Méthanisation en Sologne : le projet sortira-t-il de terre ?


La communauté de communes du Romorantinais et du Monestois (CCRM) et la Chambre d’Agriculture s’étaient concertés en 2017 pour étudier la faisabilité d’une action à mener en faveur du monde de l’agriculture. Plusieurs pistes avaient été suivies dont une qui débouche aujourd’hui sur une étude de faisabilité concernant un projet de méthanisation.
Trente céréaliers et éleveurs, de Maray à Chémery en passant par Romorantin-Lanthenay sont mobilisés. Le bureau de l’association Bio Méthagri Romonestois (BMR), composé de 12 personnes, se réunit tous les quinze jours et travaille avec la CCRM et la Chambre d’Agriculture pour que le projet puisse se concrétiser plus ou moins vers 2023. Rencontré sur le lieu de son exploitation, Fabrice Marier, président de la BMR, a précisé les tenants et aboutissants de l’opération. “Les différentes concertations qui ont eu lieu en 2017 ont débouché au printemps 2018 sur ce projet de méthanisation qui permettrait de sauvegarder les agriculteurs en place sur le territoire de la Sologne avec un plan de diversification viable. En effet, les cours commerciaux de nos productions sont tellement fluctuants que la bonne santé d’une exploitation passe par une pluralité de sources de revenus. Le compte-rendu de la Chambre d’agriculture étant favorable en termes de nombre d’agriculteurs impliqués et de volume de gisements en fumiers et en cultures, nous avons créé notre association. Un bureau d’étude est en cours, il donnera je l’espère, le dernier feu vert en juin prochain.” Fumiers et reliquats de cultures, si le projet sort de terre, alimenteront par injection le réseau de gaz de la ville de Romorantin-Lanthenay et GRT-Gaz qui, par ses tuyaux, participe à la pressurisation du gaz de ville existant. “Pour nous, agriculteurs de Sologne, il nous est apparu comme une évidence que ce que nous allons produire sur place soit consommé sur place. Ce principe de circuit court allié à la spécificité bio de ce gaz veulent être la concrétisation de notre participation à la bonne santé de notre environnement proche et plus largement à la planète. Une partie du gaz qui serait produit irait aux stations GNV en tant que carburant écologique pour les entreprises de transport. Les résidus provenant de la production de méthane sont récupérables. Ils seront utilisés comme fertilisants dans nos champs, ce qui réduirait d’autant notre consommation, déjà raisonnée, d’engrais chimiques.”

Double intérêt
Le projet de méthanisation a déjà nécessité un appel de fond de 18 000 euros réparti entre les agriculteurs et l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADME). Le coût total de l’opération s’élèverait, si feu vert, entre 5 et 7 millions d’euros avec un retour sur financement au bout de douze ans. “Nous espérons que notre projet aboutira mais, dans la négative, il aura déjà permis de collaborer étroitement avec la CCRM. Je remercie Jeanny Lorgeoux, président de la CCRM, pour sa présence lors des premières réunions de travail et son continuel suivi. La CCRM, qui garde la compétence du choix de terrain, s’alliera peut être avec le Pays dans le cadre d’aides diverses. Entre les agriculteurs fédérés par le projet, il est né une bonne entente qui se concrétise déjà par des entraides et des travaux agricoles en commun. » Christophe Thorin, maire de Mennetou, avait réagi à la présentation du projet méthanisation lors de la réunion du lundi 29 avril où élus de la communauté de communes, représentant de Gaz Réseau Distribution France (GRDF), réseau de distribution d’électricité (ENEDIS), service Conseil en Energie Partagé (CEP), Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEM) ainsi que différents acteurs sociaux mêlés de citoyens étaient réunis à la salle des fêtes de Mennetou-sur-Cher. “C’est un beau projet porté par un collectif d’agriculteurs locaux. Il revêt un double intérêt : économique pour les exploitations et environnemental car entrant dans le Plan Climat Air Énergie Territorial de notre communauté de communes”.
Fabien Tellier