La maltraitance animale dans les cirques, mythe ou réalité ?


Tom Dieck avec ses tigresses à des années lumlière de la maltraitance.

Joël Rehde, responsable relations publiques et presse locale au cirque d’hiver Bouglione, en tournée dans le Berry, s’est exprimé sur la polémique autour de la maltraitance animale qui agite régulièrement le monde du cirque.

Joël Rehde responsable des relations publiques au cirque d’Hiver Bouglionne en tournée.

Le Petit Berrichon : Vous exercez un métier passionnant ?
Joël Rehde : « Nous avons énormément de travail mais nous sommes fiers de travailler chez Bouglione parce que c’est une belle maison qui a un grand respect envers le public accueilli mais aussi envers ses employés et ses animaux. A ma connaissance, les Bouglione sont l’une des deux dernières dynasties au niveau mondial, une autre existe en Suisse : les Knie. Toutes les autres grandes familles ont éclaté ».

L.P.B. : Venons-en si vous le voulez bien à cette polémique sur la maltraitance des animaux au sein des cirques ?
J.R. : « Bien volontiers et vous avez raison de nous donner la parole à ce sujet. La démocratie permet à chacun de donner son avis sur tel ou tel sujet mais là, la plupart du temps, il s’agit de mensonge, de tromperie. Lorsqu’on me pose cette question : La maltraitance animale ? J’élimine ce mot tout de suite car il n’existe pas dans le milieu que je connais. Dans tous les pays du monde, il y a des méchants, des tocards, des abrutis avec leurs animaux ; je ne parle pas de cette minorité. Par contre, je peux vous affirmer que depuis plus de 50 ans (mon expérience), avec tous les éducateurs d’animaux dans les cirques et zoos que j’ai connus et fréquentés, il n’y a jamais eu de maltraitance animale. Lorsque j’entends des énormités du genre « ils torturent les animaux au fer rouge… » ; c’est de la débilité totale. De plus en plus souvent, des animalistes viennent me parler ou m’écrivent eux qui n’ont d’ailleurs jamais mis les pieds dans un cirque et ils me disent : « on sait que vous les frappez et même si vous ne le faites pas, ils sont enfermés et ça aussi c’est de la maltraitance ». Ce à quoi je réponds par trois questions et après, ils apparaissent coincés et ne savent plus quoi dire : Dans l’hypothèse où comme vous (les animalistes) le souhaitez, il faudrait retirer tous les animaux des cirques (environ 1500 en France tous confondus ; éléphants, fauves, chevaux, dromadaires, lamas etc…). Où allez les mettre ? Leur réponse est souvent : dans les sanctuaires. Mais où sont les sanctuaires en France et en Europe ? Ceux qui existent sont saturés et souvent plus dédiés aux animaux de nos forêts ou aux animaux domestiques mais jamais pour des lions, éléphants … Certains cirques de qualité en ont déjà, de même que les vrais éducateurs ont tous de grandes propriétés avec des hectares de terrain pour leurs animaux retraités ou en vacances. Ensuite si on arrive à créer des sanctuaires pouvant accueillir plus d’un millier d’animaux, qui va s’en occuper ? Certes pas le citoyen lambda, car il faut savoir le faire, il faut des soigneurs spécialisés et formés pour chaque race d’animaux et pour cela il faut 5 à 10 ans de formation au minimum, on n’est donc pas prêt d’y arriver. Enfin, dans l’hypothèse où l’on aura répondu aux deux premières questions, le point crucial, qui va payer ? Ça va coûter des millions d’euros. Ce ne sont certainement pas les associations actuelles animalistes parce qu’aujourd’hui, combien donnent-elles pour les animaux ? Même ceux qui sont dans la nature ? Quasiment rien en rapport des énormes sommes d’argent qu’elles reçoivent en dons. Le problème est donc très complexe et ce n’est pas en retirant les animaux des cirques qu’il sera résolu ».

L.P.B. : Quel est donc l’intérêt de ceux qui s’élèvent contre la maltraitance des animaux ?
J.R. : « Vous savez, actuellement en France, ils ne sont qu’une centaine de milliers d’adhérents toutes dénominations confondues. Certains sont des fous furieux dans leurs idées fixes et peuvent devenir dangereux. Plusieurs responsables ont déjà été condamnés. En m’infiltrant dans deux de ces groupes en Alsace et dans l’Ouest, ils m’ont dit qu’ils savaient que les animaux n’étaient pas maltraités chez Bouglione, Gruss ou d’autres. Ces groupes veulent aller manifester devant les cirques et ainsi pousser les médias à se déplacer et parler d’eux. Pourquoi ? Pour avoir de nouveaux adhérents et des dons. Les animaux ne sont utilisés que comme hameçon pour faire parler de leur groupe. Malheureusement, certains les suivent parce que personne n’est au courant de ce qui se passe réellement dans les cirques de qualité et ils gobent leurs mensonges et leur désinformation. Un jour, dans un de ces groupes en Alsace, j’ai demandé au responsable pourquoi il faisait porter des panneaux avec des photos d’ours ou de singes derrière des barreaux. En France, depuis bientôt 50 ans il n’y a plus de numéros d’ours ou singes dans les grands cirques. Sa réponse a été très claire : « ça apitoie les gens, on ne change rien ! » Autre exemple que celui d’un responsable d’une association animaliste nationale venu manifester devant un grand cirque. Invité par nos soins à venir visiter la ménagerie, il a accepté, ce qui est rare car ils ne veulent jamais venir. Il a tout observé et a fini par dire qu’il n’y avait pas de maltraitance et que les animaux étaient en excellente santé, qu’il n’avait rien vu de choquant. Lorsque nous lui avons demandé s’il allait le dire, il nous a répondu « non je ne le dirai pas car cela casserait nos arguments… ». Voilà la grave réalité de telles associations. Autre réalité, il suffit d’aller sur internet pour découvrir les exercices comptables annuels de plusieurs de ces associations. Vous vous apercevrez que ce qu’elles donnent pour les animaux ne représente qu’une infime partie des dons qu’elles reçoivent. Seulement 3 à 5% de leur récolte de dons sur un chiffre de 2 millions d’euros reçus en 2016 pour l’une d’entre elles ! Leurs frais de marketing peuvent monter jusqu’à 30% et le salaire
d’un responsable, atteindre 5000 euros net mensuels. C’est aussi cela la réalité de ces associations animalistes : l’appât du gain ».
Propos recueillis par Jacques Feuillet