologies ou l’adressage.
L’an prochain, le 61ème congrès verra de nouvelles têtes émerger et sera alors définie une stratégie pour les mandats qui commenceront, mais l’esprit sera le même, le respect de la Démocratie dont les maires restent les derniers remparts, quels que soient les Républiques et les gouvernements qui passent.

Jules Zérizer