Le salon des vins d’Angers séduit encore les vignerons du Cher et de l’Indre


Dans la famille Picard voici Nathalie, la sœur, venue rejoindre Mickael pour prendre en charge la partie administrative du domaine de Bué.

Pas de nouvelle hémorragie au salon des vins de Loire mais le rapprochement entre VinoVision et Vinisud va encore pénaliser le salon d’Angers. La menace parisienne accentue…
Les rangs des Sancerrois se sont étoffés cette année à Angers où l’on retrouve par exemple les domaines Emile Balland : côteaux du giennois et sancerre à Bonny et Roger Champault, vigneron de Champtin à Crézancy. Des Sancerrois fidèles au salon traditionnel. Trois domaines : Fouassier, Laporte (qui a reçu un liger d’argent pour son blanc 2016) et Vincent Gaudry ont sauté le pas et exposent avec leur confrères bio de la Levée de la Loire. Mickaël Picard n’appartient pas à cette famille bio mais assure « de gros efforts ont été faits pour le travail du sol, l’enherbage. On traite désormais à haute précision. Il faut du rendement pour continuer à investir dans nos caves sans hausse des prix. On est à 55 hl l’hectare, si on descend trop on va faire des vins lourds. Le millésime 2017 est ultra typique avec un super degré et un bel équilibre. Il a fallu jouer une fois de plus avec les conditions climatiques, attendre jusqu’à ce que la pression de la pourriture se fasse trop forte. L’an dernier nous avions très bien travaillé à Angers, alors on revient. Nous ne venons pas tant pour le sancerre, même s’il est toujours intéressant d’entretenir la clientèle, mais pour le menetou. Le 2017 est assez ouvert, avec une belle longueur. Il faut continuer d’assurer sa promotion même si on ne peut pas vraiment parler de vin d’entrée de gamme. »
Le menetou justement a redonné le sourire à Bertrand Minchin dont le vignoble avait été durement frappé par le gel en 2016, l’obligeant à se recentrer sur Le Claux Delorme, son deuxième vignoble, en appellation valençay cette fois. Les ligers tapissent son stand, comme aux plus belles années et il participe aussi à Vinovision, avec son complice Jean Tatin, le sage de Brinay.
« Pourquoi aller à Paris, répond ce dernier, fidèle au salon d’Angers, parce qu’il faut aussi un grand salon pour l’export. Vinovision est un concurrent de Dusseldorf, pas d’Angers. Et avec le rapprochement Vinovison Vinisud (une fois sur deux le salon des vins du sud désertera Montpellier pour rejoindre les vins du nord à Paris) la place de Paris pourra de nouveau jouer son rôle international. »
Cela n’empêchera pas le maitre des Ballandors de venir faire goûter ses quincy et reuilly à Angers. « Avec soixante contacts, moitié clients moitié prospects, ça justifie le déplacement.»
Croiser Jean Tatin c’est aussi faire moisson de prospective. « On est à la veille de la création d’un sous bassin Centre-Loire avec la création d’une IGP. Les Sancerrois ont pris les choses en main. Reste à définir quel cépage sélectionner pour réoccuper les entrées de gamme. Il reste 1500 ha à planter sur l’ensemble de nos appellations. On a encore une fois de la marge. »
Quant à savoir s’il envisage le passage au bio, Jean Tatin s’en tire par une boutade « La conversion, pour un républicain laïc comme moi, c’est suspect. »
Pierre Belsoeur


Les médaillés du Cher

Bertrand Minchin a retrouvé le sourire… et du menetou à vendre

Sancerre
Or : Cédrick Bardin (Pouilly) ; Domaine La Perrière (Verdigny) ; Domaine La Gemière (Crézancy) ; Rolland Tissier et fils (Sancerre) blanc 2017. Régis Jouan (Sury en Vaux) rosé 2017. Roger et Didier Raimbault (Verdigny) ; Cuvée vieilles vignes Didier Raimbault ; Olivier Foucher (Sainte-Gemme-en-Sancerrois) rouge 2016.
Argent : Cuvée Ammonites Roblin Matthias et Emile (Sury en Vaux) blanc 2015 ; Domaine Laporte (Saint Satur) blanc 2016. Domaine La Perrière ; Domaine La Gemière ; Domaine Daniel Reverdy et fils (Verdigny) blanc 2017. Cuvée origine, Roblin Matthias et Emile ; Domaine Daniel Reverdy et fils, rosé 2017. Ptit’luce Domaine Daniel Reverdy et fils rouge 2015. Domaine de la Gemière rouge, Domaine Daniel Reverdy et fils rouge 2016.

Menetou Salon
Or : Joseph Mellot (Sancerre) blanc 2017; Cuvée Celestin La Tour Saint Martin (Crosses) rouge 2015.
Argent : Domaine Chavet (Menetou) ; Roger Champault (Crézancy-en-Sancerre) blanc 2017; Chavet SAS rosé 2017.
Bronze : La Tour Saint-Martin Cuvée Honorine blanc 2015 ; cuvée Pommerais rouge 2015.
Quincy
Or : Domaine du Coudray (Civray) ; Domaine Lecomte (Avord) ; Les Demoiselles Tatin (Brinay) blanc 2017.
Argent : Cuvée Sucellus, Les Demoiselles Tatin (Brinay) blanc 2015. Adèle Rouzé (Quincy) ; Domaine des Ballandors, Jean Tatin (Brinay) ; Domaine Vincent Siret-Courtaud (Lunery) ; Domaine du Grand Rosières (Lunery) blanc 2017.
Bronze : Domaine de Chevilly (Méreau) ; Domaine Bigonneau (Brinay) ; Domaine Philippe Portier (Brinay) ; Earl La Commanderie (Cerbois) blanc 2017.

Châteaumeillant
Or : Jacques Rouzé (Quincy) rouge 2016.

Valençay
Argent : Le Claux Delorme, Bertrand Minchin (Crosses).


Les vignerons de l’Indre en petit comité à Angers

Denis Jamain a planté son enseigne de Domaine de Reuilly dans les deux salons.

Un vignoble de Châteaumeillant durement touché par le gel, Valençay représenté par quatre domaines, heureusement que Reuilly répond présent.
Le salon des vins de Loire pourra décerner sa médaille d’or de la fidélité à Jean-François et Françis Jourdain. Les deux vignerons de Lye portent l’appellation à bout de bras et sont présents la veille de l’ouverture pour participer au jury du concours de ligers, et tout cela dans la bonne humeur. Les deux autres domaines représentés au salon ont leur activité principale hors du vignoble. Il s’agit du domaine Claude Lafond de Reuilly et du Claux Delorme, de Bertrand Minchin, vigneron du Cher qui a ajouté le Valençay à son Menetou et qui réussit à le faire figurer sur les cartes des grands restaurants. « Il est désormais à la carte du Ritz. C’est une appellation recherchée par les cavistes et restaurateurs pour son excellent rapport qualité prix et avec le travail fait dans les chais depuis des années, le Valençay monte en gamme. Le travail est en train de payer. » Cette année, c’est au tour de Françis Jourdain de glaner les ligers d’or. Jean-François Roy s’en amuse. « C’était mon tour l’an dernier». Pas de quoi brouiller les deux compères.
Du côté du Reuilly, avec le renfort des vignerons de Quincy qui ont, pour la plupart planté à Reuilly pour compléter leur gamme, les rangs sont plus fournis. La patronne du syndicat viticole, Virginie Bigonneau, n’a laissé à personne le soin d’aller cueillir le seul Liger d’or décerné au blanc 2017. Les onze échantillons présentés au concours étaient d’un bon niveau mais le vin de Virginie se détachait nettement, au point que le jury n’a décerné que des Ligers de bronze aux deux cuvées de Denis Jamain, un habitué des podium lui aussi, qui a un pied dans chaque salon puisqu’il expose à la levée de la Loire en tant que seul vigneron officiellement certifié bio, parmi les Berrichons présents à Angers. Il préfère toutefois le confort douillet du salon traditionnel pour accueillir ses nombreux clients étrangers.

Une cohabitation paisible
L’heure n’est d’ailleurs plus à la confrontation entre les « traditionalistes » et les bios. Quand on navigue d’un salon à l’autre on sent bien un peu de triomphalisme du côté de la levée de La Loire « heureusement qu’on est là pour faire le nombre » alors que de l’autre côté on ronchonne « si le salon des vins du Val de Loire n’avait pas existé il n’y aurait jamais eu de levée de la Loire. » Néanmoins, les organisateurs du parc expo d’Angers ont revu leurs tarifs et l’aménagement des stands du salon « traditionnel », afin de mettre fin à l’érosion des exposants. Il n’en est pas moins vrai que le salon d’Angers a toujours sa place pour permettre la rencontre entre hôteliers, restaurateurs, cavistes, acheteurs et vignerons, mais, cette année, la presse nationale et internationale avait déserté le salon, preuve qu’Angers n’est plus «the place to be», l’endroit stratégique pour recueillir les informations sur les vignobles de Loire. Reste que cette année encore, avec les vendanges précoces que nous avons connues en 2017, c’était bien l’endroit pour découvrir un nouveau millésime déjà agréable à boire et que les acheteurs ont intérêt à réserver très vite car, après une récolte 2016 faible en quantité dans certains vignobles (Menetou, Vouvray, Chinon pour n’en citer que quelques-uns) 2017 n’a pas été plus clément avec Châteaumaillant ou Cheverny, frappé pour la seconde fois, au point qu’en ajoutant les récoltes des deux années on arrive parfois à l’équivalent d’une demie récolte d’une année normale. Si seulement 2018 pouvait être une année normale.
Pierre Belsoeur


Salon des vins d’Angers
Les ligers de l’Indre et de ses voisins

Reuilly
Or : Domaine Bigonneau (Brinay) blanc 2017.
Domaine la Pagerie (Reuilly) pinot gris 2017.
Argent : J.M. Sorbe (Brinay) reuilly gris 2017. Jacques Rouzé (Quincy) Domaine Bigonneau (Brinay) rouge 2016.
Bronze : Domaine de Reuilly (Reuilly) Cuvée Les pierres plates; Cuvée Les Coignons Blanc 2017.

Valençay
Or : Françis Jourdain (Lye) rouge 2017 et blanc 2017.
Argent : Le Claux Delorme, Bertrand Minchin
(Selles-sur-Cher) blanc 2017.
La cave de Valençay (Fontguenand) Côt 2016.
Bronze : Earl Jean-François Roy (Lye);
Vignoble Gibault (Meusnes) blanc 2017.
Cuvée Les Terrajots, Françis Jourdain (Lye) rouge 2016.

Châteaumeillant
Or : Jacques Rouzé (Quincy) rouge 2016.

Quincy
Or : Domaine du Coudray (Civray); Domaine Lecomte (Avord); Les Demoiselles Tatin (Brinay) blanc 2017.
Argent : Cuvée Sucellus, Les Demoiselles Tatin (Brinay) blanc 2015. Adèle Rouzé (Quincy); Domaine des Ballandors, Jean Tatin (Brinay); Domaine Vincent Siret-Courtaud (Lunery) ; Domaine du Grand Rosières (Lunery) blanc 2017.
Bronze : Domaine de Chevilly (Méreau); Domaine Bigonneau (Brinay); Domaine Philippe Portier (Brinay); Earl La Commanderie (Cerbois ) blanc 2017.