Montjoie, Saint-Denis,


Monjoie, Saint-Denis, une gifle et tout revient comme avant. À l’heure où l’on se bauge dans la fange, où l’on ne sépare plus le bon grain de l’ivraie, un peu de retour à un juste ordre des choses était nécessaire. Un retour à l’ordre tout court aussi. Et s’il en fallait une preuve, le gifleur de not’Manu, en ce cri de ralliement ancestral, est là pour nous rappeler que le geste n’est rien sans la parole.
Monjoie, Saint-Denis, depuis la bataille de Crécy, qui est à la guerre de cent ans ce qu’est Alésia pour la guerre des Gaules – une branlée – on ne l’avait plus beaucoup entendu. Peut-être un peu lors de la victoire de Fontenoy – pas le bistrot du coin, mais la cité belge éponyme – cependant rien de moins sûr. Que nenni donc, homme sage et féru d’Histoire, notre baffeur à la gestuelle rapide et au verbe haut a lancé cet appel aux vraies valeurs. Monseigneur Marcel Lefebvre, en son église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, et Philippe De Villiers, en son parc du Fou-du-Puy, ne les auraient pas reniées. Petit oubli toutefois, une peccadille certes, qui montre qu’on a bien perdu quelque chose au fil des siècles, le soufflet c’est avec le gantelet de l’armure que ça se pratique ! C’est juste un petit rappel pour une prochaine fois…
Monjoie, Saint-Denis, un nouveau Jacques Clément a donc accaparé nos écrans de télé en l’espace d’une chiquenaude présidentielle. À la suite de ce régicide moderne, allons plus loin encore. Boutons hors de France, hors de nos villes et campagnes, hors de nos quartiers, de nos rues et de nos maisons, le pêché et le stupre. Un papa, une maman. C’est la volonté divine, celle du Roi, son représentant sur Terre, celle de ces porteurs de sang bleu qui sont nés nos maîtres pour les siècles et les siècles. Gueux que nous sommes, nous ne pouvons pas comprendre. Alléluia, alléluia…On dira ce que l’on voudra, les valeurs de la vieille France, celle de Jeanne d’Arc, de la France, éternelle fille aînée de l’église, sont toujours là. Après un moment de doute, la lumière revient éclairer notre vie de tous les jours. Nous sommes sauvés. Dieu de miséricorde ne nous a pas abandonné. Philippe, mon maréchal, reviens, ils sont devenus fous …
Monjoie, Saint-Denis, baffer, quelle belle manière de désacraliser la fonction de Président de la République. Le petit Nicolas et son « casse-toi pov’con » avaient déjà bien entamé le vernis présidentiel. Pour le coup, c’est lui qui avait fourni le grattoir. Là, le camouflet à Manu en retire une deuxième couche, cette fois par personne interposée. Quelque opinion politique que l’on ait, quoique l’on pense de nos élus, cet horion n’est pas une simple péripétie. Ce n’est pas une bonne chose pour la démocratie en général et la République en particulier. Même si certains pensent que c’est mérité ! Dans cette affaire, Groland n’est malheureusement plus très loin. Groville ou Mufflins deviennent des villes beaucoup moins imaginaires que l’on pourrait le croire. Leurs habitants itou ! La vrai vie est bien moins rigolote. Surtout quand on découvre que l’offenseur avait un exemplaire de Mein Kamf- il n’est pas précisé si c’est la version critique rééditée – dans sa table de chevet. Voilà de vraies valeurs, comme une résonance à la contre-révolution souhaitée par Guillaume de Neung-sur-Beuvron, le nouveau conquérant de la Sologne. De vraies valeurs, on vous le redit, qui font échos à celles des étrons cités plus avant.
Monjoie Saint-Denis, diantre, fichtre, palsambleu, et autres billevesées. Autant d’expressions plus châtiées que « Nike ta mère. ». Vociféré en simultané à la claque à Manu, cela aurait pourtant eu une portée toute aussi outrageuse. Évoquer ainsi une relation incestueuse avec sa maman ressemblait beaucoup plus à ce que l’on peut lire régulièrement sur les réseaux asociaux, à l’encontre de notre président.
Monjoie, Saint-Denis, une tarte Tatin, c’est de la pâte, des pommes et une erreur de cuisson dans la cuisine d’Auguste Pignard, à Lamotte-Beuvron. C’est bon et c’est drôle à la fois. Une tarte à Tain, c’est une visite en province, une gêne installée, et une vision écornée de l’État. Une cuisine nettement moins digeste.

Fabrice Simoes